Cover 30 derniers (très) mauvais films vus

30 derniers (très) mauvais films vus

Liste mouvante des 30 derniers films qui m'ont déçu, révolté et/ou attristé, pour des raisons extrêmement différentes. Autant d'avertissements...
↑ "Pollice Verso" (extrait), Jean-Léon Gérôme, 1872 ↑

La "bonne" liste, pour équilibrer ...

Afficher plus
Liste de

30 films

créée il y a plus de 11 ans · modifiée il y a 3 jours
La Chose
4.8
1.

La Chose (1972)

Something Evil

1 h 13 min. Sortie : 21 janvier 1972 (États-Unis). Épouvante-Horreur

Téléfilm de Steven Spielberg

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Navet de compétition positionné en début de filmographie de Spielberg, téléfilm de seconde zone qu'on imagine parfaitement diffusé un dimanche après-midi à la télévision états-unienne en fin de siècle dernier. C'est tout naze, mal filmé, mal joué, mal écrit. On pourrait s'arrêter là tant l'histoire de maison hantée est pénible, poussive, grotesque... Mais c'est encore pire quand on prend en considération le fait que l'année suivante sortait "L'Exorciste" de Friedkin, même si on imagine des budgets très différents, l'ampleur de la différence qualitative est monstrueuse. Même "La Malédiction" de Richard Donner (1976), plus proche sur le plan thématique, fait figure de chef-d'œuvre en comparaison. Catastrophe à tous les étages, décor rural de Pennsylvanie à la truelle, gentille petite famille qui s'installe dans une maison découverte au hasard par la femme qui dessinait le paysage, grands signes annonciateurs de la dimension satanique des lieux, dialogues archi poussifs du type "Can you believe that I believe that the devil's in my house?". C'est un récit de maison hantée à prendre au sens très littéral et très catho américain, avec manifestation du diable au sens le plus premier qui soit (sans pour autant proposer de visualisation de l'entité en question, non, SPielberg se contentera de faire bouger sa caméra de manière désagréable pour ça). Spielberg s'amuse beaucoup à filmer la platitude de la vie de tous les jours pour mieux y immiscer des intrusions maléfiques, mais on s'emmerde incroyablement. La femme seule à la maison devient folle, le mari qui travaille comme un dingue bien entendu, avec en bonus des scènes de frissons d'une nullité mémorable. Le plus drôle, c'est bien que des critiques se demandent si Spielberg était influencé par "Citizen Kane" alors que c'est 100% dégueulasse... L'exercice me fascinera toujours.

Comme un fils
5.7
2.

Comme un fils (2023)

1 h 42 min. Sortie : 6 mars 2024. Drame

Film de Nicolas Boukhrief

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Nicolas Boukhrief est visiblement plus à l'aise dans le polar que dans le drame social, j'ai l'impression que les clichés sont plus facilement assimilables par l'organisme. Quel condensé de clichés, de misérabilisme, et de réflexes d'écriture en mode automatique ! C'est sidérant. On dirait un film scénarisé par un robot qui aurait été entraîné sur la base de tous les films des Dardenne. "Comme un fils", c'est un peu "Welcome" chez les Roms — et encore, il faudrait que je revoie le film de Philippe Lioret, sûr que je surnote. C'est grossier absolument dans toutes les directions entreprises, que ce soit dans les grosses ficelles de scénarios qui forment de gigantesques pirouettes prévisibles, ou dans la façon d'aborder le sujet (vraiment, c'est insultant, les Roms ne sont là que pour faire briller le personnage de Lindon). Au début on peut penser au portrait d'un homme fragilisé par son deuil récent, veuf depuis peu, sa fille s'inquiète de sa solitude, etc. On peut croire que le film va montrer une générosité déplacée, une attention exacerbée pour ce gamin qu'il ne connaît pas. Mais pas du tout, on bascule immédiatement du vol intercepté / cambriolage raté au don de soi total et sans condition, comme ça, et on nous demande d'accepter la chose sans broncher... C'est une grosse suspension d'incrédulité tout de même. Le personnage du prof qui a perdu sa vocation et qui retrouve goût à l'enseignement à travers cette expérience est une coquille totalement vide, jusque dans les derniers temps où il trouve par magie un salut dans le bénévolat au sein d'une asso (avec petite romance gratos à la clé). Un des films les plus nazes de Vincent Lindon dans sa carrière récente, qui ne fait jamais fructifier les difficultés ou les asymétries de l'échange entre adulte et adolescent. Tout ça en devient gênant.

Ravage
5.5
3.

Ravage (2025)

Havoc

1 h 45 min. Sortie : 25 avril 2025. Action, Thriller

film de Gareth Evans

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Gareth Evans, c'est vraiment perdu pour lui. J'en viens à douter de mon appréciation pour "The Raid 2"... On nous sert ici la ration d'actioner bourrin générique en faisant passer ce plat immonde pour du gastronomique, il y a des limites à la décence qui sont magistralement dépassées ici. Clairement le taf n'est pas fait pour poser les bases, le contexte, les personnages, avant de se lancer dans le bon gros délire régressif avec ses 1500 douilles à la minute et ses cadavres qui se comptent par paquets de 15. Tom Hardy, le flic au passé trouble (montré en semi-flashback tout nazouille) mais qui garde une part d'intégrité ma bonne dame. Forest Whitaker, le politicien véreux qui ne sert absolument à rien. Jessie Mei Li, la side kick féminine et pure qui aidera le héros sans broncher. Et dans le tas, un groupe de flics corrompus, et Luis Guzmán en personnage secondaire pour prendre son billet. Soit l'histoire, toujours la même, des flics pourris qui jouent avec les limites de leurs prérogatives et qui en coulisse défient les plus gros parrains de la drogue — segment méga nul pendant lequel on ignore l'identité des méchants ayant zigouillé des méchants, et qui sera révélée entre la poire et le dessert, sans broncher. Le réseau de corruption est alors identifié de manière totalement transparente, au milieu des hordes de mafieux qui tombent comme autant de personnages de jeu-vidéo. D'ailleurs, le comportement des voitures dans les scènes d'action m'a fait penser à de très vieux GTA, du genre à rendre un 38 tonnes lancé à 200 km/h aussi maniable qu'une voiture de police. Et franchement, au bout d'un moment, les bastons et gunfights incessants avec déluge de cartouches et d'hémoglobine, ça use, d'autant plus qu'Evans est pas du genre à favoriser la lisibilité de ses plans. De quoi rendre les innombrables scènes d'action très pénibles, interminables et nauséeuses.

Free to Go (Interlude)
4.

Free to Go (Interlude) (2004)

1 h 03 min. Sortie : 2004 (États-Unis).

Film de Andrew Noren

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

Il n'y a rigoureusement aucun sens à retranscrire et expliciter une telle expérience, qui à mes yeux a davantage sa place dans un musée d'art contemporain, dans une succursale consacrée à l'expérimental pur jus. N'importe quelle description factuelle serait réductrice, j'en ai conscience quand bien même c'est le genre d'expérience que j'ai en horreur — déjà en court-métrage, ça passe difficilement, alors au format long, ça relève de la torture. Mais en gros : 20 minutes d'images en noir et blanc prises vraisemblablement à bord d'une voiture sur une autoroute ; 20 minutes d'images en couleurs saturées prises dans des rues ; 20 minutes de nouveau en noir et blanc consacrées à des piétons. Présenté comme ça, fatalement, c'est pas ce qui donne le plus envie... Mais bon, la définition d'Andrew Noren lui-même ne me donnerait pas plus envie personnellement, et a posteriori ça relève vraiment du discours surréaliste : "Energy pictures; mindful kinesis. Light and shadow vigorously conjoin, conjuring delusion of depth and duration, fiction of space and time." Mais bref, des images manipulées à l'extrême pour convertir quelque chose de tout à fait banal en quelque chose d'extraordinairement abstrait. Pas d'histoire, juste des images qu'on relie de manière épisodique à des choses concrètes, avec des effets stroboscopiques constants, et des altérations à mes yeux hideuses et insipides. Très avant-garde, très art contemporain, très pas du tout pour moi.

Me, Myself, and My Third Eye: 4 Enlightened Stories for 1 Imperfect God
5.

