1963. Le monde est plongé en pleine Guerre Froide entre les Etats-Unis et l'URSS. Un téléphone rouge est mis en place entre Moscou et Washington pour essayer d'enrayer un conflit remis en exergue avec la crise des missiles de Cuba. Pendant ce temps, une marche civique pour les droits civiques a lieu dans la capitale américaine, sous l'impulsion d'un certain Martin Luther King. Le King Elvis Presley a laissé place aux Beatles qui commencent à envahir la côte Est, tandis qu'au Texas on continue à danser sur "In The Mood" de Glenn Miller et de son trombone. Oui mais voilà, tout semble s'arrêter un 22 novembre 1963 : le président John Fitzgerald Kennedy est assassiné lors d'un voyage à Dallas. Stupéfaction, horreur et tragédie.
Tout le monde connait cette histoire, ainsi que les parts d'ombres qui l'entourent. Et si cet événement n'avait jamais eu lieu ?

C'est à cette question que se retrouve confronté en 2011 un professeur d'anglais tout ce qu'il y a de plus ordinaire, Jack Epping. Approchant de la quarantaine, divorcé, Jack n'a jamais rien fait d'extraordinaire de sa vie.
Pourtant, à la demande d'un vieil ami mourant, le voilà entraîné dans une mission qui dépasse tout entendement : retourner dans le passé pour empêcher l'assassinat de Kennedy, et ainsi éviter toutes les conséquences dramatiques que cela a pu entraîner (tout particulièrement la Guerre au Vietnam qui a coûté la vie à des milliers de jeunes américains, et est resté comme l'un des plus grands traumatismes du pays de l'Oncle Sam).

Point de DeLorean et de 88 miles/h pour retourner en 1958 (Nom de Zeus !), Jack devient George Amberson, chargé d'une quête quasi divine, qui est de mettre hors état de nuire le tireur (officiel?) de ce 22 novembre, Lee Harvey Oswald. Il va donc essayer de se fondre dans le décor de l'époque, et mener son enquête pour être certain de la culpabilité d'Oswald afin de le tuer et d'éviter la tragédie du 22 novembre. Mais au cours de sa mission périlleuse, Jack va se rendre que le passé ne peut pas être changé si facilement que ça, et que le moindre petit changement peut entraîner des répercussions plus importantes qu'il n'y paraît dans le futur...

Le nouveau roman de Stephen King se déroule donc essentiellement à la fin des années 50 et au début des sixties, dans une Amérique en proie à une paranoïa grandissante due à l'ennemi communiste. Au cours de ce livre (extrêmement) long, King est riche en détails, au point que nous nous sentons complètement immergés aux côtés du héros principal. On ne peut que saluer l'effort payant de l'auteur de faire revivre dans ces pages l'ambiance de cette époque, assez méconnue malgré tout. En effet, passé les clichés des drive-in pris d'assaut par des garçons en blousons de cuir noirs et banane sur la tête, accompagnés de pin-up dans des voitures rutilantes aux couleurs vives, King nous montre l'envers du décors, celui d'un Dallas pauvre, malsain, à la population malfamée habitant dans des taudis. On peut cependant regretter le manque de considération sur la cause des afro-américains et leur lutte pour l'égalité des droits, surtout au Texas, même si ce détail ne fait pas partie intégrante de la trame de l'histoire.

Stephen King livre donc ici un livre historique, mais empreint d'une forte dose de fantastique, en ré-utilisant une histoire connue de tous pour en crééer sa propre version romancée. Ce livre est très efficace, même si l'on peut reprocher à l'auteur de s'être trop égaré de son histoire centrale pour faire vivre quelques trames secondaires. L'histoire amoureuse de Jack peut notamment être perçue comme trop présente, et parfois "cliché" par moments, ce qui empiète considérablement sur sa mission principale. Enfin, la fin est quelque peu conventionnelle et un peu abrupte compte tenu de la longueur du roman (certains se diront "tout ça pour ça ?"), mais dans l'ensemble, 22/11/1963 a parfaitement rempli son contrat de nous tenir en haleine pendant 900 pages.
Stephen est toujours le King.
Thibaulte
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le 2 juil. 2014

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Thibaulte

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