1984
8.3
1984

livre de George Orwell (1949)

George Orwell ou le Hannah Arendt du roman

1984 ou le livre (formidable) qui se résume en une phrase, tellement marquante qu’elle vous restera longtemps en mémoire : « Big brother is watching you ! ». Terme de Big Brother qui d’ailleurs a traversé les frontière du livre de George Orwell et qui est devenu de nos jours comme un terme banal que l’on pourrait trouver dans un dictionnaire.
L’auteur George Orwell, journaliste écrivain anglais de la première partie du XXe siècle (décédé en 1950), aussi globe-trotteur (Indes, Espagne…), avec des sympathies plutôt à gauche (socialisme).
En 1949, donc après son autre très grand livre, La ferme des animaux que je conseille à tous, sort son plus célèbre ouvrage, 1984.
1984, What’s is it ? Le plus Grand, le Meilleur ouvrage « dystopique » jamais écrit jusqu’à aujourd’hui. Un roman qualifié de dystopie est un livre dans lequel l’histoire est une sorte de contre utopie (monde merveilleux), donc avec un univers qui se veut très sombre contraire à la société idéale.
L’action se place donc comme le dit le titre en 1984 dans notre monde, où celui-ci est partagé entre trois grandes entités totalitaires (l’Estasia, l’Océania et l’Eurasia) après un conflit nucléaire qui se font continuellement la guerre. Le héros Winston Smith âgé d’une trentaine d’année habite à Londres qui fait partie de l’Océnia, entité totalitaire (comme les deux autres territoires) appelé l’Angsoc, et travaille au sein du ministère de la vérité (institution chargée de produire la vérité et donc de réfuter certains faits et conceptions), et est soumis comme tout le monde à la surveillance omniprésente du pouvoir en place et la volonté du régime (et de la figure du leader la fameux et maintenant cultisime Big Brother !) de façonner les individus, mais Winston a un problème, il n’accroche pas et se demande si il est le seul, et va essayer de trouver un moyen de s’échapper à cette Etat intrusif…

Voilà le postulat de départ (très simplifié et très cours), certes le déroulement de l’histoire est sympathique mais ce qui fait la force de ce livre ce sont les situations auxquelles le personnage est mêlé et l’univers dans lequel Winston vit, qui en fait rend 1984 tellement exceptionnel et qui pourrait le faire passer comme le manuel du régime totalitaire.
Dès les premières pages on entre pleinement dans le livre : « La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force »

Pour cette critique je vais essentiellement revenir sur certains aspects de l’univers que j’ai trouvé vraiment excellent :

On peut commencer par la place centrale qu’occupe la « personne » de Big Brother, fondateur du régime et du parti, créateur de la société idéale moderne, véritable incarnation de l’Etat total et vénéré comme un Dieu, culte de la personnalité er source de tout pouvoir comme Hitler ou Staline.
Un autre aspect très important est aussi le moulage des individus, la propagande incessante du parti pour inculquer ses idées et contrôler l’esprit des gens (les fameuses minutes de la haine excellemment trouvées), et parti qui est le fondement de tout, allez j’y vais comme souvent de ma petite citation, et je citerais pour donner un exemple réel de ce point Mussolini : «Tout dans l’État, rien contre l’État, rien en dehors de l’État »

Comme dans les régimes totalitaires que sont le régime Hitlérien et le régime Stalinien, dans la société totalitaire de George Orwell on trouve la volonté de pointer du doigt un ennemi intérieur ; les juifs, communistes, allogènes.. ; pour les nazis, les koulaks et rebelles (qu’ils soient russes, ukrainiens, lettons…) pour les communistes et ici le fameux Godelstein dans 1984 véritable figure de la sédition et de la corruption des mœurs et pensées ; lequel est en autre toujours accusé de tous les maux de la société et tant qu’il n’est pas éteint peut justifier encore plus toute la surveillance de la population pour son propre bien.

George Orwell est allé encore plus loin dans son œuvre, le parti-Etat a notamment mis en place un nouveau langage et une nouvelle forme de pensée. Le novlangue à partir duquel de nombreux mots ou expressions ont disparu, pour en quelque sorte rendre plus idiots les individus et leur donner moins de moyens de réflexion et donc de remettre en question le régime. On voit aussi dans le récit la volonté de détruire cérébralement les individus (notamment avec l’usage du nouveau langage) en leur faisant accepter tout et n’importe quoi (Exemple : 2+2 = 5 (je ne suis pas sûr à 100% car ça fait pas mal de temps que je l’ai lu) sans aucune réaction, interrogation ou contestation et en gros de faire coïncider des choses complètement à priori contraires (voir citation plus haut)

Les caméras intégrées dans toutes les maisons et lieux publics correspondent bien à l’idée de surveillance totale et constante de la population ce qu’ont essayé de faire les régimes totalitaires (Staline, Hitler), le concept de la délation et de l’accusation aveugle et systématique (le voisin qui se fait dénoncer par son fils) montre bien aussi l’insécurité constante et la pression omniprésente auxquelles sont soumises les individus, et peut être mis en parallèles aux faits semblables qui se sont passés dans les années 30. Système sécuritaire aussi montré à travers les nombreuses exécutions des personnes irrécupérables (Gestapo et Grandes Purges bonjour).

Voilà pour quelques petits aspects du livre, critique et avis très parcellaire mais ma mémoire flanche un peu donc vous m’excuserez de ne pas en dire plus et de manière plus approfondie ;

Tous ces points donne un véritable aspect d’anticipation à son roman, car SURTOUT ne pas oublier que ce livre a été écris à la fin des années 40 ! Soit avant toutes les recherches faites sur la nazisme et le régime de l’URSS (depuis la dissolution de l’URSS), ce qui rend pour moi Orwell un véritable génie, et plus que cela quand on a vu ce qu’il s’est passé dans l’histoire et ce qui arrive actuellement on se dit que l’on pourrait très bien avoir quelques chose comme ce qui est dit dans 1984, et si cela arriverait ça ne me surprendrait pas beaucoup…

Bref, pour dernier conseil, si un jour vous devez partir sur une île déserte (oui je l’avoue bien volontiers que ce n’est pas très original) et vous ne pouvez amener qu’un seul livre vous savez maintenant lequel prendre !


PS : Je suis fan de tout ce qui est régime totalitaire donc peut-être pour cela en partie que j’ai plus qu’aimer

Autre PS : ne pas essayer de regarder le nombre de pages ou les différents chapitres, car c’est comme cela que je me suis spoiler la fin du livre ;)

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le 16 mars 2013

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