Voir un film de Jean-Pierre Mocky, s'est se préparer à des contraintes diverses. Une absence de technique, des acteurs en roue libre, un budget proche du zéro, et des histoires souvent abracadabrantesques. C'est l'histoire de L'ibis rouge, qui en regroupe en fait plusieurs ; un agent de la sécu qui étrangle des femmes la nuit, tout en parlant à une mouche nommée Solange, un marchand de journaux qui n'arrête pas de revendiquer d'être le fameux tueur, et un autre qui veut tout revendre pour rembourser une dette de jeu.
Le titre vient du motif de l'écharpe qu'arbore Serrault pour étrangler ses crimes. Il a de la chance ; il ne lui faut que quelques secondes pour qu'elles passent de vie à trépas ; un comble quand on sait que ces meurtres sont l'élément central du film !
Ce qui fait aussi que le film est un bordel total, avec ces histoires qui ont du mal à s'entremêler, et des acteurs qui sont dans le cabotinage. C'est un peu un paradoxe concernant Michel Simon (pour qui ce sera son dernier film), mais là où c'est un peu surprenant, c'est que c'est Michel Galabru qui est d'une grande sobriété. Quant à Michel Serrault, il est lui aussi dans l'outrance, mais est parfois d'un humour assez noir, notamment quand il parle à sa mouche, laquelle a l'habitude de se poser sur le décolleté de femmes assez fortes, souvenir d'un fantasme d'enfant.
Ponctué par une musique horrible à base de scies musicales, L'ibis rouge est pour moi un mauvais Mocky, et pour lequel A mort l'arbitre restera pour moi mon préféré.