Journeyman (NBC, 2007) avait toutes les cartes en main pour offrir une série marquante : un concept de voyages temporels, des enjeux personnels, et un protagoniste pris entre plusieurs époques de sa vie. Pourtant, malgré cette base intrigante, la série s’embourbe rapidement dans ses propres maladresses. D’où ma note de 5/10, qui traduit autant mon intérêt initial que ma déception progressive.
Dès les premiers épisodes, Journeyman peine à définir clairement les règles de son univers. Les voyages temporels, censés être le cœur du récit, deviennent vite un simple prétexte narratif. Les scénaristes semblent hésiter entre le feuilleton familial et le drame de science-fiction, sans jamais véritablement choisir une direction forte. Résultat : les enjeux temporels perdent rapidement leur tension dramatique. Au lieu de proposer une vraie réflexion sur le destin ou les conséquences de nos choix, la série s’enferme dans une mécanique répétitive où Dan Vasser "répare" des vies sans que cela ne nourrisse réellement l’intrigue globale.
Kevin McKidd livre une prestation solide, parvenant à donner de l’épaisseur à un personnage souvent enfermé dans des dilemmes convenus. Son triangle amoureux avec sa femme Katie et son ex-fiancée Livia aurait pu être un moteur émotionnel puissant, mais il reste trop souvent à la surface des choses. Les relations secondaires manquent cruellement de substance, et les dialogues peinent parfois à dépasser des échanges fonctionnels. On sent un potentiel émotionnel jamais pleinement exploité.
Techniquement, Journeyman est correct mais plat. La mise en scène reste sage, presque téléfilmique, et la photographie ne dégage aucune identité marquante. Dans un genre aussi saturé que le voyage dans le temps, où l’atmosphère peut devenir un personnage à part entière (on pense à 12 Monkeys ou même Lost), l’absence de véritable ambiance nuit à l’immersion.
L’annulation au bout d’une saison n’a rien d’un scandale injuste : elle traduit avant tout l’incapacité de la série à créer un véritable attachement ou une attente. Journeyman ne se donne jamais les moyens de ses ambitions, préférant effleurer ses thèmes au lieu de les creuser. On ressort avec la sensation d’une série qui aurait pu être brillante, mais qui s’est contentée d’être simplement regardable.
En définitive, Journeyman n’est ni catastrophique, ni enthousiasmant. C’est un de ces projets qui suscitent une curiosité initiale, mais qui peinent à laisser une empreinte. On voyage dans le temps, certes, mais on n’en retient pas grand-chose une fois le générique passé.