Sirāt
7.2
Sirāt

Film de Oliver Laxe (2025)

C’est mieux que Mad Max Fury road

Superbe travail sur la musique de David Kangding Ray, qu’est-ce que c’est plaisant de voir un film qui a conscience que dans audiovisuel il y a « audio », tant de films n’ont presque pas de travail sur le son. Ray, un des compositeurs français les plus en vogue à Berlin, mérite amplement son Cannes Soundtrack awards. La scène d’introduction présentant la rave party est vraiment belle, c’est la plus belle de 2025 selon moi. Les participants paraissent vraiment possédés, tout semble réaliste (j’ai jamais fait de rave mais @Maudinus sur SC parle dans sa critique du fait qu’elle se reconnait dans la scène de rave par exemple).La manière de filmer les corps est originale, politique. Là où des réalisateurs un peu lourdingues auraient prévu 3 scènes avec des gens qui nous expliquent qu’il faut pas se moquer des gens qui ont des handicaps, que c’est important de les intégrer etc, ici on nous présente tout simplement une communauté de marginaux qui est humaine. Pas besoin de grands discours, la mise en scène peut suffire. On appréciera également la référence de Bigui, qui n’a  qu’une seule main, avec son T-shirt qui rend hommage au film « Freaks » de Todd Browning (1932).D’une manière générale, il se dégage de ce film une vraie poésie. Toutes proportions gardées, il y a du Lynch dans ce métrage: les plans sur les enceintes qui grésillent ne sont pas sans rappeler par exemple certains épisodes de la série « Twin Peaks ». Certains plans centrés sur la route, la ligne blanche qui défile à toute vitesse, m’ont évoqué « Lost highway ».Créer des paradoxes, des distorsions dans un récit, c’est souvent intéressant. Présenter une rave, des gens qui vivent leur meilleure vie, et en parallèle y inclure un père de famille Luis (Sergi Lopez) et son fils Esteban (Bruno Nunez Arjona) qui cherchent Mar, le deuxième enfant de Luis qui a disparu, ça fonctionne.Le périple est intéressant à suivre, on est impressionnés par les routes de l’extrême prises par les passagers sur le Sirât, selon les musulmans, un pont que l’on doit traverser lorsqu’on arrive en enfer pour le Jugement dernier. Même si il y a des moments de tension qui marchent dans la scène avec les mines, je trouve globalement un peu dommage le choix scénaristique qui fait que beaucoup de personnages meurent en quelques heures. On va dire que ce sont des raveurs qui vivent dangereusement dans un environnement extrêmement dur, accompagnés par Luis et Esteban qui arrivent dans ce milieu en étant pas vraiment armés pour survivre. Les risques sont donc réels mais ça fait un peu beaucoup dans la multiplication des événements tragiques, le film avait pas forcément besoin de devenir très dramatique et très spectaculaire pour être réussi.

Créée

le 14 sept. 2025

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Vincent E

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