Il y a parfois des renaissances qui ressemblent davantage à des fouilles archéologiques qu’à un véritable nouveau départ. Avec Jurassic World : Renaissance, Gareth Edwards (Rogue One, The Creator) voulait visiblement redonner du souffle à la saga. Sur le papier, l’idée de repartir cinq ans après le chaos du précédent opus et de plonger dans un monde où les dinosaures se sont adaptés à des zones hostiles avait de quoi intriguer. Sur l’écran, le résultat oscille entre le spectaculaire et le déjà-vu.
La mise en scène d’Edwards est parfois grandiose : il sait filmer l’échelle démesurée des paysages et offrir des moments de vertige, notamment dans la première apparition des ptérosaures au-dessus des falaises brumeuses. Mais à force de vouloir mêler contemplation et action, le rythme se délite : certaines scènes s’éternisent là où d’autres méritaient plus d’ampleur.
Côté interprétation, Scarlett Johansson parvient à donner une gravité inattendue à son personnage de scientifique désabusée ; elle porte plusieurs scènes émotionnellement. Jonathan Bailey, en aventurier pragmatique, fait preuve de charisme mais manque encore de relief pour s’imposer face aux monstres. La vraie prestance vient de Mahershala Ali, qui campe un antagoniste sobre, presque tragique. À l’inverse, les seconds rôles sont inégaux : Isabela Merced et Mason Thames apportent fraîcheur et vulnérabilité, mais Howard Charles reste cantonné au rôle du soldat-archétype.
Le scénario signé David Koepp (déjà auteur du premier Jurassic Park) tente de renouer avec le suspense scientifique et l’idée d’un monde où l’humain n’est plus le sommet de la chaîne alimentaire. Malheureusement, l’intrigue hésite entre thriller d’expédition et drame écologique ; certaines sous-histoires s’évaporent sans aboutir.
La bande-son de Alexandre Desplat, ponctuée de clins d’œil au thème de John Williams, réussit à faire vibrer les scènes d’exploration, mais manque d’un motif mémorable qui marquerait cette « renaissance ».
En sortant de la salle, on se dit que le film a su réveiller par moments l’enfant fasciné par les rugissements et la démesure de ces créatures, mais qu’il n’a pas trouvé la note juste pour transformer cette fascination en un nouveau frisson mythique. Un spectacle correct, pas un nouveau classique.
Ma note : 6/10