Soir de bal à l’hôtel du comte de Gondreville en ce mois de novembre 1809. Le tout Paris est présent, en grande toilette car l’empereur auréolé des lauriers de Wagram a promis de venir.
A l’intérieur des salons, un luxe tapageur prévaut : robes de fête, habits de soirée, diamants, rubis. Les femmes sont étincelantes et entendent le montrer. Les hommes admirent, discutent, fanfaronnent, paradent, se vantent. Se disputent les faveurs féminines. Papillonnent, conquièrent ou abandonnent. Et à l’occasion, trahissent.
Les forces en présence ? Le colonel de Soulanges, marié et qui vient tout juste de se faire ravir le cœur de sa très belle maitresse, madame de Vaudremont. Madame de Vaudremont, une jeune et belle veuve de 22 ans, très riche : un fort beau parti très convoité par la gente masculine. Le baron Martial de la Roche-Hugon, célibataire enviable, plus tout jeune mais très ambitieux ; un requin aux dents longues, endetté et nouvel amant officiel de madame de Vaudremont. Le comte de Montcornet, officier de l’armée impériale, célibataire et un des plus beau parti de l’armée, destiné aux plus hauts grades ; grand ami de Martial. Et une très belle inconnue en robe bleue qui se tient timidement dans le coin le plus sombre du salon. Cette femme dénote dans une telle société ; reste assise, ne danse pas.
Martial et Montcornet l’ont remarqué : ils sont tous deux décidés à la séduire et se lancent un pari dans ce sens. Martial n’est pas libre mais écarte avec impatience l’argument narquois de son concurrent. C’est Montcornet qui parvient le premier à aborder l’inconnue. Et le premier à être éconduit. Marial rit de la déconvenue de son ami et s’apprête à lancer sa propre offensive.
Tout le salon s’amuse du jeu de dupes qui se déroule ce soir-là. Tous ont vu le manège des deux hommes. Tous s’interrogent sur l’identité de la belle que personne ne semble connaître. Tous ont également remarqué la douleur discrètement éprouvée par madame de Vaudremont que son amant a subitement délaissée. Spectacle mondain cruel qui fera à n’en pas douter des victimes.
Une nouvelle passionnante dans laquelle le lecteur assiste aux intrigues amoureuses qui se font et se défont aux grés des battements de cils de ces dames. L’écriture de Balzac est magnifique, le ton est vif, mordant et caustique. On frémit de l’arrogance et de la fatuité des galants. Et on découvre que dans ces jeux de pouvoir, les femmes sont loin d’être démunies.
Délicieux, savoureux !
BibliOrnitho
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le 31 mai 2013

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