Si vous en aviez déjà marre de voir Quenard partout, c'est pas ce film qui va vous réconcilier avec lui. Après "Quenard aux Césars", "Quenard chez Salamé", "Quenard chez Konbini", "Quenard à la plage", "Quenard écrivain", "Quenard écrit et coréalise un faux docu sur Quenard".
Sauf que le Quenard semi-fictif de ce film n'a que très peu d'intérêt.
Des mockumentaires francophones passés (C'est arrivé près de chez vous, Tout Simplement Noir...), Quenard (j'en ai déjà marre d'écrire son nom, on va l'appeler Raph à partir de maintenant) retient principalement le malaise et l'inconfort du spectateur mais oublie de raconter quelque chose.
Le but de l'entreprise semble être de présenter l'acteur star comme un enfoiré égocentrique, obscène qui n'aime que s'écouter parler, et prêt à toutes les bassesses pour se faire une place dans le milieu du cinéma. Mais ces traits de caractère, en soi, ils sont pas drôles. Il faut de l'écriture pour créer des situations savoureuses.
Là, on passe de Quenard le gros rat qui ne veut rien payer à Quenard qui montre son cul, Quenard qui prend la tête, Quenard qui gratte l'amitié à un de ses copains qui ont réussi (dans le canon du film)... Et la cerise sur le gâteau, c'est cette discussion lunaire avec Michel Hazanavicius qui lui pitche une "comédie" dont le ressort comique est un père qui se tape sa fille.
D'ailleurs, cette "blague" s'insère dans un running gag assez lunaire selon lequel Quenard propagerait lui même, de par sa connerie abyssale, des rumeurs sur sa péd*philie.
Je crois que je "comprends" l'idée. Après tout, Raph n'est pas beaucoup plus vieux que moi. Comme moi, c'est un gars qui a fait des études sup dans une école prestigieuse.
Et je pense que ce qu'il nous présente, c'est son idée du summum de la subversion. Un humour potache/trash de soirée BDE. Donc on enchaîne les blagues dégueulasses pour faire rire grassement les copains ivres. Sauf que si on vient sobre au ciné, ben ça marche pas.
Et puis, un personnage débile aux multiples travers, encore une fois, ça s'écrit. OSS117 est affligeant de connerie, mais il existe tout entier. Steve Carrell crève l'écran dans The Office. Ces personnages nous font rire et nous touchent parce qu'ils incarnent quelque chose, leur connerie n'est pas complètement chaotique.
Là, on suit une tête à claques, sans profondeur, sans histoire.
Et puis tiens, prenons The Office. Le sentiment de cringe, le malaise dévorant qui s'empare de nous lors de certaines scènes, il est légitime, il se base sur une tension insoutenable.
Quand Raph passe d'un copain comédien à l'autre pour pitcher son film gênant, on est pas en tension, c'est juste gênant.
La relation entre les deux personnages, la star et sont "ami" suiveur, n'est jamais crédible. Le second se dit "fasciné" par un blaireau qui n'a rien de fascinant et subit en permanent ses humeurs. En gros, le scénario sert juste de prétexte pour de nouvelles situations gênantes.
Tout le deuxième acte du film, à la recherche du condor au Pérou, on sent bien l'envie de "faire Dupieux", de donner dans l'absurde. Mais là encore, gratuité totale, vide de sens.
Avec mon meilleur ami, j'ai des délires et des private jokes qui remontent au collège, incompréhensibles pour quiconque et c'est tant mieux. Ca n'a pas vocation à être filmé. Ben là c'est pareil, y avait pas besoin.
Alors vous me direz qu'après cette critique assassine, 4/10 ça semble bien payé. Ouais mais ça se regarde en fait. C'est pas intéressant, c'est très (trop) souvent gênant gratuitement, c'est verbeux et ça se regarde le nombril mais voilà. On ressort avec un gros point d'interrogation au dessus de la tête, on a peut être ri une ou deux fois (deux pour moi)