L'Espion
6.3
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Film de Russell Rouse (1952)

Voilà un polar atypique par sa forme. En effet, 'The Thief' est un film muet, aucun dialogue n'est prononcé de tout le film. Imaginez donc ce que cela implique comme travail de l'image, du son, et bien sûr le jeu d'acteur. Imaginez aussi le scénario...

Car c'est bien dans le scénario qu'on pourra faire les principaux reproches ; il résulte comme un goût de trop peu à la fin du film, comme si l'auteur aurait pu aller plus loin dans son jeu de piste. Ca reste tout de même bien élaboré pour du muet, bien sûr, mais certaines scènes auraient pu être approfondies.

Sur la forme, Russel Rouse se débrouille très bien. Son découpage est fluide et compréhensible d'emblée ; c'est sûr que pour faire passer les choses il doit vraiment montrer. N'empêche que certaines scènes sont tout de même maladroites au point de décrédibiliser un peu les agents. Mais bon ça passe quand même. Pour rvenir au découpage, on pourra saluer la variation des plans, le réalisateur n'hésitant pas à faire des très gros plans pour bien faire passer l'idée, ce qui rythme plutôt bien le film. Les mouvements de caméra sont aussi finement pensés, et l'on a même droit à de la caméra épaule, ce qui est rare à l'époque vu le point des caméras. En plus, le tout est ponctué d'une photographie assez bien travaillée en terme de composition, de gestion de noir et blanc.

Le son est plutôt bien travaillé aussi car, s'il n'y a pas de dialogues, ça veut dire que les bruits d'ambiance doivent être irréprochables et que la musique ne doit laisser place à aucun doute quant à sa signification. Côté montage, je regrette que le réalisateur ait si souvent cédé au fondu (le fondu est un artifice que je supporte difficilement) alors qu'il aurait été plus efficace d'avoir recours au traditionnel cut.

Enfin les acteurs sont bons. Evidemment ils doivent tout exagérer, mais on ressent la volonté de faire un film presque normal, du coup les acteurs en font beaucoup mais pas autant que dans les films muets d'antan. Et puis ben tout fonctionne assez bien.

Il faut aussi noter que Russel Raoul est un petit coquin qui s'amuse avec nous à propos de savoir si oui ou non ce film est muet ; c'est-à-dire que plusieurs fois le téléphone sonne au début, ce qui crée l'attente de la part du spectateur que le personnage parle au combinet. Amusant.

Bref, 'The Thief' est un film surtout intéressant pour la forme. Le scénario n'est pas inintéressant, mais on sent que l'auteur s'est retrouvé bloqué par le concept pour étoffer son intrigue. Peut-être était-ce aussi parce qu'il craignait que son public ne comprenne pas le film? En tous cas, ça reste un bon divertissement.
Fatpooper
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le 12 juin 2013

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