Kika
6.9
Kika

Film de Alexe Poukine (2025)

Kika n’est ni un drame social classique, ni une fable de résilience.

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Il y a dans Kika un tremblement discret, presque imperceptible, comme si chaque scène retenait son souffle. Pas de pathos, pas de violons — juste une femme qui vacille, qui marche encore, même quand la terre se dérobe sous ses pas. Kika, enceinte, fauchée, brisée par la mort de l’homme qu’elle aimait, ne se relève pas avec panache : elle rampe d’abord. Alexe Poukine filme ce mouvement-là, ce lent passage du sol à la station debout. Ce n’est pas héroïque, ce n’est pas noble. C’est simplement humain. Quand elle se met à vendre ses petites culottes, le film pourrait sombrer dans la provocation ou l’ironie. Il n’en fait rien. Au contraire : il montre des gestes précis, des mains qui plient un tissu, des regards échangés dans des appartements anonymes, des mots qui n’arrivent pas à sortir. Tout devient minutie, presque rituel — comme si Kika retrouvait une force en réorganisant ses failles. Manon Clavel incarne ce mélange étrange d’abandon et de tension : elle a la fragilité d’une femme qui n’a plus de place au monde, et la détermination de quelqu’un qui ne veut pas disparaître. Sa présence s’impose sans qu’elle ne hausse jamais la voix. La mise en scène, elle, avance à contre-rythme. Pas de grandes envolées, pas de péripéties spectaculaires. Le film préfère s’attarder sur les choses ténues : une chambre mal rangée, la lumière qui hésite entre deux tons, un silence qui pèse plus lourd qu’un cri. C’est dans ces interstices que la reconstruction commence. Et puis il y a ce “nouveau métier”, jamais tout à fait expliqué, jamais tout à fait nommé. Le film laisse volontairement un flou : ce n’est pas l’activité qui compte, mais ce qu’elle permet — une reconquête lente, hésitante, imparfaite. Une sortie du brouillard, mais sans soleil éclatant. Une remontée, oui, mais vers une lumière qui clignote encore. Kika n’est ni un drame social classique, ni une fable de résilience. C’est un portrait : celui d’une femme que la société n’a pas su voir, et qui apprend seule à se regarder autrement. Ma note : 12 / 20


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Le-General
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il y a 6 jours

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