“Sur le sable”

Dans le désert, au milieu des ravers, Luis, accompagné de son fils, cherche sa fille aînée. Lorsque l’armée débarque, la fête est finie.

Dans l’Islam, As-Sirât est un pont suspendu au-dessus de l’enfer. Plus fin qu’un cheveu, il est aussi tranchant qu’un couteau. Au jour du Jugement Dernier, chacun devra le traverser.

Devant les rochers, les amplis s’érigent un à un. Le son qu’ils vont cracher fera vibrer la vallée. La transe peut commencer. Pour oublier tous les problèmes, alors on danse. La musique pulse, les corps cabossés se déchaînent, les cœurs battent sur l’écran et dans la salle. Esprit punk et techno, ça sent la beuh, les bras et la poussière. La troisième guerre est annoncée, mais il est libre Max, avant de devenir « mad ».

Après cette entrée en matière grisante, le soufflet retombe. L’électrochoc promis à Cannes perd de sa puissance. L’échappée sauvage s’enlise dans les sables mouvants, alors que la route aurait dû être furieuse. Sans histoire, sans passé, les personnages au présent ne suscitent guère l’empathie. Jusqu’à ce que le réalisateur, dieu omniscient, fasse tout péter. Les paysages marocains quittent le réel pour basculer dans le métaphysique. Ebloui par la nuit, l’étrange convoi n’est plus qu’un petit point de lumière, fragile. La vie n’a rien de tendre et la mort est cruelle. En ce purgatoire, la peur devient salaire, et les enceintes forment des monolithes noirs, marquant la fin d’une humanité. Une résurrection est possible si elle avance sur de nouveaux rails, une fois le rêve parti.

(7/10)

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