[Je pars du principe que cette fiche est celle de L'Assemblée des femmes, celle de Ploutos existant déjà.]

Le pouvoir aux femmes, un grand fantasme qui existe au moins depuis le Ve siècle avant notre ère et qu'Aristophane s'amuse à mettre en scène. Pour de nombreuses raisons (ma foi drôles mais assez convaincantes, ces perverses savent manier la rhétorique), les femmes obtiennent le pouvoir sur la cité et leurs réformes essentielles reposent sur deux points (n'ayons pas peur des anachronismes) :
- une sorte de pré-communisme à la spartiate, avec une mise en commun des biens, de sorte que tous soient égaux et heureux (on oublie les esclaves bien sûr, ces sous-hommes qu'Aristophane ne songerait pas même à remettre en question)
- un libertinage intéressant, dans lequel on n'oublie personne, polyandrie et tout et tout.

Difficile encore une fois de savoir où situer l'opinion d'Aristophane dans cet embrouillamini. Car ça part dans tous les sens, avec une Praxagora qui mène la révolte puis s'efface au profit d'un homme, de trois vieilles, de Blépyros. Les réformes des femmes satisfont d'abord tout le monde, puis suscitent des contestations. Que penser de la vision des femmes ? Peut-on parler de féminisme ou au contraire d'une confirmation de la femme dépravée, d'une femme idéaliste ?
Mais le but, c'est peut-être simplement d'interroger en faveur de la paix, de souligner les défauts d'un système qui passe trop souvent pour le modèle parfait de la démocratie, et puis évidemment de faire rire. A prendre comme on l'entend.

On oubliera pas bien sûr les multiples allusions sexuelles - entre incroyable naturel et humour dévastateur -, la richesse du style, la subtilité du discours, enfin tout ce qui fait d'Aristophane LE poète comique antique. Mais pour justifier mon 7, en-deçà des autres notes que j'ai attribuées à Aristophane : il y a tout de même un petit goût de sous-Lysistrata dans L'Assemblée des femmes, même si les deux pièces se complètent mutuellement.
Et puis on se lasse à ne lire que des choses géniales. *sort loin*
Eggdoll
7
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Théâtre, tout ce que j'ai lu. J'en ai vu, mais bon, je préfère le lire.

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le 1 déc. 2011

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Eggdoll

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