Évidemment, Kaamelot est une légende de l'humour français. Évidemment, Kaamelot est éminemment appréciable, bien que, évidemment, ses fans en fassent un peu trop. Et, évidemment, Astier, au vu du succès populaire qu'a reçu son bébé, a pris la grosse tête. Astier est devenu un démiurge mégalomane, s'occupant de tout, mise en scène, musique, direction d'acteur, rôle de personnage principal; il vivra et mourra avec ses idées. En l'occurrence, ici, il crèvera sans gloire ni honneur.
Kaamelot a coûté 20 patates. 20 patates, je répète, pour un film français, c'est appréciable. Mais, Astier filme toujours comme un réalisateur de téléfilm moisi de TF1 qui passe à 15 heures pour divertir la fèmofoyer faisant son repassage. Il reprend son roster d'acteurs qui ont fait sa gloire. Outre le fait qu'ils ont pris 20 ans dans les molaires (on ne peut rien y faire, mais ça se voit), ce sont tous des théâtreux, pour le meilleur et pour le pire. Dans des saynètes de 3 minutes, ils sont drôles, pas de problèmes. Dans un film de 2h30, le cabotinage et le surjeu, ça se remarque, et c'est agaçant. Les acteurs français ne sont malheureusement pas des acteurs britanniques, et rares sont ceux qui savent passer d'un médium à un autre avec talent.
Alors, oui, certaines scènes sont très drôles, c'est très bien, Astier sait toujours écrire des dialogues. Mais le reste..... On sent qu'Astier a voulu faire de l'épique, conter une grande épopée, mais lorsque tu manies la caméra comme un pied, ça ne marche pas. Astier a voulu conter le drame personnel d'Arthur, souverain démoralisé, mais, soyons clair, suivre un dépressif geignant sur son sort pendant 2 films, c'est lourd. Dans les derniers livres de la série ça passait à peu près, parce que c'était court justement, Arthur n'ayant pas le temps de devenir une insupportable tête à claques.
En bref, Astier veut tout contrôler, imposer sa vision, mais n'a pas le talent pour tout faire. Ce n'est pas un bon metteur en scène, ce n'est pas un bon créateur d'OST, ce n'est pas un bon scénariste. Ça marche dans un format court, qui repose sur la finesse de l'écriture et un jeu théâtral. Ça ne fonctionne clairement pas sur grand écran.