Quand Twin Peaks débarque en 1990, c’est une comète télévisuelle qui brûle les repères du petit écran. Une série policière ? Oui, mais contaminée par le grotesque, l’ésotérique et l’inconscient américain. Une chronique de bourgade ? Aussi, mais où le Mal circule dans les murs, où la mémoire se déchire, où chaque visage souriant dissimule une abîme.
Et puis Laura Palmer. Pas une victime, une icône. Une cicatrice collective. L’adolescente sacrifiée sur l’autel de l’hypocrisie, du patriarcat et des faux-semblants. Le cœur battant de Twin Peaks, c’est la douleur des disparues qu’on préfère oublier, et l’obsession de les faire taire.
Avec The Return (2017), Lynch pousse tout à l’extrême :
- Le temps s’étire, se répète, se fracasse.
- Les séquences deviennent des totems hypnotiques.
- Le récit n’explique plus : il hante.
On passe de la série culte à l’œuvre totale, radicale, refusant toute clôture, tout confort narratif. Un poème télévisuel de 18 heures sur le deuil, la mémoire, le rêve, l’effondrement du monde.
Pourquoi 9/10 ?
Parce que rien d’autre ne lui ressemble.
Parce que Twin Peaks a ouvert les portes de la télévision à l’expérimentation pure, à l’émotion brute, à l’inquiétante étrangeté.
Parce que c’est une série sur l’Amérique, sur la violence qu’elle nie, sur les fantômes qu’elle enterre, et que David Lynch les fait tous parler.