Du son plein les yeux

Ce qui m’a marqué dès l’ouverture, c’est cette rave dans le désert : la musique, la foule, les lumières, tout explose à l’écran. Laxe ne filme pas ça comme un simple décor, mais comme le cœur battant du film. L’intro nous plonge dans une transe où le son et l’image ne font qu’un, et cette énergie continue de nourrir tout le reste.

Techniquement, c’est irréprochable. L’image est d’une précision folle, presque trop parfois, et le travail sonore est magistral, on sent la vibration des basses jusque dans le récit. Mais cette perfection a un prix : les personnages ressemblent souvent à des silhouettes, comme absorbés par le cadre. On les suit, mais on ne les vit pas vraiment.

Ça m’a rappelé Antonioni, avec ses figures réduites à des présences dans le paysage. Sauf qu’ici, cette froideur n’est pas toujours compensée par une vraie profondeur psychologique. On reste un peu à distance, même quand l’histoire pourrait être plus incarnée.

Malgré ça, Sirat m’a happé. C’est un film qui fonctionne comme une expérience sensorielle, entre voyage et rituel. On sort peut-être frustré de ne pas avoir plus d’émotion humaine, mais secoué par cette alliance rare entre cinéma et musique, où la rave n’est pas seulement une scène, mais une manière de voir le monde.