Déjà à la barre de deux succès spectaculaires, Tron et Top Gun Maverick, Kosinski propose cette fois un projet au titre minimaliste, à tel point que la distribution française y a accolé un très vilain « le film » et un plus moche encore ®. Si les deux films cités sentaient le vintage, on se rend compte que ce n’était probablement pas un hasard.
Sonny Hayes est un ex-jeune prodige de la course automobile. Il a aujourd’hui passé l’âge des grands prix et de pavaner sur TikTok mais son ancien coéquipier de l’époque, aujourd’hui patron d’une écurie de F1 en galère, fait appel à lui pour sauver l’entreprise et jouer son va-tout. Le vétéran va devoir se faire une place dans un nouveau monde qui ne veut pas vraiment de lui et de ses plans de combinard.
Ce film, vous l’avez déjà vu. Si si ! C’était il y a longtemps, dans les années 1980. Rappelez-vous, il y avait une compétition sportive, un héros outsider, de nombreuses séquences commentées comme à la télé, un jeune protagoniste au passé douloureux, des gros plans sur des regards déterminés et de la testostérone à revendre. Si ce synopsis vous semble familier, c’est normal, surtout si vous avez 40 ans passés. Derrière la vitrine aguicheuse de tout ça, le film est surtout un hommage à un cinéma d’antan. Notre héros n’est cette fois pas un jeune premier ou un jeune à problème. C’est un vieux, un spectateur du cinéma des années 1980. Il regarde le monde avec un certain rejet et la roublardise de celui à qui on la fait pas car ce qu’il a perdu en souplesse, il l’a gagné en … maturité ? Sagesse ? Intuition ? Ce Brad Pitt de 2025, il est exactement l’ancien jeune premier, celui qui aurait pu jouer le rôle du minot si ce film avait été tourné dans la fin années 1980. Il dit tout du spectateur visé par l’entreprise. Ni vraiment Redford et certainement pas Cruise, il semble devenir le personnage de Cliff Booth chez Tarantino. Il balade sa beauté nonchalante et sûrement un peu retouchée avec la classe qu’on lui connaît, l’air d’en avoir plus grand-chose à faire car il n’a plus rien à prouver. Dans le film, tout bouge autour de lui mais lui ne s’agite pas, il sait. Peut-être que le film est dès lors moins sur la F1 que sur Brad Pitt ou sur le temps qui passe. De la même manière que Top Gun Maverick était un commentaire sociétal et artistique.
Mais au-delà de ces considérations, j’ai appris beaucoup sur l’univers de la F1 dont je me fous royalement d’ordinaire et surtout, j'ai (enfin) compris la logique d’un grand prix. Le suspens fonctionne à plein et les sensations de ce cinéma révolu sont bien là. On ne voit pas les 2 h 30 passer dans ce tourbillon d’images filmées au ras du sol et rendant autant hommage aux pilotes, qu’au staff technique, qu’aux ingénieurs dans leur bureau d’étude. On appréciera aussi des personnages un peu plus épais qu’attendu. Au rayon des regrets, on notera une photo parfois sans âme, trop propre, presque vide. On pourra toujours se dire que la vacuité va bien à l’époque et que c’est donc volontaire mais ça nuit au charme de l’ensemble.
Bref, de cette curieuse idée sort un film efficace, jamais chiant, offrant plusieurs grilles de lecture et un hommage de plus à un cinéma punchy d’un autre temps. Si vous vous sentez appartenir à ce temps-là, essayez donc.
>>> La scène qu’on retiendra ? Aucune en particulier, juste l’adrénaline de la course.