Techno & Sahara

« Vous avez vu ma fille ? »

Luis part à la rencontre des technoravers européens pour trouver sa fille, ou au moins des réponses sur sa fuite. Il la cherche depuis des mois. Les technoravers, eux, ne savent pas ce qu’ils feront le lendemain. Sirat est un film de contrastes, de mondes que tout semble opposer, mais dont les motivations se rejoignent finement.

Accompagné de son fils Esteban et de son chien, Luis est prêt à braver tous les dangers, jusqu’à suivre ces étranges fêtards anarchistes au cœur du désert. Eux y cherchent la prochaine fête, et certainement une fuite. « La troisième guerre mondiale vient de commencer », mais on peut éteindre la radio et quitter les routes où s’amassent déjà tant de réfugiés.

Un fil rouge très clair guide les deux groupes au fil de ce road trip à la direction artistique post-apo (mais dans une temporalité si proche de la nôtre). Le scénario joue avec les attentes évidentes du spectateur pour mieux les tordre et ses moments forts surgissent quand on s’y attend le moins. Gratuit, diront certains. Ou nihiliste et hédoniste, comme les technoravers. Et existentialiste, comme la quête du père. Celle qui mène aux réponses, auxquelles il a droit en tant que père, auxquelles il s’accrochera coûte que coûte.

Le tout est distillé par des fragments de tranches de vie, espacés par des ellipses intelligentes et des séquences sublimes de conduite dans le désert et dans les montagnes. Plans minimalistes, véhicules étouffés dans un cadre où la poussière enveloppe tout l’écran, phares comme seules apparitions dans la nuit. Longs plans de ride dans le désert, parfois dans le silence, parfois sous les beats de la tech minimale enveloppante des technoravers. Pas trop d’explications sur les personnages, même si l’on devine des parcours cabossés.

Une expérience autant esthétique que narrative, et un film qui raconte autant les rencontres manquées que les liens humains qui surgissent alors qu’ils semblaient impossibles.