Rentrant avec sa conquête d'un soir, un homme en proie à des pulsions sadiques va l'attacher dans son appartement et lui faire subir des sévices.

Bien que Koji Wakamastu soit surtout connu pour ses deux derniers films, United Red Army et Le soldat dieu, ainsi qu'en tant que producteur sur L'empire des sens, il ne faut pas oublier que la première partie de sa carrière, dans les années 1960, était surtout composée de petits films érotiques, dit le pinku eiga, où il pouvait en tourner jusqu'à dix en une seule année ! Mais ils avaient surtout des messages, pourvu que le quota sexe (et/ou violence) y figurait.

Quand L'embryon part braconner est son premier film produit par ses soins, et pour plus d'économies, le seul décor est le propre appartement du réalisateur, tournage en trois jours.

C'est dire l'urgence du projet, et j'imagine qu'il a dû sortir très rapidement en salles. D'ailleurs, le film fera scandale à sa sortie, y compris en France 41 ans plus tard où il écopera d'une interdiction aux moins de 18 ans, en raison de l'image dégradante de la femme.

En tout cas, cette personne subit mille tortures et souffrances de la part d'un homme qui les rejette en fin de compte, à la suite d'un trauma, qui donne son explication au titre du film, et si c'est parfois très violent, c'est également difficile à supporter, car ça n'est jamais agréable de voir la douleur au cinéma. Et pourtant, il y a eu un quelque chose qui m'a accroché, la nature du projet, la voix-off de cet homme, ce très beau noir et blanc, qui couvre d'ailleurs avantageusement ce que la censure réprouvait.

C'est du huis-clos éprouvant, pas facile d'accès, mais qui montre en même temps la liberté totale de Wakamatsu sur ce qui est censé être (et vendu en tant que) un film coquin, mais qui va plus loin que ça, car pour résumer l'histoire, c'est cet homme, jamais nommé, qui va reprocher à sa mère de l'avoir mise au monde, et qui rejette sa colère sur les autres femmes.

Cela parle aussi en substance de la colère rejetée sur une personne tierce, et j'ai même lu que c'était une métaphore des Etats-Unis bombardant le Vietnam, ce que ne démentait pas Wakamatsu. C'est dire la richesse du film, qui, en 72 minutes, ne laisse pas indifférent.

Boubakar
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le 11 sept. 2022

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