Vous êtes confortablement sur votre divan, prêt à commencer une soirée cinéma. Le film, ce soir, et pour les soirs qui vont venir (car il est très long, au minimum 45-50h pour en faire le visionnage complet) c'est Film : la suite, qui comme le suggère astucieusement son titre est la suite de Film.
Film était (et est) plus de 7 ans auparavant, un des grands de son genre, voir l'aboutissement de tout un concept pour beaucoup : une œuvre riche et vaste, dont le contenu ridiculise les classiques de sa catégorie, construit autour d'un script qui narre le scénario d'un chevalier muet, obligé par le destin, qui s'en va arpenter un monde cohérent, mystérieux voir poétique mais non sans danger : un périple fantastique, resté dans les mémoires de beaucoup.
Film : la suite, c'est la même chose. Pas nécessairement en mieux, pas nécessairement en pire : mais c'est bien la même chose. La même générosité, la même richesse et le même monde mystérieux s'expriment ici par un script qui fait varier son protagoniste, et en l’occurrence sa protagoniste : le chevalier muet laisse place à une aranéide soyeuse qui s'investit dans la résolution d'un problème de tout un peuple.
La même chose, à une exception prêt : pendant le visionnage, sans explications réellement justifiées, le personnage sera freiné (voir puni) dans son élan. Comme si quelqu'un lui infligeait, de manière sporadique et sans trop appuyer mais de manière relativement constante des coups de cure-dents, non pas par sadisme, mais comme expérience intégrée à l’œuvre, faisant parti de son identité. Comment ça se traduit ? Par un certains nombre de choix qu'on peine à comprendre, un peu comme cette critique qui utilise une métaphore filmique qui n'a aucune raison d'être : l’héroïne sera mise en scène dans des combats d'arène aussi ardus qu'impromptus (et sans doute un poil trop fréquents), elle sera mise en difficulté par l'obligation de (re)faire parfois un (trop) long chemin après chaque mort et, bien que plus rare, subira des morts inévitables en raison d'un piège ou d'un ennemi caché.
Après un 100% pour un peu moins de 60h : était-ce suffisamment rédhibitoire dans mon expérience pour être aussi durs avec l’œuvre que certaines personnes ? Non, assurément : mais parmi les 9/10 que j'ai donné, je pense qu'il s'agira de mon "moins bon 9/10"; en raison d'un "ils ont voulu trop en faire" latent (certains ont fait un parallèle avec Elden Ring, et y'a un peu de ça), qui a légèrement terni l'expérience.
La ternir sans amoindrir la qualité bien réelle du titre : il rentre sans problème dans un top 10 voir sans doute top 5 de sa catégorie, de par ses qualités, largement similaires au premier comme évoqué plus haut, qui en font donc un grand jeu indépendant de l'année... voir un grand jeu tout court.