De bien vilaines manières
Buster Keaton est vraiment le cascadeur le plus fou. il suffit de voir un de ses films muets pour le comprendre : il risque sa vie au moins une fois dans chacun d'eux (bon, je m'avance peut-être, n'ayant pas tout vu).
Ainsi, Buster brille encore de mille feux dans ce film. Mais ce qu'il y a d ebien avec le bougre, c'est qu'il construit bien ses histoires ; il aurait facilement pu enchaîner cascades sur cascades, je pens que ça aurait marché, sauf qu'au lieu de céder à cette facilité, il propose une vraie histoire, avec un vrai travail, de rythme. L'histoire est assez simple, mais permet de traîter de l'hypocrise des gens les uns vis à vis des autres sous excuse d'éthique. Il le fait avec humour, ce qui permet de mieux enfoncer la chose et en plus, se montre jusqu'au-boutiste dans son traitement. Après, les personnages manquent un peu de corps, surtout les secondaires et l'histoire ne va pas très loin (impression de regarder un court métrage)
Côté mise en scène, il y a quand même quelques cadrages maladroits (je pense à des tremblements, des mouvements qui semblent mal préparés) ; en revanche, j'apprécie la simplicité du découpage : Buster évite d'en faire trop, il met de la distance et je pense que c'est la meilleure façon de rendre compte d'une scène d'action. C'est-à-dire que le spectateur peut ainsi, avec un plan d'ensemble, assister à l'énormité de l'action et non juste avoir des bouts coupés. Le montage et l'ellipse sont des armes redoutables mais je ne pense vraiment pas qu'il faille y faire du zèle lorsqu'il s'agit d'un scène de ce genre : sobriété et distance sont donc les maîtres mots. Evidemment, il ne faut pas filmer ça n'importe comment, il faut choisir le bon angle de vue, celui qui rendra l'action dynamique : Buster le fait.
Bref, "Hospitality" n'est peut-être pas une oeuvre majeure, mais constitue un très bon divertissement de l'ère du muet.