"Les 4 Fantastiques - Premiers Pas" n'est pas un film sur les 4 Fantastiques. Il est un jalon nécessaire à la préparation de la prochaine grande baston des Avengers dans Doomsday.

Cela peut sembler cynique, mais on est en droit de se demander, après avoir assisté à ces 2 heures poussives, sans saveur, si le réalisateur a un quelconque amour pour ses personnages ou cette Terre-828.


Cette fameuse esthétiques sixties tant louée par les critiques fonctionne comme un cache-misère chic. Pour ne pas risquer de tomber dans le mauvais goût des adaptations des années 2000, jouons la carte de "l'esthétique comics", du second degré.

Mais le cinéma est un médium à part entière, il ne suffit pas de "faire comics" pour dégager la vitalité évidente des cases d'une BD. La BD, comme le cinéma, c'est avant tout du rythme.

Une fois qu'on a nos jolis intérieurs retros et nos plans de rue animés par 10 figurants, qu'est-ce qu'on propose en termes de réalisation pour faire vivre ce "monde de comics" en proie à la destruction ?

La réponse est : rien. Tout est vide, creux et mécanique, tout s'enchaine comme le parfait prototype du blockbuster sans inspiration. Ce film, c'est la mort du fun.


Passée la première confrontation spatiale entre nos Fantastiques et la grande menace, Galactus, le film devient un interminable ventre mou.

On assiste à un montage alterné entre les discussions/états d'âmes de nos héros, retranchés dans leur tour/colloc et le vaisseau du méchant qui se rapproche de la Terre.

Et comme les habitants de ce monde sont aussi transparents que les protagonistes, ils sont présentés comme une sorte de foule amorphe et stupide que l'on peut retourner en 5 minutes (le speech de Susan Storm est effarant de niaiserie).

Non, parce que pour rappel, le monde entier est au courant que Galactus vient détruire la terre et le film réussit la prouesse de ne jamais nous faire ressentir le danger. Les 4 Fantastiques se font engueuler une ou deux fois en conférence de presse, un badaud interpelle vaguement La Chose dans la rue mais...C'EST TOUT ?


Et c'est là que, malgré ses jolies tentatives esthétiques de se démarquer, le film tombe exactement dans les même travers que tous les autres films du MCU (excepté l'excellent "Infinity War") : il n'y a aucun enjeu, les caractères des personnages dépendent de s'il y a une vanne à faire ou pas.

La Torche, toujours la tête à claque de la bande, est capable de blaguer sur sa vie sentimentale alors que sa soeur accouche en gravité 0 et que son futur neveu est menacé de kidnapping.

Pour être fun, un film doit avoir du souffle, pour avoir du souffle il doit pourvoir faire ressentir une tension. Des costumes, le retro-futurisme et des blagues, c'est pas fun.


Et puis, il y a la caractérisation des personnages.

La Chose...je sais même pas si on peut de caractérisation. On lui met un vague love interest dans les pattes pour deux scènes et il se souvient qu'il est moche quand il se voit dans le reflet d'une télé. Suivant.

La Torche est insupportable, comme dans les films précédents vous me direz. Mais ici, il est aussi intelligent et sensible, seulement quand ça sert le scénario. Il passe ainsi des semaines (des mois ? la gestion du temps dans le film est catastrophique) à mener ses recherches de son côté, sans en informer les autres.

Et puis, comme sa soeur, il peut sortir des speechs de son chapeau pour retourner la Surfer d'Argent, et même provoquer des flashbacks pour qu'on se rende compte que la méchante est pas si méchante.


J'a bien conscience d'avoir l'air cynique et narquois dans cette critique mais je vous assure que l'écriture du filme est désastreuse. Ce qui devrait être important est expédié entre la poire et le fromage, le rythme est léthargique.

Parce que sur le papier, cette Surfeuse d'argent est intéressante, super intéressante même. Toute cette histoire de Galactus, mené par une faim insatiable, condamné à détruire la vie dans l'univers, c'est passionnant. Il y a du drame là, il y a de la fatalité, il y a du déchirement potentiel. Il est LA le film que je veux voir.

Alors pourquoi, pourquoi Matt Shakman préfère-t-il filmer les rues d'un New-York désespérément mort, les intérieurs vintage de personnages même pas définis ?

La dernière confrontation entre Galactus et les Fantastiques est triste à pleurer, donc je ne vais pas m'étaler dessus.


Et si je ne parle pas beaucoup du bébé, pourtant au centre de l'histoire c'est qu'il est, comme nous le confirme la scène post générique, une clé pour débloquer un truc plus tard.


"Les 4 Fantastiques" est un film fait sans amour. Tout y est froid et sans âme. Il n'y a pas d'amour pour les protagonistes, pour ce monde en proie à la destruction qu'on ne reverra probablement jamais dans le MCU, pour ces méchants au potentiel dramatique pourtant riche. Il n'y a pas d'amour pour l'action, filmée et montée sans génie. Et surtout, il n'y a pas d'amour pour le spectateur qui s'apprête à ingurgiter ce plat tiède enrobé d'un joli packaging.


Seul le coupe Reed/Susan Storm nous émeut parfois. Le premier peine à appliquer ses principes de protecteur de l'humanité au sein de son couple, dépassé par son récent statut d'icône, la seconde consciente des défauts de son compagnon, tente de composer au mieux. Malgré le manque d'alchimie des comédiens, ils se débattent pour faire exister quelque chose d'humain au sein de cette machine colorée, pourtant bien morne.




Mr_Step
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2025

Créée

le 28 juil. 2025

Critique lue 10 fois

Mr_Step

Écrit par

Critique lue 10 fois

D'autres avis sur Les 4 Fantastiques - Premiers pas

Les 4 Fantastiques - Premiers pas
analysedemerde
1

C'est pas cheap, c'est rétro-futuriste.

Que s'est-il passé ? On imagine qu'ils ont été pressés par le temps, on l'espère du moins quand on assiste à certaines séquences, notamment un retour sur terre - supposé être une course poursuite...

le 23 juil. 2025

50 j'aime

2

Les 4 Fantastiques - Premiers pas
Kelemvor
7

Fantastic Fourmidable

Quand la Maison des Idées convie le spectateur à un voyage vers une Terre 828 frémissante de couleurs vintage, c’est tout un pan d’histoire qui se métamorphose sous nos yeux. Les Quatre Fantastiques...

le 23 juil. 2025

25 j'aime

15

Du même critique

Song to Song
Mr_Step
2

Les vacances de Terrence

Terrence est content. Les studios lui ont donné carte blanche pour aller filmer dans des coins super beaux avec ses potes acteurs super cool. Pis Terrence, il a un chef op du tonnerre, du coup il a...

le 16 juil. 2017

129 j'aime

20

Suicide Squad
Mr_Step
3

Critiquer le vide

CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE C'est un peu de ma faute, j'étais vraiment hypé par le film. J'attendais quelque chose de sombre, déjanté, plus terre à terre que les combats de titans des deux...

le 2 août 2016

60 j'aime

3

Voyage au bout de l'enfer
Mr_Step
5

Pourquoi c'est culte ? (Episode 3)

Avant de commencer cette critique, je suis bien conscient que la simple vue de la note que j'ai attribuée à ce film fait figure d'hérésie sans nom. Il se trouve que même le plus sceptique de mes...

le 25 févr. 2017

35 j'aime

8