Me, Myself, and My Third Eye: 4 Enlightened Stories for 1 Imperfect God (2010)

55 min. Sortie : 2010 (États-Unis). Drame

Film de Adam Cooley

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Très très compliquées à regarder, ces 55 minutes qui paraissent durer des heures... Je suis même surpris, a posteriori, de découvrir que le titre n'était pas aléatoire et qu'il y avait bien derrière ce fouillis expérimental quatre histoires censées exhiber un minimum de narration traditionnelle. Personnellement je n'ai rien pigé, un peu comme l'autre excroissance expérimentale vue récemment, "Free to Go (Interlude)". Sur le papier je lis "Quatre histoires distinctes, étranges et existentielles sur des personnes dont la vie est en transition et qui se posent des questions sur elles-mêmes et leur environnement." Soit. Ce que j'ai vu, de mon côté, c'est un amas d'images bricolées sur Paint et Movie Maker, saturées, altérées, avec mon cerveau capable d'attraper au vol seulement quelques phrases prononcées — des "I’m horribly disfigured no one’s ever gonna fuck meeeee!", des histoires d'insémination de la femme du président à l'aide de sperme de dauphin, ce genre de choses. Clairement un objet confectionné avec zéro budget, appartenant à un registre expérimental extrême auquel je suis totalement hermétique. Mais j'essaie, parfois.

The Beekeeper
5.1
6.

The Beekeeper (2024)

1 h 45 min. Sortie : 17 mai 2024 (France). Action, Thriller

Film de David Ayer

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

Il faut une sacrée endurance pour encaisser le choc d'un tel naufrage, et je manque manifestement d'entraînement car regarder "The Beekeeper" s'est avéré beaucoup plus pénible que ce que j'avais envisagé. C'est bête, c'est moche, c'est chiant. On dirait un film dont la mise en scène, le scénario, la direction d'acteur, la supervision des effets spéciaux et tout ce qu'on peut imaginer ont été synthétisé par un LLM qui aurait mouliné à travers tout ce que le cinéma états-unien d'action contemporain compte de pire. Non vraiment c'est d'une connerie abyssale, la nullité transpire à grosses gouttes par tous les pores, c'est d'une intensité folle. Il en devient même difficile de prendre David Ayer au sérieux quand il nous avance ce Jason Statham ancien super-héros des services secrets à la retraite, apiculteur près de chez une mamie qui est sur le point de se faire escroquer 2 millions de dollars par une arnaque téléphonique... Suite à quoi elle se suicide, et comme c'était la seule maman qu'il est jamais eue, voilà que l'homme tranquille va retrouver ses habitudes de tueur chevronné pour buter absolument tout ce qui se dresse sur son passage jusqu'à la tête de cette organisation de gens pas gentils.

Il y en aura donc pour tout le monde, le FBI et les milices privées, les jeunes arrivistes aux dents qui rayent le parquet, et on ira comme ça tranquillement jusqu'à la présidence des États-Unis s'il-vous-plaît... On ne recule devant aucune ânerie dans ce navet cosmique. Évidemment c'est une suspension consentie d'incrédulité qui est demandée, mais d'une envergure dépassant l'entendement. J'ai beaucoup de mal à comprendre comment on peut apprécier un tel spectacle qui ne fait aucun sens sur quelque tableau que ce soit. C'est d'une laideur notable en termes de chorégraphie des combats (grosso modo Statham est un héros invincible qui connaît tout et ne risque rien donc bon), c'est d'une débilité sans nom pour dénoncer les travers de notre capitalisme mercantile (ici via les jeunes identifiés comme des ingrats se complaisant dans le bitcoin et l'arnaque en tous genre), et bien sûr ça aligne les inepties scénaristiques avec une fréquence et une amplitude phénoménales — c'est affligeant à un niveau rarement atteint dernièrement. Aucune cohérence. ...

Suite
https://www.senscritique.com/liste/Top_films_2024/3769454?page=5

Les Ambitieux
5.4
7.

Les Ambitieux (2007)

1 h 30 min. Sortie : 24 janvier 2007 (France). Comédie

Film de Catherine Corsini

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Plus ça va et plus j'ai l'impression que "La Belle Saison" était un heureux incident de parcours dans la carrière pitoyable de Catherine Corsini, apparemment grande amatrice de psychologie et de sociologie de PMU et de supermarché. "Les Ambitieux" se complaît dans un parisianisme assez écœurant en prenant pour support principal à son récit le microcosme bourgeois de l'édition et se lance à corps perdu dans un pastiche involontaire de Rohmer particulièrement irritant. Impossible de décerner la palme de l'insupportable tellement la catastrophe germe à absolument tous les niveaux. Le plus immédiat, le plus épidermique, c'est la direction d'acteur : ah bon sang qu'ils sont horribles, Karin Viard en éditrice dominatrice, Éric Caravaca en écrivain provincial benêt, Jacques Weber en présentateur télé hautain, Gilles Cohen en artiste raté...L'horreur absolue. Bien sûr, chacun est là pour porter son petit segment de morale préfabriquée, avec l'homme en manque de confiance, plein d'espoir, se rendant à la capitale dans le but de devenir célèbre, qui verra ses idéaux naïfs détruits par cette femme sûre d'elle et de sa supériorité, mais à la fin les rapports de domination s'inverseront et c'est lui qui sera l'auteur d'un enseignement hautement existentiel envers elle. Sans surprise dans ce milieu germanopratin, le sexe est régulièrement convoqué mais de manière tout autant stéréotypée, comme dans un très mauvais téléfilm qui souhaiterait faire des commentaires sociaux bien au-delà de ses capacités. Sur le plan du scénario la catastrophe prend ses aises également, le coup de la boîte contenant des notes et des photos qui stimuleront l'imagination de l'apprenti écrivain, mais qui en fait renferme son lot de secrets révélés à la toute fin, rho la la qu'est-ce que c'est drôle et ironique. Corsini n'a visiblement aucun problème avec les pires tares cinématographiques, les invraisemblances comme le larmoyant. Cette comédie sentimentale atteint un niveau de pathétique dans sa tentative de satire assez phénoménal.

Minecraft, le film
3.5
8.

Minecraft, le film (2025)

A Minecraft Movie

1 h 41 min. Sortie : 2 avril 2025 (France). Aventure, Comédie, Fantastique

Film de Jared Hess

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

Hollywood, son cinéma industriel, toujours à la pointe pour repousser les limites de la nullité, de la laideur, de la bêtise, et surtout de l'opportunisme mercantile. On voit très bien, même sans être un joueur de "Minecraft", à quel point "A Minecraft Movie" est l'illustration parfaite du pouvoir infinie de cette industrie : en grande prédatrice, elle est capable de phagocyter absolument tout, à coup de millions de dollars et de décennies de négociations, pour parvenir à ses fins. Peu importe le résultat, l'essentiel se situe dans une sorte de culte du trophée. Un film sur l'univers Minecraft, chose difficilement concevable a priori : c'est fait.

Des films comme celui-là, on pourrait donc en imaginer des millions. Un univers particulier (en l'occurrence connu de presque tout le monde), dans lequel on vient greffer un exosquelette cinématographique en y injectant quelques ingrédients au forceps. L'intrigue n'a absolument aucun sens, la cohabitation entre monde réel et monde virtuel est nullissime, les enjeux sont radicalement inexistants, la cohérence de l'univers (graphique, mais pas uniquement) subit les pires maltraitances, et sous couvert de faire du cinéma de divertissement on se satisfait d'un résultat médiocre.

Non pas que Jack Black n'ait pas l'air de s'amuser : il surfe manifestement sur une vague déjà bien établie en jouant un gros nerd disgracieux qui s'assume, qui a trouvé sa voie dans l'univers du jeu-vidéo, et qui aidera ses nouveaux amis fraîchement débarqués avec une quête générique inintéressante au dernier degré. À ses côtés, une poignée d'inconnus avec un pseudo récit d'apprentissage bidon (grosse morale du film : sois créatif, et encore mieux dans la vraie vie), ainsi qu'un Jason Momoa qui tente un nouveau style — le raté au look improbable. Pas très drôle.

