Le générique démarre, et déjà t’es ailleurs. Ce sifflement, ces tambours, cette poussière jaune qui s’élève lentement. Tu sais que tu vas rester collé à ton siège. The Good, the Bad and the Ugly, c’est pas une histoire, c’est une ambiance. Une chaleur qui colle, des regards qui durent trop longtemps, un monde où la morale a cramé depuis longtemps.
Blondie, Angel Eyes, Tuco. Trois types, trois façons de survivre. Pas de gentils, pas de méchants, juste des mecs qui veulent sortir de la boue avec un sac d’or sur le dos. Et dans ce désert, tout le monde trahit tout le monde, mais jamais sans style. Quand Tuco crache son “When you have to shoot, shoot. Don’t talk.”, t’as l’impression qu’il parle à tous les bavards du monde. Ici, la parole vaut moins qu’une balle.
Leone ne filme pas une aventure, il filme des visages. Des yeux plissés, des rides pleines de poussière, des gueules qu’on n’oublie pas. Pas besoin de dialogues, tout est dans les regards, dans le souffle du vent, dans le tempo de Morricone qui monte et redescend comme un cœur qu’on malmène. À chaque duel, tu retiens ton souffle sans même t’en rendre compte.
Tuco, c’est la crasse et la vie. Il gueule, il pleure, il rit, il trahit mais c’est le seul qui ait encore un peu d’âme. Blondie, lui, reste droit, froid, mais pas vide. Quand il lâche “You see, in this world there’s two kinds of people, my friend: those with loaded guns, and those who dig. You dig.”, t’as tout compris du Far West : soit tu tiens le flingue, soit tu creuses ta tombe.
Et puis il y a ce final. Ce cercle de pierres, trois hommes, trois paires d’yeux, le monde qui s’arrête de tourner. La musique siffle, les doigts tremblent, les secondes s’étirent jusqu’à la limite. Every gun makes its own tune. Et celle-là, tu la reconnaîtras à la première note, même des années plus tard.
Pas besoin de philosophie ou de symbole caché : c’est juste du cinéma qui transpire la tension, la sueur et le génie. Trois heures où tu sens la poussière dans tes dents et le soleil dans tes yeux. Tu ressors pas avec des grandes réflexions, juste avec un sourire et cette envie de te reregarder toute la trilogie, parce que ce monde-là, tu veux pas vraiment le quitter.