Un joli voyage dans l'humanité
« La nuit sacrée » est la suite de « L’enfant de sable » et une fois de plus les mots de Tahar Ben Jelloun parlent à mon âme. Après une vie de mensonges, Ahmed devient une femme...
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le 24 juil. 2017
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"La nuit sacrée" de Tahar Ben Jelloun, Prix Goncourt 1987 qui paraîtrait presque décerné pour des raisons politiques, présente un roman court à mi-chemin entre récit initiatique et conte moderne. Cette œuvre, où le monde contemporain est largement imprégné de magie et de symbolisme, ne parvient pas pleinement à convaincre.
Ce caractère hybride du texte dérange par moments. Le côté fictionnel et onirique, parfois trop prégnant dans sa volonté de créer une distance avec le réel, fait perdre de sa force au message de dénonciation porté par l'auteur. Certes, on peut saluer la volonté de Ben Jelloun de dénoncer le traitement terrible infligé aux femmes marocaines et le poids de la religion couplé à l'hypocrisie des bigots. Mais là où Driss Chraïbi adoptait une approche trop frontale et descriptive dans "Le passé simple", Ben Jelloun peine ici à trouver le ton juste. Le roman naviguant maladroitement entre des passages trop métaphoriques (l'enlèvement par le prince, les rêves de la protagoniste...) et d'autres d'une crudité inattendue (comme la torture que lui infligent ses sœurs en prison). Ce balancier constant entre le récit métaphorique et l'horreur gratuite nous éloigne de la réalité contemporaine des femmes marocaines et tend à diluer un message qui aurait gagné à être plus direct, plus réaliste peut-être.
Par ailleurs, la plume de Tahar Ben Jelloun, bien qu'élégante, verse parfois dans une préciosité qui alourdit la lecture. J'ai personnellement peiné à vraiment entrer dans cette histoire et à me sentir concerné par les postures des personnages qui apparaissent, au final, assez désincarnés. Loin d'être happé par cette histoire et le destin de cette femme qui se découvre, j'avoue m'être passablement ennuyé.
En somme, malgré des qualités littéraires réelles, "La nuit sacrée" reste à mes yeux une œuvre inégale qui ne parvient pas à exploiter pleinement son potentiel narratif et son ambition dénonciatrice.
Créée
le 12 mai 2025
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