Vis ma vie de Virginie Efira, ou l'art du vertige...

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Que les choses soient claires, je ne suis pas du tout allé voir ce film pour VIRGINIE EFIRA.


Pour être plus sérieux et totalement sincère je ne sais même pas si je me serais intéressé à ce "Madeleine Collins" si une de ses consœurs avait eu l'outrecuidance de la remplacer au générique. En effet depuis "Un amour impossible" j'ai pris conscience qu'elle faisait partie de cette race d'actrices, plus que rare, apte à transformer radicalement la vision qu'on peut avoir d'un film, à changer l'indifférence polie face à celui-ci en fascination.


On la savait depuis longtemps capable d'endosser tous les rôles, d'être à l'aise dans n'importe quel genre, de la comédie (parfois romantique) populaire à celle plus écrite et intello, en passant par le drame pur, le film historique ou encore le registre policier, mais de là à être celle qui prend toute la place sur une affiche, celle sur qui un projet se monte et se finance, il y avait un pas.


Pas dorénavant franchi, et ce film en est la preuve éclatante, car que serait-il sans elle si ce n'est un sympathique suspense labyrinthique et sophistiqué ? A vrai dire impossible de le dire car par sa simple présence, un regard, une posture, on est en quelques minutes transporté dans autre chose, l'hommage appuyé à "Vertigo", qui aurait pu être lourd à porter, prenant tout son sens quand un plan fait soudain d'elle une actrice à la blondeur réellement hitchcockienne. Elle est certes Judith / Margot / Madeleine, car par définition une grande actrice s'efface pour devenir quelqu'un d'autre, mais elle reste profondément Virginie Efira, ce film étant en réalité un parfait miroir de son parcours. Comment ne pas être schizophrène lorsque présentatrice de divertissements télévisés en Belgique vous devenez quelques années plus tard une star, le terme ne me semble pour une fois pas galvaudé, que tout le monde s'arrache ? Et sans que personne n'y trouve à redire, son talent, sa singularité sautant aux yeux, contrairement à des Miss météo de C+ ou autres arnaques que le temps se chargera de juger.


"Madeleine Collins" est donc un film sur l'identité, sur le mensonge, définition même du métier d'actrice, mais quand celle-ci est grande on peut se permettre de passer du thriller au drame psychologique, la femme sublime en robe de cocktail peut devenir celle abîmée au sweat à capuche, un simple gros plan sur une ride au coin des yeux peut signifier le grain de sable qui grippe la machine, la descente aux enfers qui s'enclenche, on peut croire et être touché par les deux scènes les plus improbables et sur le papier anodines du film, deux rencontres avec un personnage hors du temps qui raccroche Judith ou qui qu'elle soit à une troisième vie éventuelle qui aurait pu être la bonne, celle de la vérité derrière la falsification et le fantasme.


Antoine Barraud semble avoir mesuré la chance qui s'offrait à lui, celle d'avoir sous l’œil de sa caméra toutes les nuances possibles. Ainsi il se permet de faire d'un objet malin mais faillible quelque chose de bien plus complexe et vertigineux, un sujet de réflexion passionnant sur la fiction, sur la définition et la prégnance du rôle à l'écran ou dans la vie, sur ce qui devient possible en cinémascope quand il ne tiendrait pas deux minutes dans la réalité du quotidien. Seule la force de l'incarnation permet cela, un lâcher-prise du spectateur qui acceptera durant 107 minutes de ne pas traquer les invraisemblances. Qui une fois les lumières de la salle éteinte jouera le jeu, celui d'être au cinéma... (Qui rime avec Efira. Un hasard ? Je ne crois pas...)

takeshi29
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le 23 déc. 2021

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