La Culture Vidéo-Club

Le Cinéma horrifique des années 1980 et son aura furent pour moi l'une des portes d'entrée vers l'amour sans mesure que je porte au septième art.

C'est en effet avec des oeuvres tels que La Mouche (1986) de David Cronenberg ou Le Loup-Garou de Londres (1981) de John Landis que ma passion pour le média cinématographique s'est confirmée et m'aura finalement mené à éclaircir tous les horizons possibles. Le documentaire In Search of Darkness de David A. Weiner fait le pari à la fois fou, mais terriblement vain de proposer un panorama relativement complet du cinéma d'horreur des eighties. Le risque présent dès le postulat de base de cette passionnante exploration est de réduire le présent film à une simple énumération de classiques du genre.
In Search of Darkness tombe assez vite face à ce problème. Les cinéphiles confirmés ne pourront que constater péniblement à quel point le documentaire s'enferme immédiatement dans une construction année par année, métrage par métrage, et ce par ordre chronologique jusqu'à fin 1989.

Le très long-métrage (4h30 il est bon de le rappeler) de David A. Weiner se limite-t-il donc à cette constatation de base ou bien trouve-t-il un moyen de remédier à cela ? Le documentaliste réussi à mon sens à contourner d'une certaine manière le problème en abordant son sujet sous l'angle du vidéoclub. Ces lieux passionnants ont en effet été l'une des raisons du succès de ce genre cinématographique bien précis destiné aux cinéphiles passionnés et avertis. Faisant partie de la dernière génération à avoir connu ces espaces oniriques aujourd'hui disparus, je ne peux finalement que comprendre la volonté derrière le métrage.
Il nous est en fait proposé de revivre l'âge d'or du cinéma d'horreur comme si nous y étions. Tous ces films d'horreurs auront en effet grandement contribué à faire vivres la location de films. Le documentaire s'apparente finalement selon moi à un voyage proposé par une employé de vidéo-club typique, celui-ci nous dévoilant son savoir et nous guidant avec passions dans le rayon horrifique de son établissement. Le cinéma d'horreur des années 1980 peut se venter d'avoir à ses pieds une solide constitution de fans invétérés, le documentaire en est parfaitement conscient et fait dès lors corps avec eux. Cette exploration proposée comme un vidéo-club fait donc un vibrant hommage à une époque malheureusement révolue, mais ceci sert finalement à offrir sens, une légitimité et un véritable sentiment de bienveillance de la part du documentaliste.
Tout ceci participé selon moi à la réussite de In Search of Darkness.

Un certain nombre d'intervenant offriront leur points de vue sur le genre horrifique ainsi que sur des long-métrages précis tout au long du documentaire. La légitimité de certains d'entre eux peut laisser à désirer ainsi que la qualité de leurs interventions, mais il reste tout de même quelques figures de qualités comme Mick Garris ou Joe Dante (probablement l'invité ayant de loin les réflexions les plus intéressantes). Le caractère typiquement américain des guests aura parfois de quoi irriter quelque peu le public européen dont je fait partie, mais cela ne nuit en aucun cas à la qualité du produit final. La somme de ces interventions forme un bloc certes assez imparfait, mais se suffisant finalement à lui même.

In Search of Darkness est un documentaire destiné aux fans du genre, mais s'avère finalement assez accessible pour qui voudrait s'aventurer sur ce passionnant terrain. La durée ne se fait pas ressentir, ce qui est une prouesse pour un documentaire de 4h30 restant finalement assez simple dans sa conception. Il reste en tout cas bien meilleur qu'une oeuvre comme His Name Was Jason (2009), documentaire sur la saga Vendredi 13 qui n'offre pas de réel angle d'attaque, reste dans l'énumération d'information sans profondeur et n'est destiné uniquement qu'aux amateurs de la série.
In Search of Darkness ne restera pas dans l'esprit collectif comme un objet de référence, mais il peut se venter d'avoir parfaitement retranscrit la culture vidéo-club ainsi qu'un panorama de qualité sur des oeuvres marquantes ; cela allant du chef d'oeuvre célèbre à la pépite méconnue. Le documentaliste réussi à mettre en avant également les spectateurs de ce genre cinématographique et l'amour profond qu'ils portent à ce type de cinéma ainsi qu'au cinéma en général.

Il s'agit d'une oeuvre faite avec énormément de passion, une sorte de synthèse incomplète mais parfaitement représentative et tenant toute ses promesses. Pour l'enfant né de ce genre cinématographique précis, je ne peux que dire que c'est mission accomplie !