J'imagine qu'on voit beaucoup de clins d'œil au jeu dans le film. Mais c'est d'une grossièreté improbable, tout est maxi explicite, hors-sol, gratuit, sans conséquence, sans durée. Visuellement, on est proche de la bouillie infâme, il n'y aucune réelle ambition, les univers et les ambiances se multiplient mais c'est constamment la même fadeur. Une méchante sorcière-cochon et c'est terminé pour l'intrigue. Et quand on n'a rien à dire, multiplier les gags absurdes permet de remplir. Moi qui croyais que la beauté de Minecraft se trouvait dans la capacité sans limite de bâtir tout et n'importe quoi... Du réalisateur de "Napoleon Dynamite", cette chose est assez incroyable.

Cocorico
3.8
9.

Cocorico (2024)

1 h 32 min. Sortie : 7 février 2024. Comédie

Film de Julien Hervé

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

Séance masochiste à la hauteur des attentes placées en cette comédie française avec Christian Clavier et Didier Bourdon qui entend se moquer des clichés racistes chez deux archétypes de familles françaises, réunies par leurs certitudes de supériorité franco-française. Bien évidemment c'est nul à souhait, sur le plan de la mise en scène on se situe au degré zéro de la créativité, l'ensemble ressemble à du théâtre de boulevard rance, et le duo masculin de tête rivalise de cabotinage assez honteux — Bourdon et Clavier font quand même beaucoup de peine, bouffis dans leurs costards qui semblent être à deux doigts d'exploser. Cela étant dit, je m'attendais à pire, ou pour le formuler autrement, chaque séquence exhibe une forme de misère artistique, morale ou intellectuelle qui aurait pu être encore pire avec un peu d'imagination. Le niveau d'humour moyen est digne d'une classe de CM1 avec un cumul hallucinant de blagues sur les origines dignes d'une cour de récréation — pour le coup, le film n'ose pas vraiment se moquer du racisme d'aujourd'hui ciblant les populations arabes et africaines et préfère se réfugier dans des clichés du XXe siècle, avec les Portugais, les Allemands, les Amérindiens, etc. Tout ce qui découle de ces prémices est proprement lamentable, les mécaniques comiques sont affligeantes, les zones de tension sont affreusement mal jouées, la thématique du test ADN est présentée comme une fin en soi jamais questionnée, le tout sous couvert d'un message progressiste porté par les enfants des deux couples — sur le mode du message "il faut être fier du brassage de cultures" en totale contradiction avec tout ce que véhiculent les personnages, définis par les scénaristes par ces quelques pourcents d'origine non-française. Du cinéma essentialiste de gros beauf vraiment pitoyable qui se réjouit de manier les blagues les plus lourdingues qui soient.

Canicule
6.2
10.

Canicule (1983)

1 h 38 min. Sortie : 11 janvier 1984. Drame, Thriller

Film de Yves Boisset

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

Dans cet improbable croisement entre "Deliverance" et "La Soupe aux Choux", l'abjection se répand à tous les niveaux. On sort de l'expérience passablement sali, mais pas nécessairement dans les termes souhaités par Yves Boisset : personnellement j'ai la sensation d'avoir été agressé intellectuellement tellement "Canicule" concentre un ramassis de conneries scénaristiques rarement égalées... Honnêtement j'en viendrais à relativiser la position de mon pire film français toutes époques confondues, sorti la même année — "Les Morfalous" de Verneuil avec un Belmondo complètement cramé.

Sous prétexte de dépeindre un milieu rural arriéré, Boisset se vautre dans un bouillon abominable de caricatures en tous genres, en essayant autant de choquer par ses comportements déviants de tous côtés (les plus ostensibles sont Bernadette Lafont en nymphomane décérébrée et Victor Lanoux et mâle en rut) que par ses excès de violence physique (ah les effets spéciaux moisis des années 1980 pour figurer des blessures par balles). Il croise cette mixture déjà infâme avec des séquences entièrement orientée action d'une qualité plus bas que terre, que ce soit dans les portraits de truands (Jean-Pierre Kalfon et Pierre Clémenti, risibles) ou de flics (Jean-Claude Dreyfus, incroyablement drôle dans son comique involontaire de costume de GIGN qui ne lui va pas du tout). Au milieu de ces immondices, Lee Marvin parachuté là on ne sait pas trop pourquoi avec des références grotesques à "North by Northwest" de Hitchcock (cité via l'imitation de Cary Grant poursuivi par un avion en rase campagne), Jean Carmet qu'on essaie de nous rendre appréciable car il a chopé une blennorragie en Indochine, et Miou-Miou censée incarner la révolte féminine (mais dont le personnage est tout autant maltraité par les inepties du scénario).

Un désastre absolu. Une débilité constante. Une bêtise consternante. Une gratuité affligeante. Une imitation salissante de cinéma d'action états-unien, assortie de dialogues d'Audiard qui auront rarement été aussi à côté de la plaque.

Proposition indécente
5.3
11.

Proposition indécente (1993)

Indecent Proposal

1 h 57 min. Sortie : 12 mai 1993 (France). Drame, Romance

Film de Adrian Lyne

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

Ce que j'imagine être un ancêtre de "Fifty Shades of Grey" croisé avec la culture capitaliste 100% états-unienne de l'argent des années 1990, à savoir l'apogée du cynisme de l'ancien monde. Le film est aussi nul dans sa mise en scène scolaire et plate que dans sa tentative de choquer via une provocation morale censée être sulfureuse (l'argument du film : Demi Moore est en couple avec Woody Harrelson, ils sont sur la paille suite à une crise économique, et Robert Redford lui propose un million de dollars pour une nuit avec elle). Déjà sur le plan de l'érotisme on est au niveau zéro, c'est-à-dire une contemplation de la femme objet qui se maquille et qui s'habille avec des robes à 5000 dollars (rivalisant presque à ce titre avec l'étalon du genre, "Pretty Woman"), mais en plus Adrian Lyne s'engage dans ce qui s'apparente à un contresens absolu. Le message du film, il me semble, est de montrer que l'amour ne s'achète pas, et que les sentiments sont plus forts que n'importe quelle somme d'argent. Sauf qu'il passe tout le film à montrer comment la femme peut être un objet à monnayer et qu'elle finit par tomber amoureuse de son acheteur, et elle ne s'en départit que parce qu'elle accepte son mensonge final en toute conscience... Bref, ce serait quoi qu'il en soit trop d'honneur à faire au film que d'y réfléchir autant, lui qui se contente de baver devant le fric qui coule à flot à Las Vegas et de perpétuer son imaginaire de femme qu'on achète, qu'on s'échange, qu'on se prête. Comme le film de Garry Marshall précédemment cité, on est vraiment en plein dans la promotion de la prostitution de luxe, contre la volonté des personnes, en faisant en l'occurrence ici de la femme une propriété passant d'un actif à un autre. On est pas mécontent que cet Hollywood-là soit mort honnêtement, avec son exploitation miséreuse d'un argument de détresse financière pour fournir quelques bribes de justifications aussi bêtes que nauséeuses.

Monkey Man
6.4
12.

Monkey Man (2024)

2 h 01 min. Sortie : 17 avril 2024 (France). Action, Thriller

Film de Dev Patel

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Si, en bonne séance masochiste, je m'attendais bien à du revenge movie bien bourrin et du thriller / action qui ne sait plus où donner de la tête en matière de violence, je dois avouer avoir difficilement contenu ma surprise devant la démonstration faite par Dev Patel, acteur et réalisateur, 15 ans après sa présence innocente (mais non moins sirupeuse) dans "Slumdog Millionaire". Le gars ne fait pas dans la demi-mesure pour emballer son film : il faut que tous les curseurs soient poussés à fond, aussi on a droit à un cocktail infâme à base de tous les éléments ramassés à droite à gauche, du bon flashback dégoulinant de pathos montrant l'enfance tragique du pauvre héros assistant au viol et à l'assassinat de sa maman par un odieux méchant, des bastons à foison une fois le mode activé (probablement la partie la moins pitoyable du film au passage, elles ne sont pas si mal chorégraphiées bien que mal mises en scène), de la représentation pitoyable de chaque corps social (les gentils pauvres qui vivent gentiment dans la misère, les riches scandaleux qui se vautrent dans la drogue et la prostitution), et bien sûr du parcours ascensionnel amenant le protagoniste à accomplir sa longue quête de vengeance. Un film aussi bête dans l'écriture de son scénario que dans la frontalité de son opération vengeance, empêtré dans son histoire cousue de fil blanc et avec un soupçon de gratuité dans la légende évoquée dans le titre (tout l'arc narratif lié aux combats clandestins masqués est inutile). Complètement naze et bourré de clichés avec sa suggestion en termes de violence contenue que l'homme laisse enfin éclater, et assez pitoyable dans sa volonté d'imitation de "John Wick" en le citant explicitement. Grossier et grotesque tout du long, à l'exception du passage où est évoquée la communauté de hijras.

