Une Ville d’amour et d’espoir (Ai to kibō no machi)

Nagisa Ôshima – 1959

Masao est un collégien qui doit batailler pour gérer le quotidien misérable de sa famille. Sa mère épuise sa santé à traîner sur les trottoirs pour cirer des chaussures, tandis que sa jeune sœur est une gamine attardée. Pour gagner un peu d’argent, il vend des pigeons qui ont la manie de s’échapper pour revenir à leur point de départ, et donc être revendus. Un jour, Masao rencontre Kyoko, une lycéenne issue d’une famille riche et qui s’intéresse à son cas. Alliée à Mademoiselle Akiyama, la professeur principale de Masao, elle va essayer de convaincre son père et son frère (à la tête d’une fabrique de téléviseurs) de l’engager comme employé…


Premier film d’Oshima et, franchement, il serait bien dur de reprocher quoi que ce soit à ce film qui, en 62 minutes, propose un excellent drame social. A la rigueur, son seul défaut serait ce titre banal, mais précisons ici qu’il a été choisi par Shiro Kidô, un des producteurs de la Shochiku, Oshima ayant en tête un bien meilleur « La Garçon qui vendit son pigeon », titre qui restituait à la fois l’aura de pureté de l’admirable personnage principal ainsi qu’un acte avec de terribles conséquences. En effet, rien de plus con qu’un pigeon, mais c’est par ce simple volatile que la lumière éclairera crument le fossé séparant le quotidien de familles plongés dans la misère la plus noire et celui d’une famille d’industriels depuis tout temps pétant dans la soie et qui aura beau jeu d’émettre un jugement aussi facile qu’injuste sur le petit commerce de Masao.


Les personnages sont nuancés, les acteurs sont tous excellents – en particulier Yukio Tominaga en fille de bonne famille à l’amitié simple et volontiers rentre dedans –, et la mise en scène, nerveuse (la durée courte ne permet pas de longs épanchements) et empruntant à une esthétique Nouvelle Vague (cf. la scène finale sur le balcon, les cadrages de biais…), fait comprendre l’enthousiasme des critiques de l’époque, enthousiasme qui allait permettre à Oshima de récidiver très vite – et brillamment. Y’a pas, on a connu des débuts plus laborieux dans l’histoire du cinéma…

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il y a 4 jours

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