Il y a des séries qu’on regarde, et puis il y a celles qui vous suivent. Life on Mars fait partie, pour moi, de la seconde catégorie. Un 9 sur 10 qui ne tient pas à une simple nostalgie du vintage, mais à la puissance avec laquelle cette série m’a confronté à des questions inattendues : que faire quand nos certitudes s'effondrent ? Qui sommes-nous quand le monde autour de nous ne fait plus sens ?
Le point de départ a tout d’un rêve absurde : un flic de 2006 qui se réveille en 1973 après un accident. Mais derrière ce pitch presque léger se cache une série redoutablement intelligente. Elle prend le spectateur à revers, en l’invitant à s’interroger autant qu’à enquêter. Et moi, je me suis surpris à douter, à chercher des repères, comme Sam Tyler. Était-il dans le coma ? Mort ? Fou ? Ce flou m’a happé – parce qu’il est au fond profondément humain.
Ce que j’ai adoré, c’est le duel entre Sam Tyler, flic moderne, et Gene Hunt, incarnation musclée d’un passé sans filtre. Deux visions du monde qui s’affrontent sans manichéisme. Leurs échanges, souvent drôles, parfois durs, m’ont toujours semblé justes. Parce que derrière les punchlines, la série parle d’éthique, de changement, de ce qu’on sacrifie ou protège avec le progrès.
La réalisation est sobre mais impeccable : tout sonne juste, de la lumière sépia jusqu’à la bande-son, véritable madeleine sonore qui m’a souvent donné des frissons. Et puis il y a cette fin. Ambiguë. Déconcertante. Certains y verront une pirouette, moi j’y ai vu un vertige, une forme de poésie presque mélancolique.
Life on Mars, c’est une série qui a l’intelligence de ne pas tout expliquer. Une série qui m’a touché parce qu’elle ose le doute, parce qu’elle raconte un homme perdu entre deux mondes – et qu’au fond, on l’est tous un peu.