Bad luck Chuck

Le dernier bon film de Chucky, celui avec sa fiancée, a bientôt 20 ans (ouaw, déjà !), tandis que les deux opus qui ont suivi étaient horribles, et je continue d’entretenir une haine particulière pour Le fils de Chucky.
Je n’attendais donc rien de bon du tout nouvel opus, Cult of Chucky, qui est de nouveau un DTV, et encore une fois écrit et réalisé par Don Mancini.
Alors pourquoi est-ce que je me suis infligé ce visionnage ?
Un ami a beau m’avoir dit que ce n’était pas si mauvais que ça, même l’idée de retrouver la performance de Brad Dourif, qui reste le seul élément de cette franchise qui ne m’a jamais déçu, ne m’enchantait plus.
Je ne vais pas prétendre avoir fait ça pour honorer une saga que j’affectionne jusqu’à son épisode 4, non, honnêtement, c’est triste à dire, mais c’est en bonne partie pour formuler mon avis sur le dernier film sorti… alors même que je savais qu’il avait de grandes chances d’être négatif.

Cult of Chucky reprend après les évènements du 6ème film : Nica se retrouve internée, accusée d’avoir assassiné sa famille en faisant porter le chapeau à la fameuse poupée Good Guy.
La jeune femme suit une thérapie de groupe où, pour aider au traitement, un psy a la bonne idée d’acheter un jouet Chucky, qui va massacrer tous les patients un à un.
Ca devrait vous rappeler l’excellent Freddy 3, si ce n’est qu’ici, on ne s’attache à aucun des personnages, pas même Nica qui est censée être l’héroïne.
Rien ne m’a fait me sentir proche d’eux, et les comportements des personnages, surtout ceux qui ne sont pas censés être fous, sont déstabilisants. Il y a un patient qui fait une blague déplacée sur Chucky auprès de Nica, et… à la scène suivante, ils baisent ensemble.
Il y a plusieurs coups de théâtre qui cherchent visiblement à secouer les spectateurs, mais qui s’avèrent d’une bêtise navrante, en particulier ceux qui concernent le psy, qui finit par être un de ces clichés du médecin opportuniste qui abuse de son pouvoir.

La raison pour laquelle Chucky est toujours vivant découle aussi d’un comportement flou, puisqu’on aurait pu achever le tueur depuis longtemps.
Mancini essaye d’injecter un peu de nouveauté dans la saga, avec cette idée qui donne au film son titre, mais toujours sans trop se soucier de la cohérence.
Le cinéaste semble ne pas savoir non plus sur quel pied danser concernant le ton de Cult of Chucky, puisque cet épisode aspire à être un vrai film d’horreur, mais essaye des incursions comiques vraiment malvenues et gratuites, avec des blagues meta bien lourdes (les références à Jennifer Tilly, la série Hannibal sur laquelle Mancini a été scénariste).
Et niveau horreur, c’est raté aussi. Il n’y a plus aucune ambiance, aucune angoisse ; les moments où la mise en scène se fait remarquer, c’est par des effets trop insistants qui passent à la fois par une musique et un jeu d’acteur appuyés. On sent que la performance est guidée par une intention précise, qui lui fait perdre tout naturel ; c’est le cas quand Nica essaye de rire nerveusement mais sonne faux, ou quand Tiffany fait preuve d’une froideur absurde en annonçant un décès, pour contraster exagérément juste après avec sa peine feinte.
Mais alors le pire, c’est cet effet visuel "horrifique" d’une laideur infâme, lorsque Nica fait un cauchemar avec un Chucky géant… qu’est-ce qui est passé par la tête de Don Mancini à ce moment-là ? C’est atterrant de nullité.

Il y a toujours des CGI dans ce nouvel épisode, mais mêlé, enfin, à un retour des animatronics. On sent direct la différence dès la première apparition de Chucky avec son visage ravagé… malheureusement, ça ne marche pas aussi bien par la suite avec les poupées intactes. Les mouvements du corps sont trop rigides, et le visage est trop lisse ; à mon avis, c’est pour limiter les coûts qu’il y a eu moins de versions différentes du visage de Chucky, alors qu’à l’époque des films destinés au cinéma, il existait plusieurs têtes avec des expressions faciales beaucoup plus nuancées.
C’est frappant quand on compare des images de Cult of Chucky avec celles des trois premiers films : d’un côté, on a un visage de psychopathe enragé sur le corps d’une poupée, de l’autre on croirait juste voir un bambin qui fait de son mieux pour froncer les sourcils.
Et certains plans mettent encore moins en valeur Chucky, je pense surtout à celui où il étire son cou avec la tête rejetée en arrière, il a vraiment l’air d’un enfant mongolien.
Brad Dourif par contre, qui double encore la poupée, reste fidèle à lui-même ; son rire diabolique me fera toujours délirer, et il a droit à quelques répliques fun, même si la plupart son faiblardes, quand ce n’est pas juste des monologues d’exposition ("A few years ago, I came across this groovy new spell on VoodooForDummies.com", sic…)

Il y a quelques meurtres un peu rigolos, des références et cameo à toute la saga, si ce n’est au Fils de Chucky, que, décidément, même Mancini semble vouloir ignorer. Ca prête à sourire tout au plus, mais c’est loin de suffire à faire un film potable.
Je l’avoue, je m’attendais à pire, mais Cult of Chucky reste insipide.
Mais au vu du dénouement, on dirait que la saga n’est pas prête de se finir… Oh, misère !
Don, Chucky est mort, ça ne sert à rien d’essayer de le ramener à la vie ; laisse-le reposer en paix, pitié.

PS : American Horror Story m’avait appris qu’on ne peut pas recoudre un bras quand on s’est ouvert les veines dans le sens de la longueur. Don Mancini n’est pas au courant, visiblement.