Excellent petit film, qui, bien que tourné en CinemaScope est visible en DVD seulement dans un format panscan (mais quand même de bonne qualité).
Ce western de serie B a les atouts du précédent opus westernien de Carlson Four Guns to the Border - Quatre Tueurs et une fille, sans ses faiblesses.
Rendons hommage pour une fois au compositeur Joseph Gersherson. Il est responsable de "musical scores" d'innombrables westerns, des séries A et comme des séries B. Pour la plupart d'entre eux, on ne retient pas forcément sa musique, ni formidable ni gênante. Ici, c'est comme si, après de nombreux travaux de routine dans des films qui s'enchaînent, Gersherson s'anime car le film l'a réveillé. On suit ce cher Joseph, car la musique qui précède, accompagne et suit les scènes d'action ou des scènes de transitions captivantes, est aussi interessante que ce qu'on voit à l'écran.
Les défauts du precedent film de Carlson ont été effacés, peut-être parce qu'il a ici plus de moyens.
Dès la première sequence, une originalité : le hold-up de la solde de l'armée transportée en chariot sur une route de campagne est excellent et sans les concessions habituelles faites au bon goût : c'est un massacre, réaliste (y compris celui d'une femme).
Plusieurs scenes d'action auront la même vigueur au cours du film et les scenes de foule et de préparation au lynchage sont parmi les meilleures du genre.
Si on est épaté par la conduite du scenario, les péripeties, l'absence de temps mort, les rebondissements souvent inattendus, on aprécie aussi une qualité tres specifique de Carlson déjà vue dans son precedent opus.
Des sequences sont pimentées par un érotisme atypique, à fleur de scène pourrait-on dire.
D'abord avec une jeune femme qui essaye d'être attractive au delà de son jeune âge et de sa situation familiale (elle veut tromper la surveillance de son frere), ce qui rappelle son premier western.
Ensuite ce sera une autre femme plus âgée, une assistante de théâtre itinérant. L'érotisme est tres tendre et délicat entre elle et cet homme tourmenté (joué par Rory Calhoun) croisé par hasard : elle l'aime d'emblée, s'inquiète pour lui, l'aide, et jamais ne sera mièvre ni convenue dans son attitude et ses sentiments.
Il n' y a pas vraiment de gunfight final mais un affrontement entre le héros qui veut blanchir son nom et le méchant forcé à dire la vérité par peur du lynchage, dont il sera ensuite protégé.
(Notule de 2020 publiée en aout 2025)
Remarque du jour :
Le musical score de Gersherson dans Joe Dakota de Richard Bartlett (1957) était aussi excellent, avec une redondance dans l'intrigue : il était siffloté de manière recurrente par le héros élégant, boiteux et bienveillant joué par Jock Mahoney.