Le patriarche, le truand et le commissaire

Roger Sartet (Alain Delon), jeune truand ambitieux récemment évadé, s'associe avec le chef d'une famille mafieuse sicilienne, Vittorio Manalese (Jean Gabin), pour mettre en place un vol de bijoux. Tout cela en étant poursuivi par le tenace commissaire Alain Le Goff (Lino Ventura)...

Après la déception commerciale de "San Sebastian" (à peine plus de 800 000 entrées : Verneuil était habitué à dépasser aisément le million d'entrées) , le cinéaste voulut recréer le duo Gabin/Delon qui avait si bien fonctionné dans "Mélodie en sous sol".

Il adapte le roman d'Auguste Le Breton avec José Giovanni.

Pour rendre le projet encore plus attractif , il veut Lino Ventura avec qui il avait déjà travaillé (100 000 dollars au soleil) et qui connaissait bien Delon (Les aventuriers de Enrico) et Gabin (Touchez pas au grisbi, Razzia sur la schnouff, Le rouge est mis).

Un des points fort du film est qu'aucune des 3 stars ne cherche à éclipser ses partenaires. Ils se mettent au service du long métrage . Et puis faut dire qu'il y a un grand respect entre ses 3 acteurs.

En parlant de respect, c'est ce que l'on peut voir entre le commissaire et le patriarche ce qui donne un côté "melvillien" à ce film.

Les 3 stars sont, sans grande surprise, excellents. 3 monstres de charisme (manquait plus que Bébel et Blier !).

Verneuil montre une nouvelle fois ses qualités de technicien en multipliant les scènes d'anthologie : SPOIL l'évasion de Delon du fourgon, la scène de l'hôtel (Verneuil en fera une autre du même genre dans "Peur sur la ville"), celle de l'aéroport ou bien sur le final.

Impossible de ne pas évoquer la musique de Morricone qui travailla souvent avec le cinéaste. Il signe une superbe musique qui n'a rien à envier à celles des western de Leone !

Si la critique fut mitigée à sa sortie, il récoltera un énorme succès avec 4 millions 800 000 entrées (il en fera autant en Italie, Delon étant une grande star dans ce pays ). Depuis il fit réhabilité par les critiques une fois encore. Un cinéaste comme William Friedkin adorait ce polar . Et puis un cinéaste comme Fred Cavayé lui rendit hommage dans "A bout portant" : le personnage joué par Roschdy Zem se nomme Sartet comme celui de Delon.

Un incontournable du polar français !