Brothers : A Tale of Two Sons est un petit jeu comme il y en a eu plein au début des années 2010, tous plus décidés les uns que les autres à ressembler à un petit film qui aurait sans problèmes trouvé sa place à un festival de courts-métrages. Arrivé juste avant le creux de la vague du jeu indé, il essaie de nous proposer une histoire touchante et un gameplay innovant quoique dépouillé.
Côté gameplay c'est effectivement on ne peut plus dépouillé ! Le stick gauche pour diriger le premier personnage, le stick droit pour diriger le second personnage, et une gâchette chacun pour les interactions contextuelles (j'ai joué au pad) et rien d'autre. Mais il faut reconnaître que c'est plutôt efficace et que jamais on n'a l'impression de se répéter dans ses actions alors que tout ce qu'on fait concrètement c'est agiter les sticks dans tous les sens comme dans un shooter façon Beat Hazard et presser sur les gâchettes de temps en temps pour agripper une racine ou tourner une manivelle. Les séquences de plate-forme se mêlent à celles d'énigmettes toutes simplettes qui donnent un rythme ma foi très bien cadencé à l'aventure et on ne s'ennuie pour ainsi dire pas souvent à crapahuter dans les montagnes ou à explorer des mines faisant penser à la Moria du Seigneur des Anneaux.
Question histoire et environnement là aussi y'a du très bon boulot : la DA est servie sur un plateau garni de couleurs et d'ambiances fabuleuses - à un tel point que les développeurs ont semé des bancs dans tous les chapitres uniquement pour qu'on s'arrête et admire le paysage, sérieusement ! - qui donnent à l'aventure cet aspect d'épopée, de conte merveilleux à raconter aux enfants à la veillée dans le plus pur esprit de la tradition orale pour apprendre de grandes choses de la vie aux petits enfants. Et pour ce qui est d'apprendre de la vie...
Le jeu oscille entre des environnements à la limite du féerique avec des monstres gentils et comme plus mortel ennemi un chien de fermier et d'autres lieux atrocement glauques avec force hémoglobine et désespoir en bouteille.Ces changements d'ambiance radicaux donnent à l'histoire un aspect assumé plutôt bienvenu. Je laisserais pas trop ton petit frère y jouer par contre, piégé qu'il serait par la première heure de jeu, mais tu pourras lui raconter avant qu'il aille dormir. ça lui mettra des étoiles dans les yeux et des rêves dans le sommeil.
Question heure, justement ! En trois heures c'est bouclé. Là. Voilà. Un peu courte, comme aventure. Et c'est pas la chasse aux 12 succès qui va vraiment y rajouter de la matière. C'est peut-être aussi pour ça qu'on a constamment envie de voir Brothers : A Tale of Two Sons devenir un vrai petit film d'animation, qui nous raconterait une histoire forte et nous ferait pleurer dans un siège au premier festival de films venu. Mais pour l'instant c'est encore un petit jeu vidéo avec une ambition menée jusqu'au bout et réussie. C'était très bien et je recommande.
Ce jeu reçoit le B0GH's Seal of Approval