« They're neither people nor animal, but something in between » KAREN WHITE

Gary Brandner, écrivain, publie The Howling en 1977 et sa suite The Howling II en 1979. Des romans horrifiques sur le thème de la lycanthropie. Les studios International Film Investors et Wescom Productions décident d’adapter le premier roman au cinéma. Le scénariste Terence Winkless et le réalisateur Jack Conrad travaillent sur une version préliminaire. Après des difficultés entre le réalisateur et les studios, leur version tombe à l’eau. 

Les studios engagent le scénariste John Sayles et le réalisateur Joe Dante en remplacement. Les deux avaient déjà collaboré sur Piranha en 1978. Leur collaboration est un témoignage du savoir-faire des deux bonhommes. Ils réalisent un très bon film en un mois de tournage et avec le maigre budget attribué par Roger Corman. Il témoigne aussi de leur amour du genre à travers une tonne de références. 

Selon Steven Spielberg, la meilleure relecture de son classique Jaws.

John Sayles et Joe Dante réécrivent le scénario avec le même ton satirique et conscient de lui-même qu'ils avaient donnés à Piranha en 1978. Le projet final ne présente qu'une vague ressemblance avec le roman de Gary Brandner. 

Karen White est une journaliste qui se retrouve traquée par un tueur en série. En coopération avec la police, elle prend part à un piège pour le capturer en acceptant de le rencontrer dans un sex shop. Alors que le tueur force la journaliste à regarder une vidéo de viol, il est tué par les forces de l'ordre. Karen est traumatisée et souffre d'amnésie. Son thérapeute, le docteur George Waggner, décide de l'envoyer avec son mari à la Colonie, son centre de repos isolé à la campagne. 

Le désir charnel sera principalement ce qui navigue autour de la lycanthropie. Quand le mari de Karen White se fait séduire par Marsha, sa nature bestiale et son désir lui incite à céder tandis que sa part humaine lui intime de résister et de rester fidèle. C'est bien sûr la première qui dominera et c'est à ce moment que arrive la première transformation, le coït furieux se faisant sur fond de pleine Lune et de hurlements de plaisir de ceux désormais révélés à leur nature de bête.

Le désir charnel passe aussi par l’alimentation du mari de Karen White. D’abord végétarien, il passe vite à la viande quand il subit sa première morsure de loup-garou.

Dee Wallace et Christopher Stone incarne le couple de Karen et Bill. En couple tangible, surtout quand on sait que Dee et Bill sont en couples dans la vrai vie. Petit à petit, le couple va se séparer à cause de la nouvelle nature de Bill, plus bestial, plus primal.

Pour compléter le casting, Joe Dante va faire appel à des comédiens qu’ils l’ont déjà épaulé sur son Piranha en 1978 : Belinda Balasky, Kevin McCarthy, l’indéboulonnable Dick Miller et même un cameo du célèbre producteur Roger Corman (celui qui a fait connaître Joe Dante). 

Tous les personnages ont été nommés d'après les noms de réalisateurs de films de loup-garou, à titre d’exemple : Terence Fisher pour The Curse of the Werewolf en 1961 ou George Waggner pour The Wolf Man de 1941, etc… 

C’est Patrick Macnee qui incarne le Dr. Waggner et il n’est pas la seule référence au The Wolf Man de 1941. On peut trouver une photographie de Lon Chaney Jr. dans le bureau de Waggner et deux personnages regardent The Wolf Man pour en savoir plus sur les loup-garou. Dommage pour eux, les loup-garou de The Howling ne sont pas comme tous les autres.

L’état de loup-garou est libérateur, le seul qui soit finalement normal pour les concernés, celui où s'épanouissent le plaisir et le goût de la chair. La civilisation et l'humanité sont une entrave à l'expression d'une animalité qui constitue le seul état qui vaille d'être vécu. Dès lors, la très spectaculaire transformation de Eddie Quist constituant le sommet du film est une manière d'appuyer cette thématique en déployant cette métamorphose (voulue et consciente) dans toute sa splendeur.

En 1981, il y a trois gros films de loup-garou au cinéma. The Howling donc, Wolfen et surtout An American Werewolf in London par John Landis.

En 1982, il y a aussi, pour la première fois, la remise de l’Oscar des meilleurs maquillages remis à Rick Baker pour An American Werewolf in London et cette précision n’est pas anodine.

Attiré très tôt par les monstres de films d'horreur, Rob Bottin se met à dessiner ses propres créatures. Il décide d'envoyer ses créations à son idole, Rick Baker, qui l'embauche sur le champ. Ils œuvrent alors côte à côte sur le tournage de plusieurs films (le King Kong de 1976 notamment).

Plus tard, Rick Baker et son apprenti Rob Bottin sont sollicités pour diriger les effets spéciaux de The Howling. Sûrement parce que Bottin avait déjà travaillé avec Joe Dante sur Piranha en 1978. Rick Baker quitte le projet au profit de An American Werewolf in London, laissant Rob Bottin chargé des transformations du loup-garou de The Howling. À la sortie des deux films, la même année, les effets spéciaux de l'élève et du maître sont tout deux aussi impressionnants, mais c'est Rick Baker qui remporte l'Oscar des meilleurs maquillages. 

L'effet le plus célèbre de Rob Bottin fut la transformation à l'écran du personnage de Eddie Quist, qui impliquait des poches d'air sous des applications faciales en latex pour donner l'illusion d'une transformation. Bluffant pour l’époque. 

Joe Dante, John Sayles et Rob Bottin nous offrent l'une des relectures les plus brillantes du mythe du loup-garou tout en retrouvant sa facette de classique dans sa stupéfiante scène de transformation. Son plus gros défaut est d’être sorti la même année que An American Werewolf in London.

StevenBen
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le 4 oct. 2022

Modifiée

le 4 oct. 2022

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Steven Benard

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