Deux ans après la petite claque horrifique assénée du revers de La Main, les deux réalisateurs Danny et Michael Philippou reviennent gentiment nous en mettre une seconde et c'est avec un immense plaisir que je tend l'autre joue. Mélangeant émotion, tension psychologique et horreur qui fait mal les deux frangins australiens frappent même très fort avec leur second long métrage Substitution Bring Her Back.


Substitution Bring Her Back raconte l'histoire de la jeune Piper et de son demi-frère Andy qui se retrouvent confiés à une famille d’accueil après la mort de leur père. Si Laura, leur mère d’accueil reçoit chaleureusement Piper qui est aveugle il n'en est pas de même pour Andy qui justement voit peut être un peu trop bien que des choses très étranges se déroulent dans leur nouveau foyer.


Substitution Bring Her Back est une petite merveille qui combine l'émotion d'un récit qui tourne entièrement autour des traumatismes du deuil, un film sous tension parfaitement maîtrisé (quoi que large aux entournures) et une horreur qui fait grimacer et donne envie de tourner la tête y compris pour un vieux briscard comme moi qui a pourtant déjà avalé des tonnes de litres de sang et d'abominations par les yeux. Mais ce qui rend le film aussi costaud c’est qu'il s'appuie sur des ressorts dramatiques forts et des personnages qui le sont tout autant. Tout tourne donc (ou presque) autour de la notion du deuil et de différentes façons tout aussi traumatisantes de le vivre. Pour Andy c'est celui trouble d'un père violent et le souvenir cauchemardesque de la découverte de son corps inanimé et pour Laura c'est celui impossible de sa fille morte noyée dans la piscine familiale. Autour de ces deux traumatismes le film montre deux chemins distinctes, celui d'une tentative difficile d'acceptation et celui au contraire d'un refus qui conduit jusqu'à la folie, la violence et la pratique de sciences occultes dans l'espoir de faire revenir l'être disparue. Les trois personnages au cœur du récit sont parfaitement écrits et interprétés. La relation très tendre et fusionnelle entre Andy et sa demi-sœur Piper est très touchante et le personnage pourtant détestable à bien des égards de Laura porte en elle une fracture et une infinie tristesse bien trop importante pour la condamner à une caricature de simple méchante. Autour de ce trio et d'un quatrième élément dont je ne dévoilerai pas le rôle, Danny et Michael Philippou conduisent un récit étouffant de tension psychologique constante autour de Laura qui tente d'éloigner Andy de Piper à grand renfort de coups tordus et de manipulations psychologiques infectes. La jeune Piper interprétée par Sora Wong est absolument formidable tout comme la comédienne britannique Sally Hawkins qui campe ici une merveilleuse saloperie, de celle que l'on déteste au point d'espérer la voir mourir dans d'atroces souffrances et qui nous bouleverse aussi au point d'avoir envie de la prendre dans nos bras. Pour compléter le casting ; Billy Baratt fait le taf en grand frère protecteur et adolescent paumé et Jonah Wren Philips est assez terrifiant dans un rôle physiquement éprouvant.


On pourra toujours pinailler sur quelques largesses d’écritures qui selon votre degré d'implication dans le film vous sembleront futiles ou embêtantes. Tout le film s'articule ainsi autour d'un rite de résurrection qui reste en second plan de l'histoire et ne sera jamais expliciter de A à Z à l'écran. J'ai ainsi lu sur certaines critiques que cela pouvait gêner à la pleine implication voir à la compréhension du film, pour ma part cela ne m'a jamais dérangé et je trouves même que l'aspect tutoriel que Laura regarde inlassablement sur une vielle VHS montre combien elle même ne maîtrise sans doute pas toutes les clefs du rituel en question. En tout cas Substitution Bring Her Back nous offre des moments horrifiques qui conjuguent à merveille horreur graphique et choc psychologique avec des séquences douloureuses à regarder tant elles viennent titiller inconsciemment une sensation prégnante de douleur physique. En tout cas un gamin qui mâchouille un grand couteau de cuisine avec des bruitages bien suggestifs m'horrifie et me dégoûte bien plus que 95% des horreurs que j'ai pu voir dans des films ou la violence n'est pas aussi empreinte de réalisme et de cruauté. Et puis surtout Substitution Bring Her Back parvient à de nombreuses reprises à profondément m'émouvoir et me bousculer ce qui objectivement ne m'arrive pas tous les jours.


Deux films , deux réussites et même une belle progression entre les deux, de quoi attendre avec impatience la suite de la carrière des frangins Philippou (Cousins de Philippe Poutou ?). Substitution Bring Her Back pour son mélange d'horreur et d'émotion est incontestablement un franche réussite et l'un des films majeur de cette année 2025.

freddyK
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le 19 août 2025

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Freddy K

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