Encore une fois, le néo-réalisme belge a frappé. Une thématique forte, un dispositif intelligent et une distribution admirablement filmée tissent un thriller social efficace… jusqu’à une fin quelque peu gâchée par un sensationnalisme déplacé.
Alice (Myriem Akheddiou) et ses deux enfants se rendent au tribunal pour une audience décisive. La juge (Nathalie Broods) doit trancher la question de la garde où les enfants sont pris en étau entre une mère dépassée et un père (Laurent Capelluto) accusé d’abus sexuels..
Quelques semaines après L’intérêt d’Adam, voici un nouveau film qui porte la griffe du « réalisme belge », fortement imprégné par le cinéma des frères Dardenne. On vous croit ressemble donc beaucoup au film dernier film de Laura Wandel. Ici aussi, on filme l’intrusion de l’État dans l’intime. Là encore, le film est très court et se déroule en temps réel, donnant ainsi une impression d’urgence et créant un « suspense social » digne de la série 24 heures chrono. Comme dans L’intérêt d’Adam, la caméra filme des comédiens (professionnels et non-professionnels) au plus près afin d’ausculter le ressenti des personnages. Et au final, on se retrouve face un film qui dispose des mêmes forces et des mêmes limites.
Commençons avec le meilleur. Le tribunal offre un décor très épuré, froid et clinique, permettant ainsi de resserrer le cadre sur les personnages. Et ceux-ci sont admirablement campés par toute la distribution, dans laquelle se côtoient des acteurs professionnels et de véritables avocats. De ce mélange se dégage une alchimie parfaite et surtout, comme tout bon film de procès, un questionnement de la vérité à travers la parole et le récit de chacun des protagonistes. Le public est à la place du juge et doit écouter, observer des personnages déchirés et sur lesquels plane l’ombre d’actes sordides. A l’émotion s’oppose la raison, les évidences sont questionnées et le manichéisme est déconstruit. Ça s’est déjà fait, ça s’est déjà vu, mais ce dispositif est utilisé avec beaucoup d’intelligence et d’efficacité …
… Jusqu’au dernier acte. Comme si les coréalisateurs n’avaient pas confiance, ils s’écartent de leur démarche plutôt rigoureuse jusque-là. Dans un épilogue qui change de ton et s’enfonce dans un sensationnalisme déplacé, ils insistent sur le point de vue qu’ils jugent être le bon. Ce final atténue ainsi la complexité de la situation et amenuise l’impact du film.