Duplicity lights
Il faut un certain temps pour mettre le doigt sur l’emprise générée par Midnight Special. Parce qu’il est accidenté, parce qu’il n’est pas exempt de défauts, le trajet qu’il propose nous embarque...
le 17 mars 2016
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Jeff Nichols, réalisateur de Midnight Special se réclamait de Carpenter et de Spielberg, il ne se dégage guère des J.J.Abrams et Matt Reeves.
Midnight Special use d'un parti pris, à savoir rendre son propos cryptique plus que de raison, et cela se traduit autant dans la forme que dans le fond.
Le fait-est que, à force d'utiliser le non-dit, le hors champ, les silence, on finit surtout par se vexer et on s’aperçoit qu'au final, le film ne raconte pas grand chose. Les personnages ne sont jamais construits et ne suscitent d'empathie que lorsque l'on déploie des efforts considérables pour en éprouver. Jeff Nichols ne donnant aucune consistance solide à son univers, on finit par ne plus accorder d'attention à l'intrigue et on se voit obliger de fixer la pauvreté de la mise en scène en attendant qu'il se passe quelque-chose. Une course-poursuite qui n'est presque jamais palpitante.
De plus, beaucoup de sous-intrigues, telles que le rôle de la secte ou l'intolérance d'Alton à la lumière, se voient subitement évincée du récit.
Midnight Special ne suscite alors aucune suspension d'incrédulité, et c'est plutôt handicapant pour un film de science-fiction.
En ce qui concerne la forme, il faut vraiment être naïf pour ne pas accepter que l'usage de Lens Flare ne sert à rien de plus qu'à masquer facilement la pauvreté du concept-design.
Midnight Special échappe à la cuillère de bois avec une fusillade surprenante et une chute de satellite spectaculaire. Mais ça ne suffit pas à rendre palpitantes 110 minutes d’errance en voiture avec des enjeux narratifs convenus et prévisibles.
La seule scène réellement intrigante s'avère être le face à face entre l'enfant Alton et l'agent de la NSA Paul Sevier (Adam Driver). On est presque bousculé de voir enfin de simples effets de mise en scènes pour évoquer le surnaturel et le merveilleux. Alton se retrouve finalement plus intriguant dans les moments où il utilise le moins ses Flairs.
Au final, Midnight Spécial s'avère avoir autant de Production Value que le très mauvais The Darkest Hour. Et comme c'est sensé être un film de science fiction, c'est surtout plus frustrant qu'autre chose. Le thème de l'être fragile et puissant à la fois, traqué par les autorités, se révélant finalement être salvateur, a déjà été traité de multiples fois et de meilleure façon.
Notamment dans la série Disparition.
Et c'était sortie en 2002 !
Créée
le 29 mars 2016
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2 j'aime
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