Audie Murphy est ici John Clum, membre de l’église hollandaise, et il arrive dans la réserve apache de San Carlos en Arizona en 1874. C’est là où en 1876 on va transférer la tribu de Cochise depuis la réserve Chiricahua. C’est un nouvel agent des affaires indiennes : il est nommé ici apres trois de ses prédécesseurs qui ont été tués. Avec intégrité et non violence, il s’oppose aux abus envers les indiens, à la corruption des autres agents, à la répression militaire aveugle, et apres diverses péripéties (des conflits resultant de ce contexte), il arrive même à arrêter le célèbre Geronimo et sa centaine d'apaches révoltés (dont Naiche, fils cadet de Cochise et Juh, autre leader apache ) alors que plusieurs raids de cavalerie très couteux en hommes et en dollars avaient échoué.
Tout parait invraisemblable et pourtant tout est vrai ! Et c’est même en deçà de la vérité historique.
Par exemple, on ne nous dit pas la suite : que Clum fut lâché par Washington, et même arrêté, puis il devient le maire de Tombstone (et fondateur du journal The Tombstone Epitaph). Dans cette fameuse ville frontière, cet ami de Wyatt Earp, le marshall, forma avec lui un des clans (politiquement plutôt "républicain") rival de celui des Clanton (plutôt "démocrate"). Leur conflit sanglant donnera lieu à plusieurs grands westerns (dont My Darlinsg Clementine, 1938 de John Ford et OK Corral de John Sturges).
C’est sans doute la mise en scène tres plate et somnolente de Jesse Hibbs qui rend ce moment d’Histoire si peu crédible alors que Audie Murphie en costume et chapeau melon est attachant (son allure juvénile et poupine collant bien avec la généreuse naïveté d’origine religieuse du personnage).
Anne Bancroft en jeune veuve indienne amoureuse de Clum suscite à juste titre les éloges de Bertrand Tavernier et de Patrick Brion, grands connaisseurs des westerns. (Mais c’est l’année suivante dans The Restless Breed, de Allan Dwan, une autre serie B, qu’elle sera vraiment étonnante en ingénue très vivante et sexy).
Apprenant donc après avoir vu le film que tout est vrai, on se dit qu’il faut essayer de débusquer quelles sont les traces de réalité dans les événements racontés et derrière le paternalisme affiché dans le film, qui est hélas un édulcorant très puissant.
On devine que le vrai Clum devait avoir une énergie, une fermeté et une capacité hors du commun à gérer des conflits, par exemple pour réussir la création de la police indienne, avec toutes les contradictions que cela pouvait provoquer. Mais dans l’histoire racontée dans le film, c’est le seul idéalisme buté du personnage qui semble renverser des montagnes.
En fait, hormis le Technicolor plutôt agréable (avec Harold Lipstein comme directeur photo et surtout William Fritszchze comme color consultant), ce film rappelle ces BD hagiographiques de notre enfance où une histoire vraie était racontée avec des images figées et avec un sous texte de plusieurs petites lignes horizontales fatigantes.
Il nous rappelle bien que pour les enfants ces BD documentaires ne faisaient pas le poids, en rythme et en émotion, quand on les comparait avec les "comics" débordant de fiction, de bulles et d'énergie, que nous leur préférions de très loin...Et encore aujourd'hui !
(Notule de 2018 publiée en avril 2025).
1954 : Le Défilé Sauvage : 4
1954 : Chevauchées avec le Diable, avec Audie Murphy : 7.
1954 : La Montagne Jaune : 7
1954 : Seul contre Tous.
1955 : Les Forbans.
1956 : L'Homme de San Carlos, avec Audie Murphy : 6
1958 : L'Etoile Brisée, avec Audie Murphy : 7.