C’est quand même fou le nombre de films qu’on nous vend pour ce qu’ils ne sont pas. The Martian est un film tout simplement hilarant. Toutes les situations, les gags, les mimiques font mouche. Matt Damon, qui incarne le botaniste astronaute Mark Watney, arrive à tirer à chaque fois le côté positif des événements qui lui tombent sur la tête. Cela ferait presque de The Martian un Feel Good Movie, au rythme de sons disco, plutôt qu’un drame épique. Habitué à filmer ses séquences en très peu de prises, Ridley Scott n’hésitera ainsi pas à garder au montage le trébuchement involontaire du pauvre Donald Glover, qui au demeurant d’être un excellent rappeur, est parfait dans son petit rôle de total nerd génial.


La solitude ne s’installe ainsi jamais vraiment sur Mars et on pourra regretter un léger manque de profondeur psychologique du cast. Mais le contraste s’en retrouve d’autant plus fort lors des moments intenses, dont le suspens est propre à Ridley Scott. On sent alors tout le poids sur les épaules de l’astronaute, proche de craquer. A cet effet, la dernière partie du film est extrêmement prenante et réussie.



Science !



Ridley Scott a attaché énormément d’importance à la véracité scientifique de ce qu’avançait la nouvelle d’Andy Weir. Encore plus peut-être que l’avait fait les récents Gravity et Interstellar. Alors que ce dernier concluait sur une explication presque divine basée sur l’Amour, The Martian s’inscrit dans un souci d’explication rationalisée, du début à la fin. Il est si détaillé et pointu, qu’on est tenté parfois de laisser tomber la particule fiction pour ne laisser place qu’à la science. On n’évitera cependant pas quelques inexactitudes, nécessaires au déroulement de l’intrigue (la tempête alors qu’il n’y a presque pas de vents sur la planète rouge), ou pour amplifier le caractère épique des solutions dégotées par Watney (la référence à Iron Man). Mais c’est la démarche scientifique adoptée qui est en elle-même une ode à la science.


Ode à la science donc, mais aussi à la NASA, laquelle voit d’année en année ses fonds s’amoindrir dangereusement, alors que paradoxalement, elle enchaine les découvertes à résonnance mondiale. On s’étonnera donc à peine des retours aux quartiers de la NASA quant on connait l’aide qu’a pu bénéficier Ridley Scott et l’importance que l’institution accorde à son image. Ces passages sont cependant largement compensés par une écriture intelligente et un casting irréprochable.


Parallèlement à son optimisme à toute épreuve, The Martian est un film humaniste. Tous les protagonistes se mettent ensemble pour trouver une solution à chaque problème qui intervient, dans un constant but d’adaptation. Il n’y absolument aucune tension entre les membres de l’équipage,


tous prêts à se sacrifier pour sauver leur compagnon sans l'ombre d'un doute.


L’harmonie est la même sur terre, où tous les scientifiques unissent leurs efforts dans le même but. Même la Chine n’y réfléchira pas par deux fois pour aider le soldat Watney. Mais peut-on vraiment reprocher à Ridley d’avancer une vision si positive, universelle, cosmopolite, et humaniste de la société ?


Comment enfin ne pas mentionner les paysages resplendissants et époustouflants de la planète nouvellement colonisée par notre pirate de l’espace, non sans rappeler le désert poussiéreux du dernier Mad Max et son filtre vermillon.


Ode à la science et à la NASA, The Martian est un film hilarant, ultra-optimiste, positiviste, dans la lignée de la filmographie d’un Ridley Scott qui nous avait manqué.

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le 9 oct. 2015

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Peaky

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