Ce n'est pas la mesure, l'humilité qui définiraient le mieux le cinéma de monsieur Aronofsky. Homme de très grandes ambitions (ce qui est un moteur noble s'il est bien canalisé), chaque fois il a comme voulu mettre le spectateur en témoin de sa grandeur de cinéaste. Du film évènement, de ceux qui font parler (encore une fois, dans une certaine limite, préférable à une absence totale d'ambition). Avec une fortune diverse, où bien des fois transparaissaient les limites réelles du bonhomme, non sans talent, mais point Kubrick.
Aussi grande surprise de le retrouver aujourd'hui sur ce type de "produit", parce qu'il s'agit de cela, d'un produit pur, parfaitement calibré sur toutes ces coutures, respectant parfaitement le cahier des charges de la maison Netflix qui fait aujourd'hui norme jusque dans un certain cinéma. Dosage équilibré d'action (en rien renversante), de violence (un peu complaisante), d'humour (pour la complicité avec le spectateur), nappé de singularités factices (là du faux crade , du punk en plastique, du mafieux russe , du juif orthodoxe : on multiplie à l'infini les ingrédients pour faire contenu, patine, pour faire cool), le tout dans un emballage ultra sexy (les têtes d'affiche portent bien leur sous-vêtement). Film de commande pour Darren ? Des impôts à régler ? Des frais de divorces ? Rien ne permet de comprendre pourquoi son nom est à l'affiche tant mille réalisateurs no-name savent aujourd'hui produire ces très beaux objets parfaitement manufacturés à la chaine (pour ce qui est de la forme, de la technique, crédit du numérique (?) on a vraiment l'impression aujourd'hui qu'il y a eu nivellement par le haut. Toute production propose un rendu qui relevait avant d'un budget et d'une maitrise significative (on tout de même là des extérieurs très classieux, du New York pré-2000 reconstitué. Comme si de rien). Ce pourrait être une bonne nouvelle, mais du coup plus rien ou presque ne ressort. Le spectateur en est anesthésié).
Film donc parfaitement calibré et convenu (malgré tous les efforts et effets pour faire singularité), très propre, bien usiné, qui vous occupe deux heures confortablement (le popcorn a sa place), mais dont on ne retient rien parce qu'il n'y a rien à retenir. Produit de synthèse commun validé par l'équipe marketing (qui en était peut être à l'origine ? (non il s'agit d'un livre, qui ne devait pas valoir grand chose au regard de ce qui reste, dont l'auteur signe l'adaptation)).
On a vu pire, mais on espère finalement que Darren retrouvera demain, même avec ses excès, le goût de l'ambition (trop c'est finalement mieux que rien ou presque).