C'était chiant. Y a pas à dire ça ne vaut pas "Columbo" ou "Derrick" ; dans ces séries, l'intrigue était bouclée en un épisode, hop, on ne tourne pas autour du pot. J'ai vraiment du mal avec les séries, cette volonté de raconter une histoire en 10h... rares sont les récits qui peuvent vraiment tenir debout face à un tel régime...
Parce que bon, ici, ça ne tient pas. Les auteurs multiplient les sous-intrigues, convient des personnages secondaires qui disparaissent, lancent des pistes de sous-thématiques pour ne rien en faire... Pire, cette thématique de la transformation, bien qu'elle prenne 10h, n'est pas vraiment crédible : d'un coup (à l'épisode 5), le héros devient un petit caïd manipulateur alors que jusque là il chiait dans son froc. dès qu'on le regardait de travers. C'est aussi à ce moment là qu'on nous révèle qu'il n'était pas si sage... alors pourquoi mentir au spectateur et faire croire qu'il était fayot ? Si on l'avait découvert comme tel selon un autre point de vue, ça aurait été compréhensible, mais ici on adopte bel et bien son point de vue... cette évolution mêlée à ces révélations n'ont aucun sens, c'est juste trop facile pour relancer une intrigue qui s'enlisait déjà.
Et puis c'est long, mais long. Le premier épisode est un calvaire. Le seconda passe mieux, le troisième aussi mais on sent déjà une baisse de régime. C'est normal, l'intrigue est mince, les personnages peu exploités, du coup il ne se passe rien de très intéressant. On va alors s'attarder sur les problèmes d'eczéma qui amènent un peu d'humour, c'est vrai, mais c'est trop étiré. Tout comme bon nombre de sous-intrigues ne servent pas à grand chose si ce n'est justifier les 8 épisodes d'une heure... Le pire, c'est arrivé au procès, où chacun met des plombes à répondre à des questions, à répéter les mêmes choses... pour aboutir à quoi ? franchement, cette fin, pour faire ça, pour en arriver là je regarde juste "Le prophète" et "12 angry men", l'expérience est nettement plus savoureuse. parce que dans "Le prophète" au moins, l'évolution de la petite frappe est nettement plus crédible et dans "12 angry men" on arrive à cette conclusion sans trop perdre de temps.
Autre problème d'écriture, les nombreuses fausses pistes. Certains épisodes se terminent en laissant l'impression qu'on a trouvé le vrai meurtrier. Une fois ça va, trois fois c'est lourd... surtout si c'est pour n'en rien faire dans les épisodes suivants. De plus, toute la procédure au tribunal ne tient pas la route : les questions qu'ils posent ressemblent plus à des conversations de comptoir, je ne sais même pas pourquoi l'adversaire ne dit pas 'objection' plus souvent, c'est tellement grotesque ce dont ils parlent, leur manière de faire.
Pour en revenir aux personnages, je pense qu'ils ont tous du potentiel amis les auteurs n'en font absolument rien. Le maître de la prison, ex-Omar, ne fout rien à part s'extasier sur sa licorne ; l'avocat mène son enquête, devient une sorte de justicier en un clin d’œil, nourrit son chat, parle avec beaucoup de sagesse, interviewe beaucoup de gens mais au final, que fait-il? pas grand chose ! Il n'y a pas une scène vraiment marquante, je m'attendais à ce que son enquête le mette dans des situations savoureuses mais non, en fait il ne se passe rien. L'avocate star est une salope mais est vite virée ; l'avocate de la défense semblait sympa au début mais finalement elle réfléchit juste, le seul moment où son personnage vit, c'est lorsqu'elle dit qu'on a plus d preuves contre X... la jeune avocate est dans une situation intéressante mais son évolution n'est absolument pas crédible et cette situation n'est au final que très peu exploitée. En fait c'est ça, il manque de vraies situations, les personnages papotent, on découvre des trucs, on n'est jamais sûr de rien mais rien ne sort vraiment du lot. À mon avis, la seule chose qui me restera en tête dans quelques mois, ce sont les pieds de John.
John joue bien. Son personnage est peu intéressant au final mais je comprends que ça l'ait intéressé dans un premier temps : un 'lépreux' loser qui tente de percer car il était au bon endroit au bon moment... dommage que par la suite ça devienne si faible, mais bon il fait du bon boulot. les autres aussi d'ailleurs, dans un style réaliste, ou presque... parce que bon, les taulards en prion, par contre c'était un peu de la série B.
La mise en scène est digne d'une série, évidemment, ça ne bouge pas beaucoup, si bien que dès qu'on a un mouvement un peu plus ambitieux, ça saute aux yeux. M'enfin, c'est quand même soigné, on a parfois une lumière intéressante, des cadres bien composés. Les décors sont un peu faibles par contre : cette prison est très pauvre visuellement parlant, on n'en voit pas beaucoup de pièces, on les relie mal entre elles.
Au niveau du découpage et de la gestion de l'espace j'ai été abasourdi par la scène de la mule... comment peut-on croire en cette scène où, en plein milieu de la pièce (j'exagère à peine), cette mère qui rend visite se fourre un doigt dans sa poche naturelle pour en retirer quelques petits sachets sans se faire remarquer ??? Ensuite elle les donne à son dominé de fils qui arrive à les refiler dans les mains du héros sans que personne ne s'aperçoive de rien alors qu'il est escorté par des flics et que juste avant son passage, le héros se met dans une position plutôt suspecte... Après quoi, le héros le fourre en bouche toujours dans la plus grande discrétion... c'est tellement ridicule... je pense que Omar pourrait faire passer facilement des flingues avec un tel niveau de surveillance. Ou bien les flics sont de mèche et dans ce cas je ne comprends pas l'intérêt de faire semblant de rien... M'enfin, cette mère de famille je l'ai trouvée sexy, j'aurais bien voulu récupérer les sachets après qu'ils soient restés précieusement cachés en elle.
Bref, j'ai pas vraiment accroché. La mise en scène sauve un peu les pots, il y a quelques petits bouts de scènes sympas, quelques blagues amusantes, un Turturro qui fait ce qu'il peut mais globalement c'est beaucoup trop long pour ce que ça raconte.