Paint
5
13.

Paint (2023)

1 h 36 min. Sortie : 31 juillet 2023 (France). Comédie, Drame

Film de Brit McAdams

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

La vacuité de ce film est assez abyssale, quel que soit l'angle par lequel on l'aborde. Le choix du sujet, un présentateur télé playboy et hippie animant une émission de peinture sur une chaîne américaine, met tout de suite la puce à l'oreille : avec une configuration pareille, cela ne peut qu'être inspiré d'un fait réel. Et il s'agit en réalité, après vérification, d'un pastiche jouant autour de la figure de l'artiste Bob Ross et de son émission "The Joy of Painting" dans les années 80. Mais jamais la chose ne sera élaborée, annoncée, contextualisée : c'est de l'ordre de la proposition random futile, je ne sais pas si l'échec doit être à relier au budget qu'on n'imagine pas bien conséquent mais le ratage est phénoménal. Owen Wilson dans le rôle principale, de fait, on ne voit que l'acteur avec sa perruque, et jamais un personnage auquel on pourrait éventuellement s'intéresser. Mais même en dehors de tout cadre réel, "Paint" surfe sur une vague de comédie romantique totalement à côté de la plaque,ratée, insignifiante, essayant de susciter un intérêt pour ce Carl Nargle présentateur / peintre de son état, à un moment controversé de sa carrière. Il alignait jusque-là célébrité et conquêtes depuis 30 ans, mais le jour où la chaîne engage une peintre plus jeune que lui qui lui vole la vedette, tout son univers s'écroule. Pa-ssio-nant. Le film ne questionne jamais intelligemment la thématique de la célébrité, et se contente de jouer autour de la figure du playboy à l'égo surdimensionné, avec la belle grosse mélasse d'une morale convenue sur la nécessité de se concentrer sur les fameuses choses essentielles de la vie (sincérité, amour, fidélité, tout ça). En fait, l'écriture est complètement à côté de la plaque, scénario, personnages, on avance à l'aveugle, sans ambition, avec un paquet de scènes presque gênantes tellement elles sont mal foutues. Peut-être que la dimension de parodie de show de Ross m'échappe totalement, mais je reste persuadé que le film n'a absolument rien à dire d'intéressant. Qu'est-ce qu'Owen Wilson est allé faire là-dedans...

Gangs of Wasseypur : 1ère Partie
7
14.

Gangs of Wasseypur : 1ère Partie (2012)

GANGS OF वासेपुर

2 h 40 min. Sortie : 25 juillet 2012 (France). Thriller, Action, Policier

Film de Anurag Kashyap

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Absolument illisible, insupportable, ridicule, désagréable. Rétrospectivement il est assez drôle de voir qu'en 2012 ce film (dont je n'ai vu pour l'instant que la première partie) était présenté comme le renouveau absolu du cinéma de Bollywood et qu'il avait semble-t-il fait l'unanimité dans sa tournée de festivals européens et auprès des critiques. Les références s'étalent de Scorsese à Tarantino en passant évidemment par "Le Parrain" de Coppola, puisque l'histoire décrit les affrontements entre gangs indiens des années 1940 aux années 2000. Mais tout cela est magnifiquement grossier, avec une mise en scène systématiquement tapageuse au service d'un récit pétri de nullité. On ne sait où donner de la tête ni pas quoi commencer tant le marasme est omniprésent, les acteurs sont constamment en surchauffe, les dialogues explicatifs ridicules, les accès de violence grotesques, les meurtres méga répétitifs, les intentions des personnages formulées de la plus explicite des manières... Au secours. Les années défilent, on passent des pillages de train aux guéguerres pour le contrôle des mines de charbons suite à la fin de la colonisation britannique sans transition, et surtout on nous sert double ration de clichés dégoulinants sur la mafia, les drames familiaux, les vengeances de vengeances de vengeances... Tous les curseurs sont débridés, que ce soit le charbon sur les têtes, le sang sur les mains, les ralentis pour aucune raison, et toujours ce mélange extrêmement maladroit de cruauté et de comédie. Je ne m'y ferai jamais, pas plus qu'au traitement réservé aux personnages féminins. Un festival de kitscherie, d'effets artificiels, de parodie involontaire, de fusillades à répétition. Et ce n'est que la moitié...

J’irai mourir dans les Carpates
5.7
15.

J’irai mourir dans les Carpates (2020)

1 h 36 min. Sortie : 16 septembre 2020. Comédie, Policier

Film de Antoine de Maximy

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Bel exploit synthétisé dans "J'irai mourir dans les Carpates", qui parvient à réunir au sein du même film tous les aspects les plus désagréables du comportement d'Antoine de Maximy (sous prétexte de voyager, il s'invite lourdement chez des inconnus tout en imposant le regard de ses deux caméras à tout le monde) et les pires tares de la comédie française vaseuse. Tout à fait incroyable de voir condensé dans ces 90 minutes autant d'inepties et de mochetés en tous genres. On n'arrête pas d'osciller entre différentes manifestations d'une laideur crasse, que ce soit au niveau du scénario, de l'interprétation, de la mise en scène, etc. En réalité, il n'y a pas une seule chose de réussie là-dedans. On nage en plein naufrage, avec un habillage digne d'un téléfilm de France 3 de dimanche après-midi, et des acteurs complètement nuls — Alice Pol dans le rôle de la monteuse-enquêtrice retrouvant la trace d'Antoine de Maximy après sa disparition, le stagiaire (alors lui il joue pire que moi si on me jetait devant une caméra), ou encore Max Boublil dans le rôle d'un flic qui tombe amoureux de la protagoniste. Au secours... En exagérant, 90% des péripéties tournent autour de Pol devant sa table de montage en train de découvrir des informations capitales en scrutant l'arrière-plan des vidéos de Maximy, on se croirait dans une parodie de "Blade Runner" ou "Blow Up", c'est catastrophique. Le pire dans l'histoire : ce film a été en partie développé au travers d'une campagne de financement participatif... Tout ça pour nous gaver de clichés racistes sur les habitants des campagnes de Roumanie. Pathétique.

Mr. Brooks
5.7
16.

Mr. Brooks (2007)

2 h. Sortie : 29 août 2007 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Bruce A. Evans

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Navet de première catégorie qui pousse Kevin Costner dans les orties en lui demandant de jouer un personnage schizophrène, riche homme d'affaires et époux parfait le jour alors qu'il s'adonne aux assassinats la nuit pour assouvir ses pulsions. Bon, déjà, rien que là, on sent qu'il y a un problème : Costner et serial killer... Comment dire. On n'y croit absolument à aucun moment, c'est pathétique. Mais ce n'est que le début d'une longue série de stupidités dont nous gratifient des scénaristes très en forme, le genre à pas se retenir quand ils ont des idées et à décider de tout mettre, de bien mélanger, et on sait jamais, un truc cool pourrait en ressortir... Mais non, évidemment, c'est l'indigestion totale et en plus on atteint des niveaux de ridicule (scénario, interprétation, mise en scène : ex aequo) qui donnent à ce film digne d'une série Z, par ailleurs extrêmement sérieux, un penchant parodique pour le moins rédhibitoire.

On nous montre une scène de mise à mort censée être parfaite, on dit que le gars a passé sa vie à faire ça, et pas de bol, il tue deux amants avec une immense fenêtre grande ouverte. Zut, j'ai oublié de fermer les rideaux. Pas de bol, encore : il se trouve que les deux cadavres aimaient faire ça en mode exhibitionnistes, et que tout l'immeuble d'en face se rinçait l'œil. Pas de bol, toujours : en face, il y avait un photographe, qui a donc pris des photos de Costner et qui viendra tranquillement à son bureau le lendemain pour... lui faire du chantage, mais non pas pour de l'argent, pour que le business man tueur lui montre comment c'est de tuer, "serial killer en immersion", quoi. C'est tellement affligeant, ce personnage est tellement con, l'histoire est tellement remplie de coïncidences ubuesques, mais ça ne suffisait pas. Aussi, la flic jouée par Demi Moore a droit à une back story à base de mariage compliqué abrutissante, avec en cadeau des tueurs libérés qui cherchent à la kidnapper et la tuer, pour échouer... avant de retomber sur elle plus tard dans le film.

