Skillsong: Premières Impressions

Une première impression après quelques heures de jeu.

L'attente aura été longue, aussi il est important de réajuster nos exigences qui ont naturellement atteint des seuils délirants au regard de ce qu'est réellement Silksong.

Silksong devait être initialement un DLC. Et, si on prend un tout petit peu de recul par rapport à l'événement que constitue sa sortie, on constatera que Silksong, bien qu'il ait grandi jusqu'à atteindre la taille d'un jeu et soit vendu comme tel, reste un très gros DLC. Il est conçu pour des joueurs ayant fini le premier et qui auraient poncé le endgame après toutes ces années à ronger leur frein.

À la lumière de ce rappel, tout s'explique. La courbe de difficulté abrupte, le level design bien plus linéaire, l'exigence souvent délirante.

Commençons par le positif. Les premiers pas sont délicieux . Le jeu est magnifique, les animations sont superbes, le feeling manette en main est extrêmement agréable (surtout après l'obtention d'une ou deux améliorations). Le travail sur le son est fabuleux. J'ai retrouvé avec un plaisir immense la charte graphique, le sound design et les musiques, cet univers mélancolique et mystérieux. De très agréables retrouvailles. D'autant que les toutes premières heures sont bien plus avenantes, la courbe de difficulté est douce, on croit retrouver la très agréable expérience de Hollow Knight. Sauf que Silksong garde dans son ADN son passé de DLC et ces premières heures d'enchantement laissent vite place au cœur du jeu avec un mur de difficultés très violent.

Dur, le jeu l'est, c'est une évidence, comme le endgame de Hollow Knight (qui avait poussé les potards jusqu'à des sommets délirants) avant lui. La différence c'est que ces sommets arrivaient dans des contenus optionnels, après une progression exemplaire de la difficulté au cours d'un contenu de base déjà conséquent. Là, pas d'échappatoire et ce mur arrive bien trop vite pour des joueurs qui découvriraient Hollow Knight.

Le deuxième reproche qu'on pourrait lui faire, concernant cette difficulté, relève des leviers de sa mise en place. Grand fan du premier que j'ai fini dans la douleur et l'épuisement, j'avais aimé la manière dont Hollow Knight devenait progressivement toujours plus difficile et comment il nous permettait d'affronter cette difficulté, au choix, ou frontalement ou en améliorant son équipement ou ses capacités via l'exploration d'un monde très ouvert dans de multiples directions.

Dans Silksong, les leviers d'augmentation de la difficulté manquent d'élégance: augmentation du nombre d'ennemis et de leurs dégâts. Surtout: augmentation de leur points de vie. S'il faut 3 à 4 coups pour occire le mob de base ce qui est déjà beaucoup, les ennemis avancés de chaque zone (et du coup ça en fait beaucoup) sont de véritables sacs à PV. Ajoutez à ça la raréfaction des checkpoints mais surtout l'allongement des chemins qui mènent aux boss (grosse faute de goût de la part de la team Cherry). Si l'exploration de Pharloom ne pardonne pas l'erreur, elle est surtout fastidieuse. Le jeu multiplie les alternances entre phases de plateformes interminables et très exigeantes et vagues d'ennemis nombreux, aussi résistants que mortels. Leur placement est calculé pour pousser le joueur à la faute quand ils n'apparaissent pas tout simplement dans de très (bien trop en fait) nombreuses arènes fermées.

Silksong rappelle en fait une autre suite. Celle du modèle de son grand frère: Dark Souls 2. Un aspect technique amélioré mais la perte d'un level design mythique et une difficulté relevée de manière inélégante et artificielle. Est-ce que c'est un mauvais jeu? Certainement pas, le gameplay est un délice, la partie artistique est somptueuse, certaines parties des niveaux et surtout la plupart des boss que j'ai rencontrés sont très bien pensés et constituent des défis grisants à relever.

Mais le défi qu'il représente ne s'adresse pas à tout le monde. Avant tout à une élite, qui aurait maitrisé le endgame du premier ou qui aurait le temps et les capacités pour affronter sa difficulté après une mise en jambe aussi courte. Et j'imagine que cette élite adore le jeu et lui pardonne son manque d'élégance. En ce qui me concerne, ne faisant pas partie de cette élite, j'apprécie quand même le jeu mais mon expérience est frustrante et laborieuse. Manque de skill diront ses défenseurs, en attendant, je suis à des années lumières du pur plaisir des trois premiers quarts de l'exploration de Hollow Knight. Skillsong est devenu un jeu de niche, ce que n'était pas Hollow Knight.

À voir, cependant, ce qui m'attend derrière, peut-être que ce premier avis changera du tout au tout.