C'est le meilleur Blockbuster que j'ai vu ces dernières années. Peut être depuis Top Gun Maverick. Coincidence ? Le réalisateur Joseph Kosinski récupère les thématiques de son précédent film qui a "sauvé Hollywood" : Musique rock des années 70, retour du vieux briscard qui n'a rien à faire là, charisme intemporel d'un type qui a pourtant 60 ans, comportement solo du sauveur judéo chrétien, tout est là. Et çà marche !
Le scénario :
F1 est un blockbuster au scénario tout à fait classique qui suit l'arc de tous les films sur le sport : exposition charismatique, équipe de bras cassés, début prometteur en musique, avant l'accident traumatique, la love story, et le retour en fanfare. C'est simple, dès les cinq premières minutes on sait tout ce qui va se passer dans le film. Et pourtant je ne me suis pas ennuyé une seconde.
L'action, le son :
On va voir un Blockbuster pour en prendre plein la gueule et les oreilles au cinéma. Et c'est ici que F1 se distingue de ce qu'Hollywood (surtout Disney) nous a donné ces dernières années. F1 est le film de course motorisée qui se concentre le plus sur la course elle même. On voit 8 GP dans le film, et au moins 5 courses complètes. Plus les entrainements. Sur 2h36 de film, le ressenti est de passer 2h dans la voiture. Il y a un vrai intérêt à voir le film au cinéma, pour l'ambiance sonore et ressentir les virages. La BO participe au charisme global du film et des acteurs.
Un autre niveau d'écriture ?
Si F1 fonctionne, c'est parce qu'une fois dépassé les rares poncifs du blockbuster, au coeur de chaque course, le film se concentre sur ce qui fait le sel du sport : la stratégie, les règles techniques, le fait de gagner ou de perdre sur le fil et les rivalités personnelles. Et çà marche ! Je ne suis pas un grand connaisseur de F1, et je me demande si ce versant a fonctionné pour les spécialistes qui ont du voir des choses abracadabrantes, mais en tant que fan de sport, on ne peut pas être indifférent. En fait, F1 en film, c'est comme vivre en accéléré une saison abracadabrante et extraordinaire de Formule 1.
Ce qui ne fonctionne pas : le fond :
Le seul échec du film est sa morale, qui traite de "vent, de bruit" le jeu médiatique, de sponsors et de réseaux sociaux autour des superstars qui jouent leur vie à chaque virage. La critique du capitalisme est très cynique pour deux secteurs (la F1 comme Hollywood) qui ne vivent que de ce bruit. Le tunnel de publicités partenaires avant le début du film, les milliers d'interviews des acteurs de la F1 ces dernières semaines ne fait qu'accentuer cette impression d'être un peu pris pour un pigeon. Étrangement, j'ai avalé ce seul écueil sans trop de problème. Après tout, si je suis au cinéma c'est que le capitalisme a gagné, non ?
F1 est une ode à Brad Pitt, et donc un film que je ne pouvait pas ne pas aimer. Avec une histoire classique mais qui fonctionne (pourquoi chercher autre chose ?) une vraie progression technique qui permet des scènes d'anthologie (qu'on aime ou pas la F1), le film se concentre sur ce qu'on aime dans le sport : l'énergie, le frisson et la vitesse.