J'avais depuis longtemps entendu beaucoup de bien de ce livre. C'est donc plein d'espoir que je l'ai abordé. L'histoire débute par un petit préambule de deux pages : deux jeunes sont à table dans un restaurant berlinois. La mère de la jeune fille et le père du jeune homme sont des amis d'enfance et viennent de se retrouver par hasard après s'être perdus de vue durant près de trente ans. Le jeune couple fait connaissance de façon gauche et viennent à évoquer l'adolescence de leurs parents. Leur discours ne me convainc absolument pas. Je le trouve forcé, difficile et finalement tout à fait improbable. Peu de chance à mon avis que deux jeunes ne se connaissant pas tiennent ce genre de conversation. Ma lecture partait bien mal, mais je ne me voyais pas envoyer le bouquin balader après seulement deux pages. Surtout qu'il avait une très bonne presse. Je persiste donc et entame la première des trois parties : Le chevelu et la minette.

J'ai beaucoup de mal à entrer dans le livre. Je souffre encore de mon mauvais départ, je ne suis pas dans de bonnes dispositions, et inconsciemment cherche la petite bête à la chaque mot, chaque phrase, chaque paragraphe. Et c'est fou ce qu'un lecteur déçu parvient à trouver comme défaut dans un texte au demeurant de très bonne facture. Mais petit à petit, ma vision se modifie. J'entre dans le jeu, suis pris dans les aventures lycéennes de ces jeunes et de plus en plus sensibles à l'humour palpable du texte. Bientôt, je suis avec eux, souffre à leurs côtés, me réjouis de leurs petites tranches de bonheur. Et me retrouve même à rire tout seul de leurs blagues, indifférent aux regards interrogatifs que je sens pointés sur moi et cherchant à identifier le titre du livre qui me fait tant marrer. Car, à certains moments, Jonathan Coe est irrésistible. Grave à d'autres, tragique parfois. Car nos lycéens, s'ils ne se préoccupent d'abord pas de l'actualité du monde dans lequel ils vivent, n'en sont pas moins impliqués. On suit en parallèle leurs parents qui, eux, posent leur regard sur une Angleterre en pleine mutation, entre syndicats, l'arrivée de Thatcher au pouvoir, la guerre en Irlande et l'activité terroriste de l'IRA. L'angoisse suit le rire. Le rire suit l'angoisse.

J'aime aussi le mélange des styles : roman traditionnel avec un narrateur extérieur, puis confidence d'un protagoniste (Benjamin, en général), roman épistolaire avec la publication de lettres adressées à certains personnages de l'histoire, publication d'extraits du journal du lycée (tout à fait excellents), articles de presse, interviews... On ne s'ennuie jamais, on est pris dans les multiples rebondissements, on est ému par l'amour de Benjamin pour Cicely...

Mais le livre s'achève sans donner toutes les réponses. Certains points, laissés en suspens, frustreront un peu le lecteur laissé dans l'incertitude. J'imagine que le second volet (Le Cercle fermé) apportera des éclaircissements...
En bref, un livre qui débutait mal et qui, au bout du compte, se révéla prodigieux : l'une de mes meilleures lectures de l'année 2010 !
BibliOrnitho
9
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le 19 juin 2012

Modifiée

le 16 août 2012

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BibliOrnitho

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