Voilà deux fois cette année que je me surprends à apprécier un film pour des raisons qui d'abord m'échappent. A l'instar de certains "vieux" films (à la tonalité bien plus jeune que nombre de productions actuelles) dont on aime tellement l'ambiance, l'esprit, l'époque et les acteurs qu'on est prêt à en oublier les quelques défauts réels, on peut entrer dans ce Seul sur Mars avec un plaisir d'autant plus inattendu que presque tout, de l'affiche au thème, jusqu'aux dernières sorties de son réalisateur jadis tant chéri, nous préparait au pire.


Une fois sorti de la salle, au moment du bilan, les points objectifs pour faire pencher la balance du bon côté sont pourtant maigres. Peu de surprises, pas de suspens, un humour planplan, une 3D trop fugacement immersive, et une ou deux ficelles scénaristique finales dignes des gros bousins qu'on avait poliment malaimé il y a pas si longtemps.
Mais quelque chose, quelque part, fonctionne.


Bien sûr, comme dans le cas du dernier Guy Ritchie (l'autre surprise de ce type cette année, donc), il flotte sur l'ensemble une certaine légèreté qui ôte cette chape de plombs qui recouvre tant de tentatives récentes en matière de SF réaliste. Elle est due entre autres à des personnages secondaires qui, s'ils restent survolés comme dans tant de productions récentes, n'en gardent pas moins une certaine cohérence minimale qui ne les réduit pas à de simples stéréotypes (je sais que tu ne seras pas d'accord avec moi sur ce point, Drélium).


En fait cette légèreté, cet esprit aventures old-school, est essentiellement due à une chose.
Il y a dans The Martian une certaine maitrise du rythme de la part de Scott qui allège les pesanteurs et souligne les petites réussites du métrage (et cette fois, c'est Blig que je froisse).
Tempo agréable dans les rebondissements de l'intrigue, chronologie agréable sur les conséquences des décisions des uns et des autres, mesure adaptée sur le temps consacré aux différents passages obligés de l'histoire. C'est ainsi que, par exemple, si on échappe pas aux habituelles scènes de liesses finales (merde, j'ai donné un gros indice, là) absolument inutiles et grotesques de ce genre d'entreprise, elles sont rapidement évacuées pour permettre de laisser plus de place à d'autres moments, plus agréables.


Si presque chaque séquence est marquée par une borne temporelle, ce n'est finalement pas un hasard. Car voilà un calcul sans doute pas complètement scientifique que Ridley et sa propre équipe de la NASA (Nécéssaire Agglomération de Narrateurs Assermentés) ont parfaitement exécuté.


Et si nous devions ne retenir qu'une chose de cet agréable épisode spatial, c'est que Scott est capable, l'espace de quelques secondes, de nous rappeler quel réalisateur foudroyant il fut, en magnifiant la beauté de son actrice principale, si régulièrement malmenée ces derniers temps par des tâcherons moins inspirés.
Et rien que pour ça.

guyness

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