Lorsqu’au bout de plus d’un quart d’heure, Ray Milland solitaire se sert un verre d’alcool, je me souviens du Lost Weekend, sorti sept ans avant.
Mais jusque là, j’ai eu surtout l’impression de voir la suite logique d’une tendance amorcée dès le début de la Guerre Froide avec Le Troisième Homme, à savoir quelque chose qui est au film d’espions ce que Le Samouraï de Melville sera plus tard au film policier : aucune parole n’a été dite et la caméra ne quitte pas les faits et gestes méticuleux du personnage principal.
Sauf que ça dure. Résultat : musique omniprésente. Jusqu’au bout ? Je garde le silence. Comme un espion.
Un espion a une vie qui n’a rien à voir avec un film de James Bond, ça, on le savait déjà. Mais là, on est plus loin pour l’acteur principal du magistral Espions Sur La Tamise que du Lost Weekend déjà cité, les deux films n’ayant d’ailleurs qu’un an d’écart.
Ici, la tentation n’est pas l’alcool mais la voisine d’en face, une qui, dans la Gam des Rita, me fait bien plus d’effet que la Hayworth.
Et comme il est très difficile, quand on est cinéphile, de ne pas avoir de références, quand notre homme grimpe tout en haut de l’Empire State Building, on croit se retrouver au sommet de la Statue de la Liberté dans le Cinquième Colonne du père Hitchcock dix ans plis tôt.
Mais la fin n’est pas la même et à la performance de l’acteur, elle ajoute l’originalité du scénario, je ne vous en dis pas plus.