On peut compter sur Edgar Wright pour pousser les potards de l'action ludique. L'intelligence de la mise en scène parvient à éviter la complaisance ambiguë qu'appelle le sempiternel ecueil : "fais le jeu de ce qu'il dénonce". Ici, la colère engagée est la boussole qui justifie tous les excès. Évidemment, c'est tellement divertissant que c'est contre-productif : le métrage invite bien davantage à l'abrutissement béat qu'au sursaut des consciences. Mais bon. A la triste ère des productions en pilote automatique, ce dernier blockbuster a des airs de chant du cygne : rions un peu avec les deep fake, avant de les laisser prendre entièrement le contrôle. Il va sans dire que les poses narcissiques de Schwarzy sont enterrées. Ce film restera-t-il pour autant dans les mémoires? Pas sûr. Le storytelling reste balisé. La portée subjective ne va pas au-delà de la virulence d'une opinion sur les réseaux sociaux. Pour nourrir la colère en profondeur, revoir plutôt Network de Sidney Lumet.