Retrouvera-t-on un jour le Kirill Serebrennikov emballant de Leto ou même du Disciple ? Peu probable, car avec cette trilogie de quasi-biopics : de La femme de Tchaïkovski à Limonov, jusqu'à Mengele, ne s'éloignerait-il pas de plus en plus de la Russie, à l'instar d'un Zviaguintsev, figure encore plus majeure et dont on attend impatiemment un prochain film ? Pour en revenir à son dernier sujet, ce récit en forme de puzzle répond en partie à la question de savoir si le médecin d'Auschwitz était un monstre ou un zélé serviteur des forces du mal. Les deux, à l'évidence, même si Mengele n'aurait adhéré qu'à la deuxième proposition. Serebrennikov filme les tribulations de son personnage principal d'une manière qui peut sembler chaotique, mais qui s'attache, en définitive, à la déchéance de cet ignoble type, ce qui ne fait tout de même pas oublier qu'il a pu échapper à la justice des hommes. Qu'il ait vécu de longues années dans la peur de devoir rendre des comptes ne console en rien de son impunité et de son absence totale de remords. Dans cette évaporation lente du héros, dans un noir et blanc presque trop esthétique, les quelques séquences en couleurs, qui rappellent qui était ce boucher, suscitent un vrai malaise et une interrogation. N'était-ce pas plus judicieux de laisser l'horreur hors-champ ? On rétorquera que montrer c'est aussi apprendre à ceux qui ignorent ou qui n'ont qu'une vague idée des atrocités commises dans les camps. Peut-être, mais peut-être pas, finalement.

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