Sirāt
7.2
Sirāt

Film de Oliver Laxe (2025)

Avec Sirat, Óliver Laxe poursuit son exploration des marges ; après les montagnes mystiques de Mimosas (2016) et les forêts galiciennes en flammes de Viendra le feu (2019). il choisit cette fois désert marocain— immense, minéral, écrasant — comme théâtre d’un road movie âpre et incandescent où l’on croise des survivants cabossés, des exilés, des marginaux aux traits post apocalyptiques, un père (Sergi Lopez ) et un petit frère en quête d’une fille (sœur) disparue.

Laxe construit un univers à la fois visuel, auditif et presque synesthésique, on mange la poussière, on vibre avec les basses. Cette esthétique organique culmine dans une vision sidérante : deux enceintes noires plantées au milieu du désert, dressées comme des monolithes contemporains, à la fois absurdes et sacrés, qui rappellent l’énigme des blocs noirs de 2001, l’Odyssée de l’espace.

Le film frappe par son imprévisibilité. Les points de bascule du récit surgissent sans avertissement, laissant le spectateur dans une sidération totale .


L’univers évoque par instants la fureur de Fury Road, tout en conservant une lenteur hypnotique propre à Laxe.

Si les personnages masculins restent en demie teintes les trois figures féminines structurent le récit : Jade et Steph, aimantant la caméra par leur intensité brute, et Mar, la fille disparue de Sergi López, présence spectrale dont l’absence hante chaque plan.

Sirat est un film radical, sensoriel et inclassable : une traversée des confins où la beauté formelle rivalise avec la brutalité du monde qu’elle expose.

Mais cette puissance tient à la surprise : une fois les images connues, l‘intensité de la déflagration émotionnelle sera moins percutante. Une onde de choc, une expérience ,

un film fort, qui laisse sa trace, sans cette étincelle des grands films qui donnent envie d’y replonger.


Sulizhen
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le 14 sept. 2025

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