La grande idée du film, c'est de personnifier la pathologie psy du héros en la personne de William Hurt, matérialisant sa pulsion mortifère. Mais ça ne change rien au niveau de stupidité global. Médiocre de bout en bout, avec quelques passages grotesques ahurissants. Et en prime, un arc narratif dédié à la fille du tueur, elle aussi sur la voie du meurtre — chose que le père accepte sans souci, sans souci de véracité psychologique. Naufrage majeur.

Postman
5.5
17.

Postman (1997)

The Postman

2 h 58 min. Sortie : 25 février 1998 (France). Action, Aventure, Drame

Film de Kevin Costner

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Sans doute un des mes plus vieux souvenirs remontant à l'époque où j'avais accès à un écran de télévision. Je revois encore l'écran de Kiosque Canal Satellite invitant à payer pour accéder à la séance... Mais j'étais trop jeune pour pouvoir acheter et regarder évidemment, je n'avais vu passer que la bande-annonce et l'affiche, probablement.

La réputation de "Postman" le précède, celle d'un film catastrophique abonné aux Razzie Awards. Manifestement Kevin Costner est un très mauvais réalisateur et acteur, et "Danse avec les loups" est soit une exception soit un souvenir erroné. En tous cas, on a ici affaire à un film pitoyable, englué dans sa musique sirupeuse et envahissante, avec des effets de mise en scène déplorables (le gars adore le ralenti et nous en sert pour n'importe quoi), et des enjeux exécrables (on dirait vraiment que le film a été réalisé par un enfant de 12 ans). Y' rien qui va, la structuration des camps est honteuse, soit partagée entre le bien et le mal sur fond d'allusion miteuse à la guerre de Sécession, soit donnant un aperçu d'une organisation digne d'un parc d'attraction sans le sou.

Will Patton incarne un grand méchant General Bethlehem en carton, il surjoue abominablement le tortionnaire sanguinaire, c'est ridicule. Aucune profondeur psychologique dans les rangs de son armée qui change de chef sans broncher — on se demande comment aucun autre n'a osé le contester, étant donné que Costner l'a fait. La contextualisation SF de post-apo est archi-minime, ça pourrait être un parti pris intéressant, mais ce n'est que pure cosmétique insipide, dans une veine qui évoque "Waterworld" croisé avec "Mad Max 2". Et quand même, toute cette histoire de facteur, mais c'est d'une nullité sans nom : l'idée de faire le portrait d'un héros malgré lui, pourquoi pas, mais le sujet de l'opportunisme n'est jamais creusé, on se lance dans ce projet de distribution de courier sans queue ni tête — tout ça pour nous gratifier d'un ralenti où Costner à cheval attrape une lettre tendu par un gamin, et deux fois s'il vous plaît. On n’a pas vraiment envie d’être méchant tant le film est raté, lamentable, kitsch, et terriblement désuet, mais difficile de ne pas être consterné.

Doublet de navets Costner, hourra.

Maestro
5.9
18.

Maestro (2023)

2 h 09 min. Sortie : 20 décembre 2023 (France). Biopic, Drame, Romance

Film de Bradley Cooper

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Aaaaah mais quelle horreur. Au secours. Un biopic sur un compositeur et chef-d'orchestre qui parle si peu de musique pour se consacrer presque exclusivement à sa vie privée, qui plus est dans une forme aussi ronflante d'académisme cinématographique... on n'est vraiment pas si loin de ma définition du cauchemar du film biographique, et ce d'autant plus que Bradley Cooper réalisateur aime beaucoup filmer Bradley Cooper acteur. Le geste est pathétique, et incroyablement pauvre sur le plan des idées et du cinéma.

Mélodrame terriblement boursouflé, soporifique, interminable, enchaînant les passages obligés de son registre chiants comme la mort, et qui peut en prime se vanter d'exhiber une certaine forme de prétention tout à fait déplacée. Cela devient de plus en plus drôle, à mesure que se dévoile l'inanité du propos, et la dimension insipide du contenu. Le genre typique de production industrielle états-unienne qui pense que l'on peut tout baser sur la capacité d'un acteur à jouer l'imitation — ah ça, oui d'accord, Cooper a beaucoup bossé pour faire illusion, au piano, à la baguette, etc. Mais ça ne sert absolument à rien quand la musique occupe une place aussi peu importante, , le film étant trop occupé à développer une relation amoureuse avec le personnage de Carey Mulligan dans des directions totalement dénuées d'intérêt. L'amour c'est compliqué, le cancer c'est terrible. Un film qui se fait atomiser par le "Tàr" de Todd Field sur le métier de chef d'orchestre.

Et puis concernant Bernstein, j'ai la sensation de n'avoir rien appris, rien compris de sa personnalité. Tristesse absolue. Ce qui est génial c'est que Cooper avait la naïveté prétentieuse d'ouvrir son film avec une citation du compositeur : "A work of art does not answer questions, it provokes them; and its essential meaning is in the tension within the contradictory answers". Eh ben force est de constater que le gars a un peu oublier de s'en inspirer pour sa propre œuvre, anecdotique, amorphe, sans émotion, et in fine insupportable.

Wild Bill
5.5
19.

Wild Bill (1995)

1 h 38 min. Sortie : 1 décembre 1995 (États-Unis). Biopic, Western

Film de Walter Hill

Morrinson a mis 2/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Insupportable de bout en bout, que ce soit dans le niveau général d'interprétation partagé entre cabotinage idiot et théâtralité déplacée, dans les partis pris esthétiques abominables (ah ces flashbacks en noir et blanc dégueulasse avec en prime multiplication de plans débullés), ou dans le rythme incroyablement poussif de l'ensemble. Pendant quelques minutes on se demande où on a atterri, on pense que le film va trouver son rythme de croisière après une introduction ratée, mais non, ce sera le même programme pendant 1h30. Du triptyque du weekend avec "Tombstone" et "Silverado", "Wild Bill" est de loin le plus nul et de très loin. So much for the revival western de fin de siècle...

Déjà quand on voit arriver Jeff Bridges avec un tel accoutrement et un tel niveau de sérieux, c'est mal barré. On passera en réalité tout le film à se demander à quel niveau de parodique est-on en train de se faire bouffer, et Walter Hill travaillera sur une ligne de crête méga casse-gueule épousant une sorte de parodie ultra sérieuse. Imbuvable. Et il faudra s'en farcir des trucs nazes, le surjeu complet de Ellen Barkin en Calamity Jane amoureuse et hystérique (bonjour le cliché de la femme mécontente en amour), la voix off assommante de John Hurt (nous disant ou redisant tout ce qu'il faut comprendre), ou encore David Arquette en antagoniste pas sûr de sa vengeance. Tous plus pénibles les uns que les autres, avec même quelque petites vignettes aussi ratées que le reste — cf. celle avec Bruce Dern en fauteuil roulant.

Le film annonce dès son affiche une star déclinante de l'ouest, monsieur le cowboy a la vue qui baisse et débarque dans la ville crasseuse de Deadwood. Mais jamais il n'atteindra son objectif, se perdant cent fois en chemin en longueurs assommantes et en impasses scénaristiques. Je n'avais pas regardé de film aussi pénible et raté depuis longtemps.

Les Maîtres de l'Univers
4
20.

Les Maîtres de l'Univers (1987)

Masters of the Universe

1 h 46 min. Sortie : 9 décembre 1987 (France). Action, Aventure, Fantasy

Film de Gary Goddard

Morrinson a mis 1/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Nanar heroic fantasy de premier choix, rien à dire. Fraîcheur inattaquable, c'est aussi moche et stupide que facile à regarder : toutes les cases sont cochées.

