Dans la catégorie "surtout ne regardez pas le remake avant sous peine de vous gâcher l'original" figure incontestablement "Psycho" cuvée 1998. Qualifié de remake plan par plan du classique de Hitchcock, le film de Gus Van Sant n'a pas été bien reçu à sa sortie. Considéré par certains comme film opportuniste, par d'autres comme une tentative vaine.
En réalité, il s'agissait d'un projet de longue date de Gus Van Sant. Le succès de "Good Will Hunting" lui a permis de faire valider le remake par la Universal, qui n'était apparemment pas chaude du tout (c'est étonnant !).
Et il s'agissait davantage d'une expérience filmique : peut-on, presque 40 ans plus tard, reproduire un classique ?
Le film reprend non seulement la trame mais carrément le scénario du "Psycho" original. A part quelques dialogues modernisés. Gus Van Sant copie essentiellement les plans de Hitchock, avec toutefois quelques variantes. L'ensemble est en couleurs, plusieurs séquences ont été légèrement modifiées, et des inserts ont été ajoutés lors des meurtres. Le montage sonore diffère aussi, ainsi que les prestations des acteurs, pas toujours dans le même registre. Il ne s'agit donc pas strictement d'un remake plan par plan.
Néanmoins le résultat n'est pas très convaincant. Le montage sonore est étrange, décalant souvent le célébrissime thème musical de Bernard Herrmann là où cela s'y prête moins (la comparaison avec l'original fait d'autant plus mal !).
Le rythme de 1960 a été conservé, mais parait très daté pour une oeuvre de 1998. Visuellement, c'est bien moins marquant, l'atmosphère gothique ayant disparu. Enfin, côté acteurs, c'est très hétérogène, et pourtant il y a du beau monde !
Julianne Moore en femme à la recherche de sa soeur Marion, ou William H. Macy en détective privé s'en sortent plutôt bien. Je serais plus réservé sur Viggo Mortensen, qui était à l'époque abonné aux remakes hitchcockien (il apparaissait dans "A Perfect Murder", sorti la même année !). Quant à Vince Vaughn, sa prestation de Norman Bates a un aspect dérangeant, mais il est plus ridicule qu'inquiétant.
Finalement, Gus Van Sant a lui-même reconnu des années plus tard l'échec de cette expérience...