Le deuil, la tromperie, l’étrangeté feinte, puis l’amitié avec cette étrangère ; non pas la voir de l’intérieur, mais lui vomir ses cauchemars au visage, et, incapable de crier, choisir de déposer sa folie dans une Barque sur l’Océan. Une esthétique faite à la fois de non-lieux vides (l’entrepôt de Max) et de mélancolie, de peur, d’amnésie (Laura et Betty, le mensonge, le fantasme, Mulholland Dr. encore et toujours ?), qui se conclut en une relecture à demi assumée — ou trop subtilement suggérée — des expériences schizonostalgiques de Vertigo et de Persona. Les bibliothèques pleines rappellent qu’il y eut jadis ici une vie intellectuelle, une curiosité, bien que la Famille Folle demeure dans un état intermédiaire de non-acceptation ; ce qui rend leur comportement bien plus insidieux que celui des personnages de Still Walking, tout aussi mutiques quant à leurs blessures enfouies mais qui, eux, accomplissent au moins un rituel commémoratif une fois l’an. Pauvre Laura. Ce film aurait mérité plus de temps.