On est mis d'entrée de jeu dans la connivence : avec les soldats figurants et le grand méchant boss final seulement, le pompage sur l'univers de "Star Wars" saute aux yeux en moins d'une minute, c'est tout simplement impressionnant. Après tout, on est ici dans une adaptation cinéma d'un dessin-animé lui-même adapté d'une franchise de jouets... Que pouvait-il arriver de mal ? Aussi, dans ce mélange improbable et sale des univers pompés sur George Lucas et John Milius, Dolph Lundgren incarne le gentil Musclor maniant aussi bien l'épée de 3 mètres que les pistolets-lasers qui se retrouve avec sa petite bande dans une petite bourgade américaine suite à une série de péripéties toutes plus improbable les unes que les autres. Il est fort, il est courageux, et tout cela est avancé avec un premier degré que seules les années 80 savent concocter. Face à lui, Skeletor et les Forces des Ténèbres, et missions à la con sans queue ni tête.

Évidemment, c'est par gourmandise perverse qu'on se lance dans ce machin, non pas pour mettre à l'épreuve un scénario hautement distingué. Il est en réalité assez difficile de s'intéresser à l'histoire de manière sérieuse tellement les curseurs du n'importe quoi sont poussés à bloc — on a l'impression que c'était des enfants aux commandes. C'est de la série Z qui multiplie les détails de scénario nullissimes, les costumes 100% kitsch, le casting abominable et neuneu. Les grands artéfacts absolus sont brandis, les grosses répliques qui tâchent sont répétées, bref, on est dans un bon gros Cannon bien dégoulinant. J'imagine sans peine que ce film culte constitue un met de première catégorie dans les cercles d'initiés.

Lame de fond
5.6
21.

Lame de fond (1996)

White Squall

2 h 05 min. Sortie : 17 juillet 1996 (France). Drame, Aventure

Film de Ridley Scott

Morrinson a mis 2/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Un bon gros ratage comme Ridley Scott en a le secret, que je place dans les tréfonds de sa filmographie, à côté de "Gladiator II" et "Exodus - Gods and Kings"... Un récit d'apprentissage doublé d'un film d'aventures chargé à ras bord de mauvais goût, à commencer par cette musique omniprésente et insupportable (elle fait un peu penser à celle de "Gladiator" qui viendra en suivant, en bien pire) et cette caractérisation des personnages on ne peut plus pachydermique. Le style de mise en scène est d'une lourdeur incommensurable, ultra emphatique, soulignant chaque émotion à la truelle, et de ce fait extrêmement désagréable, partagé entre le neuneu et le gnangnan. Un style aussi naze que ce qu'annonce l'accroche de l'affiche française : "Les plus violentes tempêtes naissent dans le cœur des hommes"... On était prévenu en fait.

Un des gros ratages du film, au-delà de ce style que je trouve insupportable et superficiel, c'est l'incapacité à rendre compte du temps censé être long : les adolescents ont passé huit mois en mer, et pourtant, on ne sent pas grand-chose, ni dans la camaraderie, ni dans l'épreuve en mer. Scott insiste méga lourdement sur le fait qu'il y a des antagonismes au début au sein du groupe hétérogène et que la vie en mer, exactement comme prévu, forgera les caractères et créera des liens de solidarité. Aussi assommant qu'une récitation de collégien. Idem ici, on trouvait dans le résumé des indices du niveau : "ce voyage va les transformer d'inconnus en amis, de rivaux en alliés, de garçons en hommes". Sacré programme.

Au final de la vie rude on ne verra que des clichés disséminés de manière ponctuelle. Et comment dire, Jeff Bridges en capitaine, c'est assez difficile à avaler, il n'a pas du tout la carrure (reflet de sa célébrité de l'époque, sans doute). On aperçoit John Savage et Ryan Phillippe, sinon. À chaque escale, on a droit aux péripéties lourdingues d'ados fantasmant encore sur la chose sexuelle et autres péripéties totalement vaines. Le film raconte en réalité une tragédie qui frappa le voilier Albatross en 1961, sombra brusquement au large de la Floride, emportant avec lui 6 des 19 membres de l'équipage. À l'origine, une tempête particulière, le white squall éponyme, un grain blanc — phénomène météorologique soudain et très violent. Et le film n'en fait qu'une machine à transformer des garçons timides sou contestataires en modèles de responsabilité...

Café de Flore
6.4
22.

Café de Flore (2012)

2 h. Sortie : 25 janvier 2012 (France). Drame, Romance

Film de Jean-Marc Vallée

Morrinson a mis 1/10 et a écrit une critique.

Annotation :

La chute est fracassante et violente, je n'avais pas une image aussi dégradante de Jean-Marc Vallée. "Café de Flore" est un étalage consternant de procédés tous plus horribles les uns que les autres, que ce soit au niveau du scénario, de la mise en scène, ou de l'interprétation. Je ne comprends absolument pas comment le réalisateur canadien a pu penser que son histoire d'âme-sœurs, de réincarnation et de récits parallèles allait pouvoir passer agréablement. C'est une torture du début à la fin, annoncée par l'utilisation pompière de la musique qui va au demeurant assez bien avec l'image de DJ de supermarché qui nous est servie pour une moitié du film — utilisation très scolaire de groupes trop sûr, Sigur Rós, Pink Floyd, The Cure, Creedence, avec de temps en temps quelques remixes électro du plus mauvais effet. Il n'y a guère que la reprise de Noir Désir par Sophie Hunger qui surprend.

Le film consiste grossièrement en une juxtaposition gratuite de deux histoires, une en France dans les années 60 ou 70, et une autre au Canada à l'époque de la sortie. D'un côté, Vanessa Paradis en mère courage (et rendue laide pour l'occasion, on ne sait pas trop pourquoi) protégeant son enfant trisomique et témoignant un amour intense. De l'autre côté, Kevin Parent en père de famille parfait (femme aimante, deux filles, jolie maison, joli boulot, etc.) qui tombe sous le charme d'une femme et voit sa vie basculer. Et alors ? Eh ben rien, il n'y a aucun rapport. Si Vallée s'était contenté de tisser en parallèle ces deux histoires sans autre objectif, il aurait abouti à un film nul mais pas odieux. Malheureusement, il commet une faute assez ahurissante en voulant donner un sens à ces deux histoires dans le dernier quart d'heure, sous la forme d'une révélation désastreuse — une médium nous annonce que les personnages des deux époques communiquent d'une certaine façon : les uns sont la réincarnation des autres. La mâchoire se déboîte et tombe par terre devant une telle audace.

Et le machin de rajouter au niveau anesthésiant de tape-à-l'œil une surcouche de pathos tétanisante — le fameux accident de voiture qui anéantit une gentille petite famille comportant un enfant handicapé. Le virage ésotérique final est fatal, ajoutant à l'esthétique de pub une finition sous forme de bouillie mystique.

28 ans plus tard
6.3
23.

28 ans plus tard (2025)

28 Years Later

1 h 55 min. Sortie : 18 juin 2025 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Danny Boyle

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

Une aberration de tous les instants, ou presque. Danny Boyle fait son retour dans la série des films "28 jours plus tard" et on peut remercier Alex Garland au scénario pour avoir 1) rayé de la carte le deuxième volet en atomisant la continuité logique (finie la propagation du virus en Franc) et 2) concocté une histoire aussi naze, grotesque, et dense en incohérences. Franchement le film est ridicule sur tous les tableaux qu'il aborde : le récit d'apprentissage avec papa Aaron Taylor-Johnson initiant son fils aux règles de la vie dans cet univers post-apo (en gros, c'est complètement con, c'est juste aller sur le continent et tirer quelques flèches dans la tronche des zombies), l'émancipation du petit qui prend en main la santé de sa mère et qui défie toutes les règles qui régissaient alors la micro-société (des barres de rire comment il réussi à échapper à la vigilance des gardes, on se croirait dans un dessin-animé pour enfants), la mise en scène des tribus de contaminés structurées autour de mâles alpha (là aussi, des barres de rire que ce soit sur l'utilisation de la musique où le recours au symbole du phallus géant, avec option contre-plongée matraquée à de multiples reprises), et tout le délire final autour de Ralph Fiennes (en colonel Kurtz hindou recouvert d'éosine construisant des monuments osseux, grand moment de sagesse philosophique, attention, memento mori / memento amoris, au secours). On nous parle de covid, de brexit, de masculinité toxique, de mort et d'amour, mais aussi, histoire d'être sûr que tout le monde ait bien compris que Boyle joue la carte du grotesque volontaire, de Télétubbies. Un film qui déborde de mauvais goût et de bêtise assumée, insérant quelques belles images histoire de gagner deux ou trois esthètes endormis le reste du temps. Jamais terrifiant, toujours abrutissant avec son montage épileptique, ses effets numériques tout moches, ses saillies gore improbables... Alliage incroyable de balisage scénaristique total et de liberté artistique confinant systématiquement au ridicule (ah, la magie du placenta).

Cuckoo
5.7
24.

Cuckoo (2024)

1 h 42 min. Sortie : 18 juillet 2024 (Allemagne). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Tilman Singer

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Film caractéristique de la mouvance contemporaine internationalisée en matière de cinéma d'horreur, SF ou fantastique, avec un soupçon de tension du thriller : une idée saugrenue qui sous-tend un ensemble vacillant, dissimulée pendant les trois-quarts de l'intrigue de manière artificielle et révélée sur la dernière ligne droite de manière grotesque. À trop vouloir continuer à creuser un sillon horrifique usé jusqu'à la corde sans apporter de contribution majeure en termes de nouveauté, on finit par bailler. "Cuckoo", malgré sa coproduction originale intégrant l'Allemagne, aligne les clichés du cinéma d'horreur dans une logique d'empilement disgracieux et de crescendo dans le grand n'importe quoi. Le film manque de structure et ça se voit très rapidement à cette façon d'ajouter des éléments bizarres comme pour dissimuler le manque de cohérence : ici des personnages qui vomissent, là une présence inquiétante, et ainsi jusqu'à la fin ou presque. Il devient extrêmement pénible d'accompagner cette famille partie s'installer dans un complexe hôtelier des Alpes, avec une profusions de particularités dépourvue de cohésion d'ensemble : la petite sœur muette, le gérant inquiétant au discours fumeux, la femme en imper et aux lunettes qui va et vient au cœur d'un scénario erratique, dont l'unique carburant tient à un mystère entretenu avec beaucoup de maladresse. On le connaît tellement ce récit, avec ce lieu inquiétant renfermant des secrets qu'un protagoniste va pénétrer et révéler peu à peu... On peut évidemment décliner le concept à l'infini, et pour se faire un peu original, ou y colle un substrat quelque peu WTF — ici des humanoïdes croisés avec des coucous, au sens où comme l'oiseau ils placent leurs œufs chez les autres. De quoi enchaîner des bêtises sans nom pendant 1h40, avec seulement quelques secondes réussies à droite à gauche. Prévisible dans ses rebondissements et sa progression générale, et totalement vain dans l'ambiance oppressante qu'il essaie d'instiller, avec cette désagréable sensation d'être pris pour un demeuré.

Mission: Impossible - The Final Reckoning
5.8
25.

Mission: Impossible - The Final Reckoning (2025)

2 h 49 min. Sortie : 21 mai 2025 (France). Action, Aventure, Thriller

Film de Christopher McQuarrie

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Moi je voudrais bien, regarder un "Mission: Impossible" en décorrélant l'action et la star mégalo, mais bon, "The Final Reckoning" constitue à mes yeux le pire de la saga et un condensé des tics désagréables qui tournent en boucle depuis quelques années. Comment ne pas voir que tout tourne autour de Tom Cruise quand Ethan Hunt passe l'essentiel des 2h50 à courir comme un déchaîné, à se montrer en slip sous l'eau glaciale arctique, à répéter quinze fois le but de sa mission et que le sort de l'humanité dépend de lui ? Tristement, la saga s'est peu à peu transformée en une caricature d'elle même : je n'en reviens toujours pas de tous ces effets horriblement amateurs, ces compilations des épisodes passés pour donner un semblant de continuité et de cohérence, ces répétitions inlassables des mêmes dialogues abscons du type "This is written!", ces échanges entre personnages qui surlignent à mort la moindre parcelle de scénario pour tous ceux qui se seraient endormis... On atteint vraiment le niveau le plus élevé en matière de surcharge narrative, le film passe son temps à critiquer la force du mal représentée par l'intelligence artificielle alors qu'on dirait que tous les départements de réalisation ont été gérés par une IA. La suspension consentie de l'incrédulité, c'est possible, mais il faut quand même y mettre un minimum les formes : tout pue la contextualisation opportuniste dans ce volet, avec une méchante IA inexistante, des enjeux géopolitiques internationaux toujours aussi vains, et bien sûr un seul être humain capable de sauver le monde. Ah ça on nous le rappelle toutes les cinq minutes que l'horloge tourne, qu'il faut se dépêcher, mais ce mélange de sens de l'urgence tout pété allié aux dialogues crypto-technologiques et au sérieux dantesque de l'ensemble plonge les aventures dans un océan d'indifférence monumental. Pour Hunt, l'IA c'est l'anti-god, et le plus grand délire consiste à faire des loopings en biplan.

Superman
6.2
26.

Superman (2025)

2 h 09 min. Sortie : 9 juillet 2025 (France). Action, Aventure, Fantastique

Film de James Gunn

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

Hideux. À titre personnel, je me contrefous du mercato Marvel / DC à l'œuvre dans l'arrière-plan, avec le transfuge James Gunn aux manettes de tous les postes les plus importants dans cette nouvelle flaque de vomi portant le nom de "Superman". J'ai simplement trouvé ce film moche, et pas qu'un peu. Les effets spéciaux sont omniprésents, par la présence d'un personnage numérique, d'un décor, d'une explosion, et ils sont d'une effroyable laideur, donnant l'impression de se trouver dans une série B torchée à l'arrache alors qu'on parle d'un budget de plusieurs centaines de millions de dollars. Le récit de base a forcément quelque chose de ridicule à la base, avec son super-héros en slip rouge, mais le ridicule mortel se situe partout ailleurs, dans les comportements névrotiques idiots des méchants, dans les bastons incroyablement nulles, dans la profusion de personnes dont on se contrefout, dans cette sensation que tout peut arriver à n'importe quel moment, dans la bouillie de pixels qu'on nous assène violemment. Lex Luthor est un méchant en carton de première catégorie, tout est pourri dans son plan machiavélique, dans ses agissements, dans ses colères, dans son attitude. Superman est stupide dans ses gestes de sauvetage du genre "je sauve une femme dans sa voiture de l'écrasement d'un gratte-ciel mais on oublie les milliers de personnes autour" ou encore "ouf, tel chien ou tel écureuil est sauvé"... Et au final, le cœur de la problématique de ce volet, à savoir la part d'humanité du super-héros, est traité de manière totalement désinvolte. On s'en fout, comme du reste, ce n'est qu'une intention claironnée jamais réalisée. On navigue au gré d'invincibilité et de vulnérabilité qui se balancent sous le diktat d'un scénario caduque, on saupoudre le tout de post-vérité et de critique des rézos, avec un petit glaçage à base de géopolitique merdique (honnêtement, ces peuplades esquissées comme des masses informes armées de fourches qui crient Superman, quelle misère). On en est à faire d'un chien en CGI vêtu d'une cape le principal ressort comique et la caution tendresse d'un film tout entier.

The Exorcism
3.8
27.

The Exorcism (2024)

1 h 35 min. Sortie : 5 août 2025 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Joshua John Miller

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

Navet ostensible qui pue le recyclage sauvage de Russell Crowe (et de Sam Worthington, dans une moindre mesure, dans un rôle secondaire plus anecdotique) à des kilomètres, sur le filon du cinéma horrifique ayant concentré probablement la plus grande concentration d'abus : les histoires de possession. Pourtant dans les premières minutes, en étant gentil, on peut trouver une certaine originalité à cet "Exorcism" qui nous montre papa Crowe en proie à diverses addictions, incapable d'assurer son rôle de père, et il est suggéré que son état est causé par un trauma infantile en lien avec des abus sexuels en milieu religieux — sujet important et grave, rarement abordé dans ce genre de production, mais qui ne servira in fine littéralement à rien. L'espace d'un instant on pense qu'il va y avoir quelque chose d'intéressant dans ce mal qui ronge le protagoniste, sa fille ne comprenant pas s'il s'agit d'une conséquence secondaire de sa rechute dans l'alcoolisme ou d'une banale maltraitance paranormale. Spoiler : il sera question de démon, et ce dernier sera introduit de la plus pitoyable des manières, zéro contextualisation, zéro jeu autour de sa présence. Il rôde juste là, dans un coin, et c'est tout.

On est induit en erreur dans un premier temps car le film présente le décor d'un film dans le film, dans lequel un acteur répète avant qu'un fondu au noir nous fasse bien comprendre que quelque chose de terrible est arrivé. L'idée du plateau de tournage comme décor n'est certes pas nouvelle mais on voit bien le potentiel ludique d'une ambiance de film d'horreur dans le film d'horreur... Mais non. On se morfond dans un scénario inexistant qui nous matraque Crowe en père raté et en piètre acteur, rejeté par tous, en quête de rédemption, avec quelques référence à "L'Exorciste" de Friedkin (le réalisateur est le fils d'un acteur y jouant, ceci expliquant cela). Enchaînement de jump scare faciles, plongée dans une semi-pénombre 90% du temps, empilement de clichés propres au genre... Horreur inepte et soporifique.

Légendes d'automne
6.6
28.

Légendes d'automne (1994)

Legends of the Fall

2 h 13 min. Sortie : 5 avril 1995 (France). Drame, Romance, Guerre

Film de Edward Zwick

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

Un joli festival de mièvrerie, d'interprétations hasardeuses et de considérations morales périmées. "Legends of the Fall" offre un magnifique instantané de ce à quoi ressemblait le cinéma hollywoodien académique des années 1990, avec sa sur-utilisation de violons qui finissent par martyriser nos pauvres oreilles — mais aussi notre pauvre cervelle puisque à chaque coup de violon vient une scène débordant de pathos, et le film en est rempli à ras bord —, son histoire familiale consistant en une combinaison sans fin de tragédies partagées entre le sirupeux et l'inconséquent, etc. La liste des travers ahurissants est sans fin, et en plus Edward Zwick nous diffuse sa sauce rance pendant trois plombes, le gars n'étant pas avare en matière de clichés abominables et de revirements absolument risibles sur le plan de la cohérence psychologique ou même de la continuité logique.

Évidemment, le personnage central, c'est Brad Pitt, dans le rôle de l'homme sauvage, incontrôlable, proche de la nature et des animaux, élevé dans la proximité avec la culture indienne... Rien que sur ce sujet, les dossiers abondent. Il y a bien sûr la caricature du beau gosse aux cheveux longs, insaisissable, chevauchant son étalon dans le vent, mais c'est très probablement le plus inoffensif, l'arbre qui cache la forêt, étant donné le niveau de médiocrité intellectuelle qui suivra pour décrire les différentes communautés. Les femmes sont des potiches, des parasites infertiles, des absentes, des tableaux de chasse. Autant dire que le film ne passe pas le test de Bechdel... Et même topo avec les clichés sur les Indiens, c'est pas beau à voir. Et c'est quand on croit avoir vu le pire qu'Anthony Hopkins débarque pour la dernière partie avec une salve létale de grotesque — il cabotine comme personne en vieillard post-AVC, à tel point qu'il devient difficile de ne pas en rire à sa première apparition. Sur le plan du scénario, c'est probablement Aidan Quinn qui concentre les pires tares en oscillant entre les deux pôles gentil / méchant, avec un ultime retournement de situation dans lequel il se pose en sauveur, tout est pardonné, blablabla.

Bon après c'est drôle. À chaque fois que Brad Pitt va mal, qu'il est pas content, qu'il est triste, qu'il sombre dans l'alcoolisme, il a la barbe. Effet garanti. Et le combo musique dramatique + ralenti + frère en train de mourir sur des barbelés au front sous les balles d'Allemands machiavéliques + Pitt criant "noooooooooooon", collector.

Highest 2 Lowest
4.5
29.

Highest 2 Lowest (2025)

2 h 13 min. Sortie : 5 septembre 2025 (France). Thriller, Policier

Film de Spike Lee

Morrinson a mis 2/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Et voilà, ce qui devait arriver arriva. La lente dégénérescence, les premiers signes de sénilité. 35 ans après son pamphlet "Do the Right Thing" qui laissait malgré tout le champ libre à de nombreux discours complémentaires, Spike Lee en est réduit à nous asséner dans "Highest 2 Lowest" une fiction terriblement moraliste et peu inspirée. Tout cela en essayant autant que possible de ne pas tenir compte du fait qu'il s'agit d'une nouvelle adaptation de "Rançon sur un thème mineur", le roman sur lequel Kurosawa se basa pour réaliser son merveilleux "Entre le ciel et l'enfer".

Le charisme de Denzel Washington et l'implication de Jeffrey Wright (à des années-lumière de la semi-réussite "American Fiction", pour évoquer un autre regard sur la réussite et l'hypocrisie de l'époque contemporaine) n'y changent rien : cette histoire de riche producteur de l'industrie musicale réalisant soudainement que tout ne s'achète pas — corollaire : certains prix à payer ne se chiffrent pas en dollars — vacille profondément sous le poids de son scénario archi programmatique, alignant les dilemmes moraux sur le chemin du protagoniste comme les petits cailloux du Petit Poucet. Tout le film se déroule sous le prisme d'oppositions binaires paresseuses, riche contre pauvre, cadre contre chauffeur, vieux contre jeune, bon musicien contre mauvais musicien, rapport sain à l'argent contre cupidité, etc. Pour sa première partie, Spike Lee reprend presque littéralement les prémices de "Entre le ciel et l'enfer" en transposant l'histoire de kidnapping raté à New York — le coup des kidnappeurs qui confondent la personne à kidnapper simplement parce que deux jeunes ont échangé un bandeau, autant ne rien préciser du tout honnêtement. Tous les poncifs du genre sont étalés devant nous, jusque dans la résolution finale avec les principaux intéressés se faisant justice eux-mêmes, détenteurs d'informations que la police ignore.

Suite
https://www.senscritique.com/liste/Top_films_2025/4032681?page=2

Le monstre qui vient de l'espace
4.4
30.

Le monstre qui vient de l'espace (1977)

The Incredible Melting Man

1 h 24 min. Sortie : 18 mars 1981 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de William Sachs

Morrinson a mis 2/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Je m'attendais à un film d'horreur sérieux... et la confrontation avec un nanar de cette envergure m'a éclaboussé de toute sa bisserie et de tout son gore, dégoulinant à souhait. Et c'est bien sur ce dernier point que "The Incredible Melting Man" tire son épingle du jeu et rend le visionnage un peu moins pénible : les maquillages sanguinolents réalisés par Rick Baker sont clairement l'attraction du film, loin devant la réalisation et le scénario de William Sachs. La trame de SF ressemble tout juste à un brouillon, en introduisant le contexte d'une mission spatiale sur Saturne dont des astronautes revenaient avant qu'un événement indéterminé survienne, laissant un seul d'entre eux très amoché mais vivant à son retour sur Terre. Et voilà pour la toile de fond : un voyage aux confins du système solaire, des radiations létales des anneaux de Saturne, un mystérieux survivant... Largement de quoi alimenter 1h30 de délires nanardesques avec un abominable monstre visqueux en décomposition pourchassant des victimes de manière aléatoire.

On ne pige rien à l'origine de la pathologie, au niveau de conscience du monstre (qui nous est suggéré à la toute fin lorsqu'il finit par aider un ancien ami sans qu'on sache réellement pourquoi), à son mode de subsistance (on devine qu'il doit manger de la chair humaine pour survivre... mais pourquoi ?), ni bien sûr à comment les gens parviennent à se faire zigouiller pas une telle créature, bruyante, maladroite, lente, laissant des hectolitres de sang sur son passage. Mais les effets spéciaux maxi cradingues de Rick Baker valent à eux seuls le détour, histoire de se replonger dans le cinéma body horror de la décennie 1970s. C'est la seule région artistique qui soit cohérente dans ce naufrage, parvenant de manière très limitée à faire oublier le niveau de mauvais goût ambiant — certains ralentis sont tellement hideux qu'on se croirait dans une parodie. En réalité, Sachs souhaitait à l'origine réaliser une vraie parodie, mais toutes les portions comiques furent retirées par la production au montage au profit d'un surplus d'horreur... Les voies impénétrables de la rentabilité, surfant sur une vague scénaristique très proche de "The Quatermass Experiment" (1955).

Morrinson

Liste de

Liste vue 13.7K fois

65
55